Retrouvailles ardentes sous la neige

Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis le massacre de la légion Kenketsu, où Owari avait passé les dernières décennies. Même en sachant qu'elle jouait un rôle là-bas, qu'elle n'y était que pour donner des informations utiles aux recherches que menaient Chiemi, elle ne pouvait pas dire qu'elle était indifférente à ce qui s'était passé. Uchû avait été un bon mentor pour elle, et elle s'en voulait maintenant de n'avoir jamais pu lui dire pourquoi elle était vraiment là. Les premières heures après sa fuite du camp, ses pensées n'avaient été que de courir, le plus longtemps et le plus vite qu'elle pouvait. En faisant de courtes pauses, elle avait couru ainsi plusieurs jours. Finalement, quand son esprit s'était éclairci, la vampire avait fait halte dans une grotte, non loin de son village natal. Ici, elle avait fait quelques réserves de sang, avec le consentement des humains en question, bien sûr. Revenir sur les lieux lui avait permis de réfléchir.

Essayer de retrouver Chiemi paraissait compromis. En admettant qu'elle ait entendu l'attaque, ou en ait même entendu parler, après ses quelques semaines de course d'avance, elle était loin maintenant. Owari ne doutait pas qu'elle la reverrait un jour, mais dans combien de temps ? Elle s'était résignée à retrouver sa vie d'avant sa rencontre avec son amie, lorsqu'elle vivait comme une bête sauvage, instable, et affamée.

Sans savoir où elle allait exactement, la Kenketsu errait dans les montagnes. Il faisait nuit, et seul le reflet de la lune sur la neige l'éclairait. Ses pas laissaient des empreintes dans la poudreuse, accompagnés du craquement des flocons au rythme des traces. Elle ne cherchait pas à se cacher, et marchait la tête en arrière, pour sentir la brise sur ses joues et admirer les étoiles.

Owari entendit du bruit derrière elle, et sortit de sa rêverie éthérée, pour se retourner, sur ses gardes. Chuchotant, ne voulant pas attirer un quelconque voyageur :

La "jeune" Kenketsu n'avait pas vraiment réussi à partir de Aisu, elle avait prévu de se rendre dans la toundra d'Ame, mais elle avait vu une tempête sur le chemin et de toute façon, elle avait traversé une quinzaine le fois le Yuukan depuis sa transformation et puis de toute façon il y avait tellement peu de personne qui y vivait que même si il y'avait une légion ce ne serait pas une priorité. Mais depuis quelques jours, quelque chose la tracassait, elle avait dit à la petite que les légions Kenketsu étaient aux plages noires, pour ne pas mettre en danger Owari, mais ils n'étaient pas du tout parti du village dans cette direction, mais bien vers les bancs de neiges de Yuki, environ là où se trouvait la légion d'Owari. Ce n'était pas bon du tout...

Car même si Owari était une vampire, elle ne savait pas se battre, comme beaucoup de vampire de sa légion si elle avait bien compris. Elle ne connaissait pas la puissance des deux inconnus auxquels elle avait parler, mais ils semblaient bien trop confiants et le hasard était bien trop grand pour qu'ils n'aillent pas se battre contre les légions. Elle pourrait espérer qu'ils n'aient pas assez de cran, mais ils étaient trop sereins, elle n'aimait pas ça. Elle aimerait bien partir les rejoindre, mais la petite avait une capacité sensorielle, elle le savait. Elle ne savait pas quoi faire, elle ne perdait quasiment jamais le contrôle, mais elle ne veut pas perdre Owari, elle ne savait pas comment s'y prendre, mais elle devait la sauver, d'un danger, peut-être inexistant, mais il y avait du danger pour celle qu'elle pourrait qualifier de sœur. Elle ne laisserait personne lui faire du mal, elle tenait plus à la vie d'Owari qu'à la sienne.

