[An -1] Le test

Je m'étais levée de bon matin, comme à mon habitude. L'entraînement primais sur ma vie sociale. Je n'avais d'intérêt que pour deux choses : mon clan et ma force propre. Or, pour que le clan daigne s'intéresser un peu à moi, il fallait que je sois plus forte. Il fallait que je prouve ma valeur. Et puis, je savais que mon frère serait toujours un frein à mon ascension.. Il avait toujours peur pour moi, une vraie mère poule. Je m'entraînais au combat corps-à-corps avec des mannequins dans une petite salle du dojo de notre clan. J'avais indiquer des points cibles sur ces pantins inanimés. Il fallait que je vise. Il fallait que je frappe. Fort. Plus fort. Et je ne devais pas me relâcher. Après quelques minutes, je sentais que mon sang n'était plus correctement irrigué à l'intérieur de ma boîte crânienne. Je commençais à voir légèrement flou. Sans doute que je ne respirais pas assez pendant l'effort. J'étais tellement penchée sur mes objectifs, que je ne pouvais plus y voir clair. Or, un ninja doit toujours considéré son environnement avant de passer à l'action. Le vainqueur d'un combat n'est pas toujours celui qui frappe le plus fort, c'est celui qui est le plus malin. Je ne devais pas oublier ça. Je soufflais un peu, buvais quelques gorgée d'eau et m'attelais une nouvelle fois à la tâche. J'essayais de me concentrer sur moins d'actions, et de faire les choses bien. Et soudain...

Deux membres du conseil clanique sont venus le chercher en pleine nuit, pour une entrevue avec l'Ancien, Tokikane. Un entretien assez bref dont il en saisit la nature avant même de s'y rendre.







Un léger sourire éclaire alors le visage du vieil homme, le rictus amusé d'une personne avisée et clairvoyante. Genji s'incline respectueusement et prend congé de Tokikane.

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Les coups pleuvent de nouveau sur le mannequin de paille, quand soudain le trentenaire sort de l'ombre. "Tu devrais faire des pauses plus longues, Bakura." Se permet-il comme conseil tout en s'approchant d'elle. Et bien qu'il ne soit pas son sensei, c'est à lui que le vieux Sage a confié l'organisation du test. Alors il s'en acquittera du mieux possible.

-"Je suis Gaikotsu Genji. Prends tes affaires, Tokikane-dono souhaite te voir." Expéditif, comme toujours lorsqu'il est en mission. Car ceci est belle et bien une mission. Non pas pour le village, mais pour son clan.

        J'étais alors interpellée par un membre de l'élite Gaikotsu. Genji. Je le connaissais peu. Nos rares échanges n'étaient constitués que de politessses jusqu'à présent. J'étais assez flâtée de sa visite car comme tout membre de l'élite, il était quelqu'un que j'admirais beaucoup. Je faisais bien pâle figure lors de cet entraînement, j'aurais aimé me montrer un peu plus impressionnante. Mais j'étais contente qu'il cherche à me donner quelques conseils, bien qu'il ne soit pas mon sensei. Je l'écoutais, me montrant assez souriante puisque je ne cachais pas tant ma joie. Tokikane voulait me rencontrer ? Pourquoi donc ? J'espérais secrètement pouvoir aider mon clan pour quelque chose d'important. Quelque chose qui pourrait me donner de l'importance à moi aussi. Mais n'allons pas trop vite en besogne. J'essayais de garder mon sérieux pour lui prouver ma maturité et répondais simplement :



        Je ramassais mes affaires sur le bord de la pièce, m'essuyais le visage et le coup avec une petite serviette que j'avais emmené avec moi et me retournais en direction de Genji. Histoire de lui faire comprendre que j'étais prête à le suivre. J'aurais bien aimé faire un brin plus de toilette, mais je ne voulais pas faire des manières au risque de manquer ce qui pourrait être la chance de ma vie !

L'ordre avait filtré quelques heures plus tôt pour que les préparatifs soient terminés à l'arrivée de la jeune Bakura. Mais le soleil culmine un peu trop haut au goût de Genji, ils sont en retard. "Dépêche toi." Se contente-t-il de lâcher froidement à l'adolescente. "Le vieux est à l'extérieur, et il n'aime pas attendre." Une vérité pour dissimuler un mensonge, car à travers cette course dans les rues de Kiri, ce n'est pas l'objectif d'atteindre Tokikane -réellement impatient par nature- qu'il recherche mais l'endurance de la disciple.

