Une année d'errance de plus.

Trois années déjà… Une chose était certaine, le temps défilait à une vitesse inimaginable. C’est la réflexion que la jeune femme se faisait. Le regard plongé dans les flammes, elle repense à sa vie d’autrefois, quand elle était encore considérée comme une Kirijin. Cette vie là, c’était avant qu’elle ne fuit son village et ses responsabilités. La raison était simple : elle en avait assez de cette guerre interminable avec Kumo. Même si celle-ci n’était devenue que purement politique et que les affrontements avaient cessés, elle n’acceptait toujours pas de voir les membres de son village se faire sacrifier petit à petit. Mais pour autant, elle n’était pas pour l’idée d’aller batailler contre les Hattori. Non, c’était courir au suicide, elle le savait très bien.

Pourtant, elle n’était pas bien différente des autres Kaguya. Fière, sûre d’elle et surtout, une combattante. Mais il y avait bien une chose qui faisait d’elle une «mauvaise » Kaguya : son aspiration à la liberté. Petite déjà, elle n’appréciait pas que l’on te donne des ordres, en fait, elle n’avait jamais acceptée que l’on puisse l’envoyer vers la mort juste pour rendre service et accomplir un soit disant devoir. Non, elle était plus maligne que ça la petite. Elle se rappelle notamment du tournois de l’An 2… Celui-ci n’avait fait que la pousser dans le doute, elle n’avait que 14 ans à l’époque mais pourtant déjà, elle éprouvait une véritable crainte vis à vis des Hattori, pour elle, ils n’étaient que les annonciateurs de la mort, les témoins de la Fin. Elle acceptait leur supériorité, mais arriva un temps ou le village ne voyait pas les choses de la même manière.

Le jour de l’annonce arriva, tout le monde devait se mettre au service de l’armée Kirijin pour aller faire face à l’oppresseur qu’était Kumo. Elle ne perdit pas de temps avant de faire ses bagages pour prendre le strict nécessaire dans un sac à dos. Avec à peine de quoi survivre une semaine, elle décida, une nuit après l’annonce, de déserter Kiri. Il était hors de question de mourir aussi stupidement, elle était une Kaguya, elle savait ce qu’était la force et se soumettait devant elle. Et Kumo représentait parfaitement cette force. Alors cette nuit là, elle quitta le village accompagnée de deux camarades. La fuite ne fut pas de tout repos, ils furent poursuivis un moment avant de se séparer pour brouiller les pistes. Depuis ce moment précis, elle n’entendit plus jamais parler d’eux. S’étaient-ils fait attraper ? Avaient-ils fuis ? Impossible de le savoir, la seule chose sûre désormais c’est qu’elle était seule face à la nature et au monde hostile. Elle allait devoir se débrouiller.

Chose qu’elle fit durant plusieurs années. Sans quoi elle ne serait pas ce soir au coin de feu, au centre de trois arbres qui traînaient au milieu des plaines de Kusa. Trois ans après sa fuite, elle vivait désormais comme une nomade solitaire. Elle chassait par elle même et évitée au possible le contact avec les grandes villes. Mais parfois, l’hiver notamment, elle jouait le rôle d’escorte pour des marchands des villes civiles, ce qui constituait le peu de solde qu’elle gagnait dans l’année, de quoi se nourrir l’hiver, et parfois si une bonne occasion s’était présentée, de refaire le plein de matériel.

Est-ce que cette jeune femme était heureuse de vivre de cette manière ? En un sens, parfaitement. Mais lors de soirée comme celle-ci, elle s’asseyait près du feu, elle se demandait si elle avait fait le bon choix. Elle avait finit par apprendre la nouvelle, Kiri n’était plus. Ses parents étaient-ils encore en vie ? Une bonne question mais qui en vérité n’avait aucun intérêt, probablement essaieraient-ils de la tuer de leur main pour avoir déserter le village au moment où il avait le plus besoin d’elle. Allez savoir… Elle ne se laissait néanmoins pas ronger par le regret, elle était en vie et pouvait explorer le Yuukan à sa guise, vivre de la manière dont elle l’entendait. Elle n’était qu’un insecte au milieu d’un monde grouillant de vie et cela lui convenait parfaitement. Aucune envie d’être une héroïne comme dans les contes pour enfant, encore moins de diriger quoi que ce soit, non. Vivre avec le strict nécessaire, se débrouiller comme elle le pouvait, c’était bien plus exaltant. Rare étaient les moments de repos, généralement ça n’était que le soir avant de dormir, d’un seul œil néanmoins, le danger était partout. La journée passait très vite, elle avait toujours quelque chose à faire, si bien que ces trois dernières années s’étaient déroulées en un clin d’œil.

L’Hiver approchait à nouveau, et avec lui le manque de gibier à chasser. C’était une période assez dure en plus du froid. L’automne touchait à sa fin, les matinées étaient déjà glacées et remplies de brumes. C’est à cet époque de l’année que le monde était le plus hostile. C’est pour cela qu’elle regagnait le sud, il y faisait au moins un poil meilleur qu’ailleurs. Elle veillait néanmoins à ne pas dépasser les frontières, vous, les Kaguya, étiez plutôt mal vu et à raison. Même lors de ses missions d’escorte, les marchands qu’elle servait se méfiaient d’elle. Une chance qu’elle possédait un physique plutôt attirant pour les hommes, c’était bien sa seule carte à jouer dans ce genre de situation, l’on pouvait vite oublier la brutalité à ses côtés, jusqu’à ce qu’elle ait besoin de se battre. Mais quels chances avaient de misérables bandits face à un simple Kaguya ? Elle n’oubliera jamais ce jour, où lorsque ce marchand l’avait vu réduire à néant deux bandits, il a tout simplement fuit en te laissant toutes ses affaires, comme si tu allais le racketter à son tour. Jamais elle n’avait effectué une mission aussi rentable qui lui permis de vivre le meilleur des hivers l’année passée.

Elle n’était qu’à une cinquantaine de kilomètre de la grande cité nommée Tekunoroji. Nombres de caravanes passaient dans le coin, et par la même occasion d’éventuels embauches pour se préparer à l’hiver qui arrivait. Adossée à son arbre, elle replace correctement sa capuche, tandis que ses yeux se ferment petit à petit, surmenée par la fatigue d’une journée accomplie. Établie dans son petit camp de fortune, elle restes tout de même à l’affût d’un quelconque danger, un voleur, un tueur… ou pire encore, ce monde était dangereux pour les voyageurs solitaires, la mort était monnaie courante pour quiconque n’était pas assez prudent ou trop téméraire. Heureusement, la Kaguya n’était pas une cible facile, et si quelqu’un venait s’en prendre à elle, il valait mieux pour lui qu’il y soit bien préparé. Rien n’était plus simple que de tuer un bandit, d’autant plus quand ces derniers n’avait aucun chakra, des cibles faciles, des traqueurs stupides devenant la proie. Mais ils n’étaient le dernier des dangers rôdant dans le Yuukan...