La fille avait 14 ans mais elle allait peut-être être responsable de la mort de toute son âme. Elle ne pouvait même pas la sauver, ça la rongeait de haine. Elle avait promis de se battre face aux Kenketsu mais elle ne pouvait pas décemment ignorer la mort d’Owari, ses convictions étaient belles et bien fondées, elle souhaitait la mort de toute la légion d’Owari, excepté Owari. Et si Owari mourrait et toute sa légion avec ça serait bien, en soi, mais elle voulait la sauver, même si elle devait le payer de sa vie, Owari était bien plus pure qu’elle, elle ne savait pas se battre, mais elle était pure pour quelqu’un qui avait sûrement vécu des horreurs dans sa vie. Les deux n’avaient vraiment jamais échangé sur leur vie passée, mais elle se doutait l’une comme l’autre que ça n'avait pas dû être facile...

Elle avait pris une place dans une auberge non loin. Elle s'y reposait beaucoup, alors qu'elle ne faisait rien, mais cette histoire la rongeait vraiment, peut-être pour rien... Et une nuit de plus elle s'endormit, sans rêver, sans faire de cauchemars, elle était vide. Le lendemain, elle se réveilla tard, comme à chaque fois qu’elle était fatiguée, elle venait de dormir plus que 10h. Elle fit une sorte de routine habituelle, puis sortit sur un mont un peu plus haut où elle pouvait tout voir des alentours. Et, elle vit quelque chose qui venait confirmer ses doutes, ceux qu’elle avait depuis plusieurs jours, elle ne comprenait pas trop ce qu’il se passait, mais elle voyait des sortes d’éclairs et puis une sorte d’avalanche, elle ne savait pas du tout si il s'agissait de la montagne d’Owari mais c’était la seule légion à se trouver dans les bancs de neige. Ni une ni deux, elle rentra dans son auberge, prit ses effets et sortit, elle courrait autant que lui permettait ses poumons.

Le voyage se passa sans encombres, elle avait couru et décida de faire une pause à quasiment mi chemin. elle s'était fait quelques frayeurs, par exemple à un moment sa capuche était tombé, elle avait failli y passer mais elle s'était jeté sous un arbre. Maintenant qu'elle était arrivé à mi chemin, il devait être 18 heures et elle était totalement au fond physiquement, il était temps de trouver un plan, la gamine allait la sentir et si elle était senti il n'est pas impossible qu'elle se fasse attaquer et vu les éclairs qu'elle avait observé plus tôt elle n'avait pas vraiment envie de se battre, et même, elle n'avait pas envie de se battre, peu importe le niveau de l'adversaire. Bon, maintenant... Elle fit plusieurs kilomètres sur le côté pour s'éloigner de la montagne, si la gamine revenait, elle ne la remarquerait surement pas. Enfin, elle ne pouvait que l'espérer. Une fois la nuit, elle se mit au pied d'un sapin, il y'avait une sorte de petit trou et décida de s'y engouffrer, elle espérait ne pas se faire surprendre par les rayons du soleil entre les branches mais ça devrait le faire...

Une fois la nuit passée, elle repartit de plus belle, elle remit tout ce qui la protégeait du grand astre et se remit à courir, elle ne pensait qu'à Owari en vérité. A la fin de la journée où elle ne s'était quasiment pas arrêté, elle arriva au pied de la montagne, ce n'était même plus une montagne, il y'avait des trous de partout c'était impossible de reconnaître, elle essayait de capter du son mais il n'y avait aucun vampire qui semblait encore en vie, dommage, elle aurait bien pu en tuer quelques-uns. Elle monta tout de même sur la montagne, afin de chercher le potentiel cadavre d'Owari, mais il n'y avait rien, enfin, il y'avait des cadavres de partout mais pas celui qu'elle cherchait. Elle descendit alors et fit les recherches dans la zone, dormant la journée et cherchant la nuit, en faisant pas mal de journée blanche, elle avait passé au maximum 40h heures éveillés à chercher celle qui partageait ses convictions. Elle avait l'impression d'avoir fait tout le banc de neige, toute la région, mais elle ne trouvait pas Owari malgré sa capacité à entendre à 500 mètres, qui lui usait d'ailleurs des quantités assez monstrueuse de chakra.

