Tu te promenais seul dans les bois. Le jour venait de se lever et les oiseaux casser le silence matinal de par leurs chants. Cela faisait longtemps que tu n'étais pas allé dans le petit-bois des plaines de Hanna. Depuis que tu avais frôlé la mort à vrai dire. C'était un événement marquant qui t'avais fait prendre conscience que les animaux étaient des êtres vivants. Ils vivaient et méritaient de vivre comme vous les humains. Cela faisait donc 1 an que tu n'avais plus chassé de gibier. Tu avais délaissé la pratique de ton arc au plus grand désespoir de maman qui voyait en toi un futur robin des bois. Par la même occasion, tu ne mangeais plus de viande et bien que cela te manquait, tu t'étais habitué au goût des légumes. Tu avais même essayé de convaincre Tomoe de te suivre dans ta démarche mais cela avait été vain. Elle détestait trop les légumes. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé….
Enfin… Si tu étais revenu dans ces bois si tôt, c'est parce que tu n'avais pas trouvé le sommeil cette nuit. Cela était en grande partie à cause du départ de Shonin. Tu t'inquiétais pour elle. Bien qu'elle soit une fille forte, son incapacité à manipuler une arme ferait d'elle la proie des prédateurs de l'extérieur. Et quand tu parlais de prédateur, ce n'étaient pas que des animaux. Mais aussi des hommes, des ninjas. Ces personnes, qui n'hésitaient pas à utiliser la violence, te dégoûtaient et tu n'étais pas le seul à l'être. Papa t'avait raconté les nombreuses guerres incessantes et inutiles que se livrer les différents villages. Du sang couler chaque jour que ce soit d'innocent ou d'enfant. Cela te faisait froid dans le dos rien qu'à y penser. Qu'est-ce qui pouvait tant attirer Shonin à quitter son foyer ? Pourquoi quitter cette région propice pour affronter les dangers de dehors ? Tu avais encore du mal à comprendre cela, mais peut-être qu'en grandissant, tu partagerais son point de vue. Toujours était-il que c'était aujourd'hui que ton étoile partait. Ça te chagrinait rien qu'à y penser, mais ainsi était son choix. Tu ne pouvais t'y opposer.
Marchant donc sans trop réel objectif, tu croisas un petit groupe d'hommes. Mal vêtu, la barbe peu soignée, les cheveux gras, tu te demandais ce qu'il faisait ici à une heure aussi matinale. Habillé pauvrement, des poignards accrochés à la ceinture, tu étais quelque peu angoissé. Mais comme disait si bien papa :
"Ne juge pas ton prochain avant d'avoir été à sa place". Si bien que passant devant eux, tu lâchas un grand :
Le plus grand d'entre eux, dont le visage était parsemé de cicatrice toutes plus abominable que les autres te répondit d'un fort accent :
« Hum... Dis-moi mon garçon, ne saurais tu pas où moi et mes compagnons pourrions trouver de quoi s'abreuver ? »
Il avait dit cela en souriant de ses dents jaunes et noirs, mais sa voix restait froide et sans empathie. Accompagné de quelques ricanements parmi ses hommes, tu lui rendis son sourire :
« Oui bien sûr monsieur ! Mes parents ont une ferme non loin de là ! Ils n'hésiteront pas à vous servir de l'eau si vous avez soif. Vous avez juste à suivre le chemin. C'est la première maison que vous verrez ! »
Beaucoup de voyageurs égarés demandaient le couvert ou l'hospitalité et bien que vous ne rouliez pas sur l'or cela faisait toujours plaisir à papa et maman de rendre service. L'homme aux cicatrices passant une de ses mains sales dans tes cheveux continua à te questionner :
« Ah bon ?! Ils sont gentils tes parents ! S'ils tiennent une ferme, c'est qu'ils doivent élever des vaches et des poules non ? »
Naïf que tu étais tu crus bon de donner plus d'informations :
« Euh...oui monsieur ! On a même deux lapins dans la grange pour tout vous dire ! »
L'homme se tournant alors vers ses camarades ricana puis d'un signe de tête partit. Drôle de type, pensais-tu en continuant ta balade...
Tu marchas encore 30 bonnes minutes avant de te décider à revenir sur tes pas. Shonin n'allait pas tarder à partir et tu ne voulais sous aucun prétexte rater son départ. Les adieux se feraient sûrement avec des pleurs et des larmes, mais malgré cela, tu voulais profiter de ces derniers instants entre les bras chauds de ta sœur. L'idée de la savoir loin de toi t'affliger, mais elle t'avait promis de revenir te voir alors tu saurais aller de l'avant. Du moins, tu espérais en être capable.
Rejoignant, brindille dans la bouche ta maison, tu sentis une odeur de brûlé te titiller les narines. Dans le ciel, tu remarquas alors une épaisse fumée qui s'échappait de l'endroit où était sensé situé ton domicile. Accélérant le pas, inquiet, tu commenças à courir sur le chemin du retour. Sur les lieux, une foule d'individus s'agitait. Que faisaient tous ces gens devant chez-toi ? Tu tentas de te frayer un passage pour en avoir la réponse. L'air était chaud, l'atmosphère tendue et tu pouvais entendre les chuchotements de certains adultes. Puis vint ta rencontre avec l'incendie. En première ligne, tu pouvais voir ce spectacle glaçant qui peu à peu dans le bruit des fondations s'écroulant prenait du terrain sur ta ferme. Figé face à tout ce feu, tu sentis une main te saisir le poignet.
« Ne reste pas là ! C'est dangereux ici ! »
Te laissant emporter par la poigne ferme du monsieur, tu rejoignis un petit groupe d'hommes armés de seau d'eau.
« Reste ici et ne bouge pas ! »
Reprenant tes esprits, tu attrapas son bras avant qu'il ne reparte combattre le feu.
« Où sont mes parents ? Où est Shonin ? »
L'homme lâcha un "oh". Puis son visage prit un air attristé et condoléant. Tu commenças à paniquer.
Il fit un hochement de tête vers 2 hommes. Ses derniers hésitants déposèrent devant toi deux corps enroulés dans des draps : ton père et ta mère.
« Papa, maman ! Ne me dîtes pas qu'ils sont... »
Embarrassé, l'homme acquiesça tristement puis pensant que tu ne l'entendais pas se tourna vers un de ses collègues pour lui chuchoter :
« Pauvre garçon… Il a de la chance de ne pas avoir été là. Lui aussi serait mort sous les coups de ces brigands… Ces crapules ont tout volé puis foutu le feu à la baraque pour effacer les preuves. On a réussi à sauver les corps avant qu'ils ne soient carbonisés, mais ça va être dur pour le petit… D'autant plus qu'il n'y a toujours aucune trace de sa sœur… Je crains qu'elle ne se soit fait enlever… »
Regardant le visage sans vie de tes parents, tu continuas d'écouter. Tu te faisais force à recueillir le plus d'information, car tu voulais connaître la vérité. Un des hommes demanda :
« Vous avez savez qui sont ses brigands et que viennent-ils faire ici ? »
Ce à quoi on lui répondit :
« Oui, ce sont des brigands venus du Nord. Nous avons encore trop peu de détail, mais on nous a signalés que le chef avait le visage couvert de cicatrices. »