Et il lui donne matière à s'essouffler, bifurquant aux intersections, sautant sur certains toits pour en plonger aussitôt dans les ruelles les bordant. Toujours plus vite, accélérant le rythme à chaque nouvelle foulée, Genji jette un coup d'œil par dessus son épaule, s'assurant du suivi d'une Bakura somme toute tenace. "Bien... très bien." Approuve-t-il intérieurement, en s'éloignant un peu plus du centre du quartier clanique.

Mais avant d'atteindre l'artère centrale menant aux portes de Kiri, deux hommes encagoulés tombe sur Genji. Et d'une liane faite d'eau, le ligote. "Bakur...." L'eau s'infiltre dans sa bouche pour étouffer cet appel à l'aide.

Si la jeune Gaikotsu parvient à débouler dans la ruelle, elle croisera le regard effrayé d'un trentenaire maîtrisé et emporté au loin.

        J'avais déjà l'impression de me dépêcher, j'avais à peine eu le temps de me débarbouiller. Tokikane c'était quand même pas n'importe qui... Et Genji ne s'arrêtait pas là, il déambulait dans la ville à toute vitesse, grimpait sur les toits pour s'engouffrer dans la ruelle de derrière. Franchement, son itinéraire ressemblait à tout sauf à un raccourci. A quoi jouait-il enfin? ... Je peinais à le suivre, surtout que je ne savais pas où on allait ni à quoi ça servait de naviguer d'une telle manière. Je trouvais juste ça bizarre et illogique. Mais soudain, le destin avait décidé de jouer un petit tour à Genji afin de rendre les choses plus intéressantes. C'était bien Genji là-bas, pas de doute ! Il se faisait maîtriser par deux hommes cagoulés. Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel? On l'attaque en plein jour, dans le centre-ville de Kiri? Est-ce que ses agresseurs avaient vraiment une tête? Et puis au cas où ils ne l'auraient pas remarqués, Genji n'était pas tout seul ah ah ah !! J'aurais bien aimé agir en justicière et foncer sur eux en criant : « Lâchez-le où vous aurez à faire à moi ! ». Mais je savais que Genji était bien plus fort que moi, et s'il s'était fait avoir comme un bleu, ses adversaires ne devaient pas être négligés. Je me précipitais sur le toit et courrais dans la direction dans laquelle j'avais vu disparaître Genji au bout de la ruelle. Je ne devais pas perdre leur trace. Je devais essayer de savoir où est-ce qu'ils l'amènent. Si je pouvais savoir ce qu'ils lui voulaient ce serait parfait.. Mais il vaudrait sûrement mieux prévenir des alliés avant de foncer tête baissée dans le repère de l'ennemi. Mon clan perdrait alors sa seule source d'informations, son seul indice. J'arrivais au bout du toit ; allais-je apercevoir Genji et ses agresseurs? Ou avais-je déjà perdu leurs traces?

Le regard perdu vers l'horizon, le profond désir d'y voir apparaître la jeune Geaikotsu, Genji subit bien malgré lui l'entrave de ses agresseurs. Et avant que le groupe ne s'engouffre dans une vieille bâtisse, il la voit. L'espoir apparaît avec Bakura et l'assurance d'être sauvé persiste en lui. Puis l'obscurité emplit sa vision alors qu'il passe la porte de la maison.

Au loin, deux Kirijins à la tignasse blanche débouchent dans la ruelle. La bâtisse elle ne bougera pas. Libre à l'adolescente de s'y engouffrer, au risque de disparaître à l'instar de Genji, ou bien de parier sur la patience des preneurs d'otage, afin de rameuter un groupe expérimenté.

        J'apercevais Genji ! C'était assez in extremis. Quelques secondes de plus et je n'aurais pas su dire dans quelle bâtisse ils l'avaient emmenés. Devais-je intervenir ? J'hésitais. Et soudain j'aperçue deux Gaikotsu à la sortie d'une ruelle. Je courais jusqu'à eux tout en gardant un oeil sur le bâtiment censé abriter mon allié.



        Je montais à nouveau sur les toits et me déplaçais le plus discrètement possible pour faire le tour du bâtiment. J'essayais de savoir s'il y avait des entrés et sorties comme je l'avais mentionné à mes camarades Gaikotsu. Mais je cherchais surtout à savoir s'il y avait des hommes qui montaient la garde et qui surveillaient les alentours.