Au bout de deux semaines, elle entendit enfin autre chose qu'un vulgaire sanglier, c'était une personne, elle en était sûre, mais humaine ou vampire ? Elle approcha de ce qu'elle entendait, elle entendait le craquement de la fine couche de glace qui surplombait la neige légère, elle la voyait. C'était Owari, elle avait toujours la même voix, toujours la même, et ça la soulageait, ses les larmes chaudes qui coulaient sur ses joues froides. Cette chaleur était infime mais elle représentait une source de chaleur encore plus grande, Owari.

Elle s'approcha, la Kenketsu la plus âgée se tourna lentement, elle s'écroula dans les bras de la Kenketsu, elle avait passé deux semaines à avoir peur mais elle l'avait finalement retrouvée, elle était à la fois si heureuse, si émue, il y'avait tant d'émotions négatives qui sortaient d'un seul coup. Finalement leur opération n'a été que du succès, et heureusement.



Pendant 3 ans où elle avait été avec Owari, elle s'était tellement attaché à elle que ce monde sans la fille aux cheveux noirs lui semblait tellement cruel, tellement mauvais, tellement nul, vraiment elle ne pourrait pas et la retrouver était la plus belle chose qui pouvait lui arriver.

Chiemi était là, plantée devant elle, une tornade d'émotions passant sur son visage. Pendant une courte seconde, elles restèrent l'une en face de l'autre, à se dévisager. Owari avait du mal à respirer. Elle eut une petite exclamation qui resta coincée dans sa gorge, et ses yeux s'écarquillèrent. Il lui semblait que cela faisait plusieurs années qu'elle n'avait pas posé les yeux sur un visage qui la faisait se sentir en sécurité. Les deux Kenketsu tombèrent dans les bras l'une de l'autre. Habituée à cacher ce qu'elle pensait durant cette époque d'espionnage dans les légions, les larmes ne lui vinrent pas aussi facilement qu'il y a quelques décennies. Néanmoins, se détendant, des pleurs silencieux coulèrent sur ses joues. L'aînée n'avait pas prononcé un mot. Elle s'écarta de son amie, lui tenant les épaules, et s'essuya les yeux d'un rapide revers de manche.



Owari l'observa un instant. Elle était toujours fidèle à elle-même, ses yeux rouges sous ses longs cils, ses cheveux bruns tombant dans son dos. Elle avait l'air d'aller bien. Pour une fois, elle fut contente que l'apparence des vampires changea aussi peu au cours du temps, elle y trouva un peu de réconfort. Puis soudain, elle réalisa ce que leurs retrouvailles signifiaient : elles avaient réussi. Owari avait survécu à son séjour, et elle pouvait lui parler des légions. Même si les informations qu'elle avait n'étaient pas de première importance, c'était déjà ça. Et en prime, des milliers de Kenketsu avaient péri dans l'attaque. Son cœur se serra au souvenir du sacrifice de son supérieur pour qu'elle puisse fuir. Elle se dit que sans le savoir, il avait agi pour la bonne cause.



Owari se coupa d'elle-même. Ce n'était pas le moment idéal pour parler du massacre, encore moins pour lui parler des gens qu'elle y avait rencontrés. Elle décida qu'elle passerait sous silence qu'elle avait eu de la sympathie, même de l'amitié, pour certains de ceux qui y étaient restés. C'était du passé maintenant, et le passé appartenait au passé. Ce qui devait être fait a été fait. Elle le savait depuis le départ.



Sa vision se troubla quelque peu. Elle secoua la tête comme pour s'en débarrasser. Elle avait encore une réserve de sang suffisante dans son sac. Elle attrapa une fiole, et prit une gorgée d'hémoglobine pour se rassasier. Owari ignorait quand elle pourrait en trouver d'autres, alors malgré la quantité qu'elle avait accumulée, elle s'était rationnée sur ses portions journalières. Tout resta flou pendant encore deux secondes, puis revint à la normale.

