Bouderie sous un ciel étoilé

Le dîner ayant pris fin, tu pris soin de nettoyer et ranger ton assiette dans le placard. Maman était toujours très exigeante dessus. Torse-nu, tu sortis dans le jardin. C'était une fois de plus une nuit chaude d'été au ciel dégagé. Les fenêtres de la maison étaient toutes ouvertes en quête de vent pour rafraîchir l'intérieur. Tu étais fatigué de ta journée à jouer avec Tomoe, mais tu savais que tu ne trouverais pas le sommeil sous cette chaleur. Ainsi, un verre d'eau dans la main, tu t'allonges sur l'herbe et contemples pensif le ciel étoilé. Les nuages se faisaient rares en cette période et ce n'était pas rare que tu venais contempler les petits points lumineux. Tu ignorais ce que c'était, mais mettant tes petites mains devant toi, tu t'amusais à les prendre dans tes doigts. Papa, de son air mélancolique disait souvent que c'était l'âme des anciens et que là-haut il veillait sur nous. Tu ne savais pas si tu devais le croire, mais la thèse était plausible. Quant à maman, bien plus terre-à-terre disait que c'était de vulgaires points jaune pour décorer le ciel. C'était assez drôle de voir les deux opinions qui divisaient papa et maman. Tu ignorais comment ils avaient pu tomber amoureux l'un de l'autre avec un comportement aussi différent. Mais l'amour ça ne s'expliquait pas, il paraissait. Toujours était-il que tu restais ignorant sur la nature de ses étoiles. Les seules étoiles que tu connaissais étaient Shonin et Tomoe. Tu les aimais tellement l'une et l'autre. C'étaient tes seules sources de lumière dans ce monde. Sans elles, tu plongeais dans les ténèbres. Bizarrement, tu ne leur portais pas le même amour. Ce que tu éprouvais pour Tomoe était une amitié très forte qui frôlait l'amour et pour Shonin, c'était l'inverse : de l'amour très fort qui frôlait l'amitié. Les deux ensembles se compléteraient parfaitement, l'adolescente sage et gentille et le garçon manqué un peu foufou.

Hélas, tu doutais que Shonin appréciât Tomoe. Ton amie avait passé la journée à la maison comme vous avez pris l'habitude de faire depuis votre rencontre. Et lorsque cette dernière t'avait proposé d'aller partir à la chasse au fantôme dans un bois, soit disant hanté, Shonin avait fortement refusé en menaçant d'en parler aux parents. Tu avais été un peu déçu de son comportement, mais tu savais qu'elle avait dit ça pour ton bien. Certains bois aux alentours étaient peuplé de sanglier sauvage, et même parfois de loup. Tu ne comptais même plus le nombre de légendes que papa t'avait raconté sur ces bois. Ta curiosité enfantine te demandait d'y aller avec Tomoe, mais l'idée de désobéir à ta sœur t'en empêchait. Depuis que Tomoe avait quitté la maison sous les coups de 18 h 00, tu avais esquivé ta sœur et ne lui avais pas parlé du repas. Tu étais un peu en colère contre elle. Sa décision était justifiée....mais de là à menacer d'en parler aux parents….

Tomoe de son air détaché était alors parti, sans évidemment oublier de faire notre check habituel. Et toi, tu étais maintenant assis dans l'herbe à ruminer. Lorsque tu étais généralement en colère ou triste, tu écrivais des Haiku pour déverser tes sentiments sur une feuille et non sur quelqu'un. Mais là, c'était différent.

Des bruits de pas te firent sursauter. Allongé, tu tournas lentement la tête. C'était Shonin.

De plus de drôle de personnes y rodent et ça ça ne relève pas du surnaturel. Malgré qu'il m'en veut je ne lui en voulais pas de m'ignorer ainsi le reste de la journée. Le temps que je range mes affaires il sort à l'extérieur avec sa copine Tomoe pour lui dire au revoir. Ca me fend le coeur en deux de me disputer avec mon petit frère adorer, mais je veux surtout le porétger de ce qui se passe au-delà de la limite qui nous est imposée. Je lui laisse le temps de calmer sa colère et le rejoindrais plus tard.

Quelques minutes passées, je sors à mon tour pour voir où l'être le plus cher à mes yeux se trouve. Je suis soulagée de voir qu'il est allongé dans l'herbe à écrire des Haïku et lorsque je m'approche, je devine que de discuter avec ne sera pas aisé. Son intonation et ses mots leur démontrent plutôt bien...


Dis-je d'un ton calme et d'une vois douce. Je ne veux pas que la tension monte en crescendo et je tente d'apaiser le conflit.


