La traque dura quelques minutes. Non seulement l’homme semblait avoir l’endurance, mais il avait aussi piégé sa retraite. Ils avaient anticipé plus que ce que je ne pensais, et avaient placé quelques bombes, deux arbalètes qui tiraient une fois un câble tiré, quelques branches partiellement sciées pour tenter de me faire chuter, deux archers dont je disposais rapidement… Je ne me tentais pas de le rattraper au sol, il y avait sans doute encore des trous dissimulés qui ne feraient que me ralentir. Heureusement pour moi, il ne couvrait pas sa trace, ou ne cherchait pas à disparaître. Mes compétences en traque ne sont pas des plus affûtées, mais la taille du bois l’empêcherait de me semer à l’intérieur de toute façon.
La course s’arrêta finalement lorsque je le rattrapai à l’orée d’une petite clairière. Aucun arbre n’avait planté ses racines dans ce coin, et l’endroit montait sur quelques mètres, comme un dos d’âne géant. L’homme se tenait droit, la paume sur le manche de son sabre. Il jeta un coup d’œil rapidement sur mes côtés, ne voyant aucun de ses camarades arrivés. Il eut un sourire un peu triste.
« Je pensais qu’on arriverait au moins à te faire saigner un peu… »
« Avec des flèches plus rapides, peut-être. L’idée du trou était bien jouée, mais vous auriez dû prévoir quelque chose de plus. »
Le guerrier lâchait un rire en demi-teinte.
« Hé… Manque de temps. On se doutait que tu viendrais. Et manque d’hommes aussi. »
« Ouai. J’ai remarqué. Tu veux toujours continuer ? »
« Désole, mais tant que Dame Hanazawa n’aura pas dit le contre-ordre, je crains que nous devions nous battre jusqu’au bout. Et personnellement, je ne laisserais pas tomber la maison Hanazawa. »
Il ne donna pas de réponse. Comme quoi, il y avait des hommes d’honneur qui se battait pour leur appartenance à un groupe, une famille, en dehors des shinobis des villages cachés. Je regrettais presque de ne pas avoir mis mon bandeau pour ce moment. Mais je ne voulais pas divulguer mes origines, par prudence.
L’homme dégaina son sabre, avant de le faire tournoyer habilement. En le voyant de plus près, je trouvais que ce sabre était relativement grand. Une personne moins… Costaud que lui aurait sans doute des difficultés à le manier à une main comme il le faisait. Je devais faire attention, je n’étais pas sûr d’avoir les mains suffisamment protégées avec un kunai. L’homme fit quelques mouvements martiaux, avant de se mettre en position, la lame levée au-dessus de lui, pointant en ma direction. Je me préparais à cet exercice imprévu faisant tourner mon kunai du doigt, avant de me mettre en garde.
Il était à une dizaine de mètres de moi. Je pensais commencer par une jetée de shuriken pour le distraire. Ensuite, je me rapprocherai pour lancer un autre kunai, avant de le travailler au corps-à-corps. Pour le soumettre, je devais sois utiliser des prises, sois l’attaquer au niveau des jointures de son armure. Le kunai ne percerai pas assez profondément dans sa protection. Quant à son sabre, j’imaginais qu’il ne devait pas être habitué à se battre contre des ninjas. J’avais l’avantage de l’agilité pour esquiver ses coups.
Alors que tout allait se dérouler, j’aperçus une forme en haut de la clairière. Une jeune femme aux longs cheveux bruns. Elle portait une frange, tandis que sa queue-de-cheval descendait jusqu’aux cuisses. Elle était habillée un hakama noir orné d’un grand motif doré en forme de nuage, ainsi que d’une chemise blanche immaculée. Mais le plus intriguant était son arc long dont les extrémités et la prise étaient en or. Elle arborait des plaques d’armure sur ses épaules ainsi que des gantelets lui couvrant l’avant-bras, en plus d’un cache-coeur. Ses longues flèches, plantées au sol, n’étaient pas encochées et elle semblait observer le combat de loin.
C’est dans ce moment inattention, se doutant de ce que je regardais, que Doppo, le soldat de la maison Hanazawa, lança son offensive. Désolé pour lui, mais au final, je préférais directement aller parler au boss.
« Désolé, mais on s’entraînera plus tard. »
Doppo fit à peine quelques pas que je m’étais déjà avancé à côté de lui, prêt à lui donner un coup latéral. Le plus dur était de ne pas frapper trop fort pour ne pas le tuer. Un coup assez puissant pour le mettre KO, mais pas pour lui broyer les côtes. Coordonner son chakra avec son corps comporte des risques… Pour la personne en face. Le coup parti avant même qu’il ne put réagir. Mon pied s’enfonça dans son flanc, avant de l’envoyer balader sur une vingtaine de mètres. J’ai pu apercevoir un air de surprise, de douleur et de confusion au moment de l’impact. Heureusement pour lui, son armure le protégea alors qu’il roulait au sol. Il avait réussi à rester conscient et se remettre sur le dos, mais il respirait fortement. Je stoppais immédiatement l'utilisation excessive de mon chakra.
« T’en fait pas, la blessure devrait être mineure. Évite juste de trop bouger. »
Je me tournais vers leur chef, qui avait armé une de ses flèches et me tenait en joue. Elle écarquillait grand les yeux… Je ne pensais pas qu’elle s’attendait à ça.