Pendant un instant elles se prirent dans les bras. Elle sentait quelque chose, il y'a des années, les larmes d'Owari sortait beaucoup plus, il y'avait moins d'assurance, mais là c'était une autre femme, elle avait bien murie et grandi durant cette expédition, alors que Chiemi elle, avait stagné. Mais elle s'en fichait, ça montrait qu'il y avait eu du bénéfices à 40 ans de mission. Elle ne savait pas comment elle avait vécu sa vie là-bas, mais elle n'avait apparemment pas cessé d'apprendre. C'était vraiment quelqu'un d'autre, elle avait une autre aura et était plus impassible qu'avant, surtout elle paraissait beaucoup moins faible. Mais en réalité elle l'avait toujours vu comme ça, sa force était à l'intérieur d'elle, elle n'avait fait que gonfler son aura, elle était à la fois quelqu'un d'autre, mais elle restait elle-même.



Effectivement, encore une fois elle avait raison, ces retrouvailles marquaient bel et bien la réussite de la mission. En soit elle avait été réussi depuis le moment où Chiemi connaissait les actes de la légions, leurs stratégies etc.. Ça avait vraiment été utile et cela a permis de sensibiliser une bonne partie de la zone, ça avait été très bénéfique aux humains. Après il restait des choses à vérifier et d’autres choses à expérimenter, mais c’était une première, une infiltration dans une légion, ce n’était jamais arrivé à sa connaissance, enfin, elle n’avait pas non plus des tas d’informations à ce sujet.



Elle n’allait quand même pas manquer le fait de lui rappeler qu’elle avait beaucoup changé durant ces décennies de mission. D’ailleurs, cette mission avait été la plus longue jamais faite, des humains étaient né pendant la mission et ont eu largement le temps de mourir entre temps. L’immortalité était une bonne chose de ce point de vue là, mais ceux de sa nouvelle famille depuis 150 ans au moins ne voulaient pas mettre tout le savoir qu’il pourrait acquérir au service d’une cause noble et préféraient s’en servir pour détruire. C’était vraiment dommage.

Owari mit de côté ses sentiments emmêlés, et les laissa peser sur sa poitrine. Elle devait se concentrer sur le prison, maintenant. Elle avait retrouvé Chiemi, et peut-être qu'elles pourraient vivre en paix pendant quelque temps. Tout ce qu'elle souhaitait, à présent, c'était s'asseoir au côté de son amie, et refaire le monde comme elles le faisaient durant ces trois années qui avaient suivi leur rencontre, si lointaines et si paisibles. Aussi elle ne répondit rien aux félicitations de Chiemi, préférant ne pas relancer le sujet. Elles auraient le temps d'en parler plus tard.



Il lui semblait que cela faisait à peine quelques heures que la lumière avait ouvert le ciel, tuant la légion entière. Il était étrange de voir à quel point le temps s'écoulait parfois trop vite, même pour une immortelle. Les deux vampires se mirent en chemin d'un abri pour le lever du jour. A la remarque de Chiemi, elle haussa les épaules.



Elle sourit pour détendre un peu l'atmosphère.



L'humour n'avait jamais été une de ses caractéristiques, mais elle voulait donner l'impression qu'elle allait bien. Son amie la connaissait, peut-être mieux qu'elle l'imaginait, mais tant pis, elle changea de sujet.

Elle avait toujours été plus forte qu'il n'y laissait paraître et même si dans ses sentiments elle avait toujours été forte, quelque chose avait changé ailleurs, elle ne savait pas ce que c'était, mais elle se faisait surement des illusions. Donc elle fit abstraction de ce détail. Elle avait du vivre des choses horribles là bas. Pendant plusieurs années elle prenait de ses nouvelles avec ses jutsu, que ce soit pour des renseignements stratégiques ou simplement pour cueillir son état d'esprit et puis pendant le reste du temps, elle avait cherché à protéger des gens, soit une vingtaine d'années, un peu plus surement, elle ne savait même pas...