Je le regarde avec un air compatissant et emplit d'amour, m'asseyant à côté de lui avant de plonger mes yeux dans l'horizon. Le soleil se donne encore en spectacle à ette heure-ci et la chaleur ne s'aménuise pas depuis les quinze heures. Même le vent, cette brise légère ne pointe pas le bout de son nez. Mais très vite je prends cet air mélancolique, posant ma tête sur mes deux genoux, car au fond je m'en veux d'avoir été aussi injuste tout à l'heure. D'une voix bien plus triste je lui demande:

Il semblait que Shonin voulût te parler. Ne comprenait-elle pas que tu n'étais pas d'humeur ? Mais bien que tu étais fâché, tu ne voulais pas détériorer votre relation qui était magique à tes yeux. Alors, d'un hochement de tête et d'une petite grimace, tu l'invitas à prendre la parole.

Les mots qu'elle prononça par la suite te touchèrent, mais voulant te faire un peu désirer, tu préféras garder une mine faussement contrariée. Il était difficile d'en vouloir à ta sœur de s'être inquiété pour toi. Elle n'avait agi que pour ton bien après tout.... Elle avait pensé bien faire et ne demander que ton pardon. De toute façon l'idée d'être fâché avec ton astre lumineux ne te plaisait pas tant que ça.



Ta curiosité avait pris le dessus, tu connaissais l'avis de papa et maman, mais pas celui de Shonin. Tu étais curieux de ce qu'elle allait te répondre. Avait elle la vision terre-à-terre de maman ou l'imagination de papa ?

Te rapprochant de Shonin, tu lui demandas gentiment :


Tu attendis quelques secondes avant qu'elle ne te réponde puis regardant une nouvelle fois le ciel étoilé, tu lui dis :

Je toussotes légèrement pour dégager mes cordes vocales et ainsi expliquer du mieux que je le puisses. Pour le moment le ciel s'assombrit légèrement et quelques étoiles brillent enfin d'un faible éclat.


Je me laisse interrompre dans mon explication par mon étoile à moi.


Je le laisse s'installer confortablement sur mes cuisses avant de déposer ma main et d'ébouriffer ses cheveux en jouant de mes doigts. Je le vois scruter le ciel avant de l'entendre me poser la question de comment papa et maman se sont rencontrés avec un caractère si opposé ? Je ris de bon coeur à sa question, car j'ignorais tout simplement que ça pouvait le travailler autant !


Quel lieu calme et reposant. La chaleur du soleil est moindre ce qui fait pas mal de bien pour sentir un peu de "fraicheur" et encore le mot est ambitieux.

Shonin avait accepté de te dire ce qu'étaient ses points jaunes pour elle. Tu tendis alors les oreilles curieux de connaître son point de vu.
L'écoutant tu ne pus que constater qu'elle était aussi imaginatif que papa. "Des boules d'énergie pour nous éclairer et qui possèdent une âme ?". Cela te paraissait un peu absurde, mais cela étant dit, tu trouvais cela beau. Prenant ton petit carnet, tu écrivis de tes petites mains ses explications.



Déposant ton cahier sur l'herbe, tu rejoins enjoué ta sœur, te servant de ses cuisses comme oreiller, tu sens ses doux doigts caresser tes noirs cheveux. Tu aurais bien dormi ici si la réponse de Shonin ne t'avait pas éveillé.



L'idée qu'elle puisse partager son amour autre que chez-toi, maman et papa te rendrait jaloux. Alors, croisant discrètement les doigts, tu espérais qu'elle te dise non. Tu savais que beaucoup d'enfants et d'adolescents étaient amoureux de Shonin, sa gentillesse et sa beauté faisait d'elle une personne désirée dans les plaines de Hana. Qu'elle ait un amoureux, ne serait même pas étonnant à vrai dire...mais tu continuais à y croire alors croisant discrètement les doigts, tu espérais qu'elle te dise non.

Viens à elle de te poser une question. Une question assez enfantine que tout parent demandaient un jour ou tard à son enfant. Mais là, ce n'était pas papa ou maman, mais Shonin. Preuve même de la maturité qui résidait en elle à seulement 14 ans. Fatigué, mais aussi pour réfléchir, tu fermas les yeux. Tu ne les rouvris qu'après quelques secondes d'intenses réflexions.



Tu rigolas doucement puis tu retournas la question à ta sœur.

Je ris amusée de la question que me poses Naoki. Un amoureux ? Pour le projet de mes rêves ? Impossible. Et puis les garçons ne m'attirent absolument pas, ce serait une perte de temps.


Ma question est simplette, mais suffit à savoir ce que mon petit frère chéri pense. Il est encore jeune et lorsqu'il grandira, ses pensées seront tout autre. En attendant d'écouter sa réponse, je m'amuses encore avec ses cheveux et observe le ciel songeuse pour l'avenir. Très vite je regarde l'enfant en souriant et ajoutant:


Ce me rend un peu triste de le lui dire comme ça, mais au fond de moi-même je ne veux pas vivre enfermer dans des limites qui en plus, ne nous protégerons pas réellement du danger.


