Elle était enfin dans sa région. Après plusieurs semaines d’une expédition infructueuse, Kaneko rentrait enfin chez elle. La forêt lui avait manqué, surtout qu’elle appréciait le paysage hivernal que dégageait l’endroit. Elle repérait ici et là des traces… Sans doute des créatures habitant les alentours. Rien de bien dangereux pour une personne habituée à vivre ici depuis des années. Elle avait profité de l’occasion pour chasser de quoi manger pour ce soir. Ce sera du lapin. Toute proie plus grosse aurait été une galère à ramener, tant elle était las de son voyage. C’était une opportunité rare pour elle de partir en dehors des frontières de Konoha. Il faut dire que le village ne s’intéresse que peu aux anciennes civilisations, sans compter ces dernières années qui fut… Houleuses. Elle était partie peu de temps après l’élection de Chikara Heiwa au poste de dono. Secrètement, elle espérait qu’elle relancerait la curiosité du village sur les origines du monde. D’habitude, elle se serait dite cette pensée à voix haute, elle qui avait l’habitude de parler tout haut, histoire d’avoir une voix à entendre. Mais la fatigue ne lui donnait pas envie d’utiliser ses cordes vocales aujourd’hui.
Elle arrivait bientôt à sa maison, une cabane construite de ses mains, figée à plusieurs mètres au-dessus du sol, dans un arbre aux branches épaisses. Au pied de l’arbre se trouvait quelques petites structures de bois, faits de branchages et buissons. Deux tas de pierres distincts y étaient abrités, l’un foncièrement plus grands que l’autre. Ces pierres avaient pour la plupart une forme de brique. Kaneko s’approchait du plus grand tas, avant de sortir une pierre de son sac à dos et de soupirer. Elle posa soigneusement la pierre, agrandissant le mur de briques délabrés. Chacune des pierres de ces deux murs représentait un voyage, une expédition faite avec l’espoir d’étancher sa soif de curiosité. Le plus grand mur représentait ses expéditions sans réponse, tandis que la ligne de briques posée au sol à côté représentait ses voyages dignes d’intérêt.
Elle faisait face au tronc supportant sa demeure. Elle ne s’était pas embêtée à faire des escaliers, ou de mettre une corde. À la place, elle se mise en position pour une dernière course. Cela l’ennuyait à chaque fois, et à chaque fois elle se promettait d’installer de quoi monter plus facilement, mais elle oubliait aussitôt cette promesse à chaque fois qu’elle montait le tronc à la verticale. C’est la plante des pieds remplis de chakra qu’elle courait sur le tronc. Elle monta cinq mètres, dix mètres, quinze mètres, avant de sauter et d’atterrir sur une branche adjacente qui menait à l’entrée de sa maison. C’était un chemin qu’elle ne pouvait plus louper, après l’avoir usé tant de fois.
L’intérieur semblait spartiate au premier abord, mais en regardant plus attentivement, on pouvait y voir de nombreuses petites décorations, souvenirs d’endroits disparus. Des glyphes par-ci, des bijoux anciens par-là. Ces bibelots n’avaient pas vraiment de valeurs marchandes au vu de leur état, mais ils étaient peut-être les derniers vestiges de temps oubliés. Aussi, elle se tenait à cœur de les garder. Des bouts de tissus arrachés, maintenant délavés par les ères, trônait sur les murs, avec des formes incomplètes de cuir dont l’utilité était inconnue. Elle aimait sa pièce-maison. Elle jetait rapidement un coup d’œil dans la pièce, elle s’assurera que rien n'était abîmé par le climat plus tard. Elle posait lourdement son sac à dos, qui fit grincer une planche, ainsi que son arc et sa lance de toujours. Le bruit des bijoux et autres ornements rustiques qu'elle portait laissait un tintement à chacun de ses pas lourds. Son lit l’attirait… Elle avait besoin de s’allonger. Elle dégageait la couverture pleine de poussière avant de s’étaler lourdement sur le lit, les bras écartés de chaque côté. Elle ne prenait même pas la peine d'enlever ses bottes.
« Encore des ruines… Enfin, vraiment des ruines je veux dire. Pas un pot, pas une statuette, pas un rouleau, rien. Juste des pauvres fondations de bâtiment. T’y crois ça, clic-clac ? »
Le toucan la regardait, posé sur son perchoir attitré. Il secouait sa tête de gauche à droite, attendant potentiellement une possible friandise. Il se fichait du reste. Kaneko lui tendait le doigt pour le caresser, alors qu’il commençait à picoter doucement l’index qui tentait de le toucher. Elle lâchait un puissant soupir qui eut pour effet de relaxer chacun de ses muscles. Elle sentait ses jambes se détendre de la dure journée endurée. Elle fermait les yeux un moment, laissant le bruit de la nature résonner en elle. Elle espérait que ce moment dure plus longtemps, sans savoir qu’une personne approchait de sa propriété.