Dans les fratries, elle détestait ceux qui se voulaient être les plus grands, elle avait vécu ça petite, simplement parce que ses cheveux étaient irréguliers et qu'elle ne pouvait pas se changer en fumée, elle avait beau être la grande sœur, ses petits voulaient être les ainées, lui tournant autour en fumée puis ils dématérialisé et rematérialisé leurs poings pour la taper. Enfin bref, la seul qui avait été gentille avec elle avait éété sa sœur, pas sa grande, pas sa petite, simplement sa sœur et c'était sans doute mieux ainsi. Pas besoin de mettre de lien de supériorité, elles étaient égales, l'une et l'autre.



Elle savait qui avait attaqué la légion, enfin, elle pensait savoir en tout cas, elle avait passé plusieurs jours dans le village à contempler la porte depuis sa chambre d'auberge. Mais ça avait finalement porté ses fruits. Enfin, elle ne savait pas vraiment à quoi ça allait leur servir mais au moins ils avaient une théorie sur les attaquants et ne restaient pas dans la méconnaissance totale, ce qui avait du bon.

A nouveau, quand Chiemi lui dit reconnaître la force de son cœur, Owari décida de garder le silence. Elle ne savait pas quoi répondre à ça, alors elle préféra ne pas répondre du tout. Elle ne pensait pas mériter ce compliment, mais elle ne voulait pas engager la conversation sur ce terrain. Quand son amie souligna leur égalité, et qu’elle n’était nullement la grande sœur, mais sa sœur tout court, la vampire se demanda ce qui lui prenait. Elle ne se reconnaissait plus vraiment elle-même, et décida de se reprendre.



Elles changèrent de sujet, et abordèrent l’attaque. Chiemi en savait plus que ce qu’elle espérait, et c’était tant mieux. Les deux Kenketsu ne savaient pas grand chose au sujet de ces deux anonymes, mais Chiemi leur avait parlé. Elle serait sûrement capable de reconnaître leur voix.



Owari réfléchit. C’était le silence après l’orage pour l’instant, mais elle savait par expérience que ce calme ne durerait pas. Elles devront se remettre en route, et se fixer un nouvel objectif. Le principal étant toujours de sauver le plus d’humains possibles.



Oui, si elle était en vie, comme sa camarade disait, il y avait du positif. Comme toujours, non ? Sa survie avait toujours plus compté. Les gens tombaient autour d’elle, les uns après les autres, que ce soit bénéfique ou non. Mais elle ne supporterait pas de perdre Chiemi. Elle ferait en sorte que Uchû soit le dernier à mourir à sa place.

La plaisanterie ce n'était pas vraiment son truc. Enfin... Après avoir vu les pires horreurs imaginables, après avoir vécu tout un tas de choses négatives émotionnellement ou physiquement, après avoir vu ce dont l'être le plus malsain était capable elle trouvait la vie bien plus triste. A une époque c'était une grande fanfaronne, avant sa mort, ou bien, avant sa vie. Elle n'arrivait jamais à définir ce qui était sa vie et sa mort, elle se posait quotidiennement tout un tas de questions sur son existence sans jamais trouver la moindre réponse. Avoir envie de rire après tout ça était bien dérisoire en soi.



Si le pouvoir de contrôler la lumière arrivait aux mains d'un humain c'était avantageux pour les convictions et les objectifs de Chiemi. Mais elle n'avait pas fait tout ce qu'il fallait, elle voulait mourir en dernière des Kenketsu. Ne pas partir avant d'avoir vu l'anéantissement de ceux qu'elle avait haït toute sa vie, elle priait pour pouvoir les voir souffrir à leur mort, qu'elle puisse rentabiliser une misérable existence par quelques heures de bonheur.