J'espère qu'il ne m'en veut pas. Il est si jeune encore qu'il ne comprendra pas forcément pourquoi je voudrais m'en aller d'un endroit aussi paradisiaque comme il le disait plus tôt.

Quel soulagement d'apprendre que Shonin n'a pas d'amoureux ! Tu ne l'aurais pas supporté sinon. Partager l'amour de Shonin avec un inconnu était inimaginable à tes yeux. Alors poussant un long soupire, tu ne peux que lâcher un petit sourire ravi.



Le sourire tracé sur ton visage, disparaît bien vite en écoutant les prochaines phrases de ta sœur. Cette dernière voulait partir du foyer familiale sous prétexte que la curiosité l'en poussait. Tu étais à la fois triste de cette nouvelle, mais aussi en colère. Que disait-elle ?! Te dérobant des mains de Shonin, tu la regardas, stupéfiais.



Ta colère laissa place à une profonde tristesse.


Comment de simple phrase prononcés avaient pu te mettre dans cet état ? L'idée de ne plus voir Shonin un jour te rendait-il malheureux à ce point ? La réponse était oui. Shonin était tout ce que tu avais dans ta vie avec Tomoe. Sans elle, tu n'étais rien. C'était elle qui t'avait appris à gagner confiance en toi, c'était elle qui t'avait fait rencontrer Tomoe.... Pourquoi fallait-elle qu'elle te quitte ? Ne valais-tu rien à ses yeux ? Que lui avais tu apporter toi, Naoki ? Rien. Elle pouvait se passer de toi, tu ne pouvais pas te passer d'elle. Alors dans un élan de désespoir, tu lui dis, les larmes aux yeux.



Peut-être que Shonin ne disait ça que sur un coup de tête et que les années suivantes lui feraient changer d'avis. Mais au fond de toi, tu savais que tôt ou tard elle quitterai le foyer…

Et comme je m'en doutais, Naoki ne tardait pas à imploser. Face à toute sa colère et sa tristesse, je ne sais pas quoi répondre sur le moment. J'ai honte de lui faire tant de mal, peut-être que ce n'est pas le bon moment pour lui parler de tout ça encore. Ca me fait beaucoup de peine de lui faire du mal et je m'en veux énormément. Je joins mes deux mains sur ma poitrine comme si je faisais ma prière du soir, pour que tout aille pour le mieux, la tête basse et déçue de moi-même. J'esquisse tout de même un sourire triste avant de tenter d'apaiser mon adorable petit frère.


Une petite larme coule le long de ma joue de droite et je finis par me lever scrutant à nouveau le ciel. Je tends la main à ma petite étoile et espère que ce dernier la prenne.


Je veux me faire pardonner auprès de lui. De plus, je n'aime pas les conflits, plus particulièrement nos conflits. Je sens le chagrin monter en moi et cela me donne envie de pleurer.


Est-ce que partir dans cette forêt "hantée" me permettrai de le revoir sourire ? Et pourtant, j'ai l'impression de jouer avec le feu en pensant à cela. Dur dilemme qui s'impose... Obéir aux parents ou risquer de lourdes conséquences pour faire plaisir à ma bouille d'amour ?

Tes propos semblaient avoir touché Shonin. Mais tu doutais fort qu'elles les tiennent vraiment en compte. Tu aurais voulu en rajouter plus, lui déverser tous les sentiments qui te traversaient, mais la larme coulant sur le doux visage de ta sœur t'en empêcha. Tu ne voulais pas la mettre dans cet état. Tu ne voulais pas la rendre triste. Pas ta sœur.



Tu ne te disputais jamais avec elle. C'était la première fois que tu avais osé lui crier dessus. Tu en étais désolé, mais les paroles que ta sœur avait prononcées tournaient en boucle dans ta petite caboche. Mais lui faire renoncer à ses rêves pour qu'elle puisse rester à tes côtés était un acte méchant et égoïste. Ce n'était pas dans ta nature. Seulement, la seule chose que tu aurais voulu entendre de la bouche de Shonin aurait été son désir d'être accompagné par papa, maman et toi et de ne pas juste vivre son rêve seul. Un rêve ça se partageait non ?

Prenant sa main en guise de réconciliation, tu lui demandas tout de même :


Les sentiments humains étaient si difficiles à comprendre ! Tu décidas de mettre ça de côté pour l'instant et de pardonner Shonin pour une deuxième fois consécutif.


Te réinstallant de nouveau sur les cuisses de Shonin, tu expiras doucement toutes les émotions qui t'avais envahi. C'était un petit tips que papa t'avais appris qui hélas n'avait pas fait ses preuves sur maman, bien trop impulsive. Mais toi cela, te permettait de faire le vide et de te calmer. Peut-être que ce n'était que dans ta tête, mais tu étais convaincu que ça marchait.
Regardant Shonin, tu poursuivis :



Tu pardonnais décidément très facilement mais enfant que tu étais cela te paraissait normal. De plus, tu voulais vraiment que Shonin voie les progrès que tu avais accomplis ces derniers mois. Pour sûr, elle serait impressionnée !



Décidément, tu n'arrivais pas à te débarrasser de cette idée !

Il réagit au fait que je mentionne qu'il est l'être le plus précieux à mes yeux, ce qui est vrai !


Je lui fais un gros câlin caressant ses cheveux.


Naoki me répond sur la question que je lui poses plus tôt indiquant qu'il aurait aimé partir dans la forêt avec Tomoe, mais vu l'heure tardive la petite dort probablement. Mais cette petite canaille a plus d'un tour dans sa manche et me fait signe de m'assoir à nouveau dans l'herbe pour déposer à nouveau sa tête sur mes cuisses. Cette fois-ci, je lui masse son cuir chevelu écoutant sa demande de l'accompager à l'entrainement du tir à l'arc.


Rétorquais-je d'une voix douce et taquin en faisant un clin d'oeil à ma bouille d'amour. L'idée que je veuille partir lui traverse encore l'esprit, décidément je n'aurais pas du lui révéler encore tout ça. Il est encore bien trop jeune pour comprendre. Naoki est un enfant très intelligent, mais il ne se rend peut-être par encore compte que de rester ici n'est pas fait pour moi. Je rêve d'une vie emplit de voyage et non une vie où papa et maman voudront me marier pour m'avoir sous le coude...


En fait, en y réfléchissant plus, je ne veux pas rester ici, non pas parce que ça ne me plait pas, mais très probablement parce que nos parents une fois à ma majorité veulent que je me marie et que je continues à être une paysanne du coin... J'aime beaucoup cet endroit, j'aime énormément Naoki, mais je n'aime pas la manière dont on veut m'obliger à rester parce que je suis née fille et non garçon.

Tu étais soulagé que Shonin ne parte pas pour toujours. Mais tu n'en étais pas moins rassuré. Si bien, que tu lui fis promettre :



Malgré qu'elle avait dit qu'elle réfléchirait, tu avais déjà pris pour acquis qu'elle partirait. Shonin avait besoin de liberté et d'aventure. Contrairement à toi, la routine ne lui plaisait pas . Tu avais du mal à comprendre cela, mais tu oublias très vite en entendant Shonin approuver l'idée de venir avec toi à ton entraînement de tir à l'arc. Tu étais content qu'elle puisse voir les nombreux progrès que tu avais faits. Tu n'avais pas encore le niveau de maman, mais ce ne serait trop tarder.




Lorsque Shonin répondit à ton inquiétude sur les dangers de dehors, tu surpris une petite once de colère dans sa voix. Comme si elle reprochait à papa ou à maman quelques choses. Mais quoi ?


Il commençait à se faire tard et les douces caresses de Shonin dans tes cheveux te donnaient envie de dormir. D'un bâillement tu répondis à sa dernière question.



Tu n'eus pas le temps d'en dire plus que tes yeux se fermaient. Exténué, par les sentiments qui t'avaient envahie, ton corps s'adonna aux bras de morphées, et de par la même occasion, dans les bras de ta sœur bien-aimée.

Alors qu'il veux répondre à ma dernière question il commence à s'endormir et me répondre qu'il ne sait pas. Les émotions de tout à l'heure et la dure journée passée semble le rattraper assez vite. Il s'endort assez vite et je ne peux m'empêcher de sourire de le voir ainsi.


Je le bouge tout doucement avant de le prendre dans mes bras. Je n'ai pas beaucoup de force en rège général, mais du coin d'herbe à la maison, j'ai largement les ressources nécessaires pour emmener Naoki jusqu'à sa chambre. Le chemin est court et les escaliers difficiles. Papa et maman trainent encore dans le salon nous souhaitant une bonne nuit même si ma petite étoile ne l'entend plus bercé par les rayons de la lune. Je le dépose dans son lit avant de le couvrir et de déposer un bisou sur son front. Puis, je me dirige dans ma chambre où je me prépare pour dormir. La nuit porte conseille parait-il, mais je sais qu'au fond de moi même le sujet est clos et le choix est déjà fait. Je finis pas me poser au lit et ne réfléchis plus à rien avant de m'endormir...

~ Deux enfants d'une même famille,
S'endorent lentement sous le croissant de Lune.
La nuit paisible se passe dans le calme ~