C'est vrai que quand elle y pensait, ils avaient tué une légion entière quasiment mais n'avaient pas voulu tuer une pauvre Kenketsu seule, sacrément gentleman comme comportement quand même, un peu trop surement... Mais elle avait sa petite idée sur la question, tout d'abord ils étaient dans une auberge, et prendre le risque de révéler son chakra c'est prendre beaucoup de risque, plus qu'il n'en valait une simple vampire. Et ensuite, elle leur livrait des informations qui en plus s'étaient avérés justes. Par contre si elle n'avait rien dit, un autre destin se serait sans doute présenter à elle. Mais elle était encore en train de respirer, alors tout aller bien finalement.

C'était chimérique bien sûr. Il suffirait qu'elles se montrent à eux pour qu'ils les tuent sur le champ. Et pourtant, ils avaient laissé Chiemi en vie. Comme elle le disait, ce devait être un coup de chance. Ils ont dû la laisser partir avec la certitude qu'ils finiraient par la recroiser et finir le travail. Owari se fichait de vivre ou de mourir, mais mourir avant d'avoir pu aider son amie à réaliser son rêve, ce serait un véritable échec. Elle n'était plus à ça prêt, remarque... Elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour se rendre utile le temps qu'il lui restait, et quand le moment sera venu... elle acceptera la mort comme elle viendrait.



Les deux amies marchaient toujours dans la neige. Owari s'arrêta pour inspecter une cavité qu'elle avait repérée avec la seule lumière de la lune. L'entrée en était étroite, mais si on s'y glissait de profil, on entrait dans une grotte largement assez grande pour elles deux. La brune se faufila et attendit que Chiemi la suive à l'intérieur. Ce n'était pas le grand luxe, mais elles avaient vu pire. L'aînée s'assit contre le mur pierreux et glacial. Un mince filet de lumière lunaire se dessinait sur le sol, les éclairant juste assez pour se distinguer dans la pénombre.



Owari bougea un peu pour ajuster sa position contre la paroi. Ces deux voyageurs l'intriguaient au plus haut point. Elle voulait tout savoir d'eux, à défaut de pouvoir les rencontrer en personne. Pas encore en tout cas, c'était trop tôt. L'attaque n'était pas assez un lointain souvenir pour qu'elle se risque à partir à leur recherche. Deviendrait-elle un cauchemar reculé un jour ?

C'est vrai que deux Kenketsu, immortels face à leurs semblables ainsi qu'un pouvoir de contrôle de la lumière avec en plus des informations de taille sur les Kenketsu et les légions serait un grand pas vers la victoire, enfin plutôt, de l'anéantissement de l'espèce. Après, il ne fallait pas se faire trop d'illusions non plus. La légion d'Owari était plus une légion de réserve, qui ne comprenait quasiment aucun militaire si ce n'est le chef de la légion. Owari qui avait une grande place ne savait qu'à peine se battre et encore. La moitié de la légion était des sortes de paysans. Elle savait qu'il existait des légions qui étaient purement militaire et face à celle ci il faudrait beaucoup plus que 4 personnes pour les défaire, dans l'optique où ils arriveraient à s'allier, ce qui n'était pas gagner du tout...



Elle exposa son point de vue sur les convictions et si c'était un argument ou non, elle ne savait pas trop comment répondre, alors elle laissa le temps passé, elles marchaient dans la poudreuse, rien à demander à personne, rien à ajouter, c'était beau, de légers flocons venaient recouvrir sa tête qu'elle secouait de temps en temps pour les faire tomber. Owari examina une crevasse, ça l'avait toujours horrifié, puis, elle posa une question, elle demandait une sorte de récapitulatif physique. Ca l'alertait sur le fait qu'en plus d'avoir un pouvoir hautement mortel, il attaquait de loin... Quel drame !



Elle devait avoir eu un sacré choc, que ce soit mental ou même physique, ce n'était pas doux comme épreuve, bien au contraire, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle ressentait, mais il devait sans doute y avoir un fond de haine par dessus la douleur. Elle était courageuse, bien plus que Chiemi en réalité, mais ça devrait lui faire le plus grand bien de retourner un peu au chaud, au calme, à simplement s'occuper d'humains à longueur de journée, ou même ne rien faire, comme elle voulait en réalité.