Cela faisait bien deux semaines que tu créchais chez les parents de Shuzo. Tu t'étais amincis plus qu'il ne le fallait et ton teint pâle s'était accentué. Tout comme ta famille, l'envie de vivre t'avait quitté. Tu ne te raccrochais qu'à la mince lueur d'espoir que Shonin soit vivante et encore; tu ne comptais plus le nombre de cauchemars qui t'en indiquait le contraire. Tes journées étaient monotones et tel un zombi, tu vagabondais entre les 4 murs de ta chambre. À vrai dire, ce n'était même pas une chambre, mais une grange qui servait autrefois à la fabrication de la farine. Pas très loin d'un blutoir, un matelas pouilleux avait été installé par terre et dans sa grande bonté, le père de Shuzo t'avait légué un pyjama bien trop grand pour toi. Tu aurais pu rester longtemps ici, nourri et logé sans le moindre effort : juste toi et tes pensées les plus sombres… Pourtant, tu restais convaincu que ta sœur était quelque part entre les mains de ces maudits brigands. Tu avais bien essayé d'en discuter avec Shuzo, mais il t'avait conseillé de ne pas te faire trop d'idées.
« Les jeunes filles comme Shonin sont souvent utilisé comme esclave ou encore prostitué. Si ta sœur est vivante, elle doit maintenant en faire partie. »
Bien que ces paroles soient dures à entendre, cela t'avait donné du baume au cœur. Il y avait donc toujours une maigre chance que Shonin soit vivante ! Tu devais bien être le seul à penser ça...
Les gens du Faubourg quant à eux, avaient choisi l'option de facilité. D'un naturel pacifique et ne voulant pas s'embarquer dans des situations trop complexe, ils avaient considéré Shonin morte. Oh, ils avaient bien lancé des recherches mais cela n'allait pas plus loin que la frontière des plaines de Hana. Ce qui était en soit stupide, car les brigands n'allaient pas s'attardaient ici…
Puis l'enterrement eu lieu. Tous les habitants du petit patelin s'étaient réunis sous un jour de pluie. On avait vainement essayé de te réconforter, mais tu doutais si c'était vrai ou si c'était pour se donner bonne conscience. Accompagné de tes larmes, tu avais alors déposé des camélias (les fleurs préférées de maman) sur les tombes vide de tes parents. Puis les gens étaient parties. L'ambiance aussi froide qu'une dacite et l'atmosphère morbide du cimetière les attiraient pas plus que ça à vrai dire…
Seule, la pluie se confondant avec tes larmes, une main vint alors se poser sur ton épaule.
« Tu vas faire quoi maintenant ? »
Tomoe. Après la disparition de tes parents et de ta sœur, c'était la personne la plus chère à tes yeux. Tu savais que tu pourrais lui parler à cœur ouvert. Ce fut donc d'une voix faible que tu lui répondis :
« Je ne sais pas… Je sais plus Tomoe... Une partie de moi me dit d'aller à la recherche de Shonin et l'autre me dit de rester ici, proche des miens… Je ne sais même pas si elle est encore vivante ! »
Soupirant, elle plongea son regard dans le tien.
« Des tiens ? À part moi tu n'as plus rien qui te raccroche ici. Les gens préfèrent fermer les yeux et vivre dans le mensonge. Si tu penses que ta sœur est vivante, c'est qu'elle est. »
Tu lâchas un petit rire nerveux.
« Admettons qu'elle soit vivante et que je la retrouve, ce qui serait alors un miracle… Tu crois vraiment que je saurais battre une dizaine de brigands à moi tout seul ? Moi, je ne pense pas. Je vais juste passer pour un zani et finir avec une épée dans le cul…. Allons Tomoe soit réaliste... C'est peine perdue... »
« Et alors ?! Tu abandonnes sans même avoir essayé ?! Je te rappelle que tu sais manier l'arc comme personne ici ! Deux ou trois flèches et c'est fini pour eux ! »
Tu soupiras… Décidément, Tomoe ne pouvait jamais rester sérieuse.
« Ne te fais pas d'illusion Tomoe, je n'ai pas touché mon arc depuis 1 an. Actuellement, je ne sais pas si ma sœur est vivante, où elle est et si j'aurais la force de traquer ses ravisseurs. Pourquoi ne pas faire comme tous ces gens ? Fermer les yeux et aller de l'avant… »
Tu disais cela, mais tu savais que c'était impossible. Ta famille et plus particulièrement Shonin représentait tout pour toi. C'était ton modèle, ton étoile, mais surtout ta sœur adorée.
En guise de réponse, Tomoe t'assenas une violente gifle qui eut don de te faire tomber par terre, sur le sol trempée et boueux. Impuissant, abattu et détruit moralement, tu ne dis rien.
« Reprends toi ! Il est où le Naoki que je connaissais ? Celui qui dévouait un amour infini à sa sœur ?! Pour l'instant, je ne vois qu'un garçon qui ne mérite pas d'être son frère ! En fait j'aurais même tendance à penser que tu t'en fous d'elle ! »
D'une voix tremblante, tu rétorquas fébrilement :
« Ne dis pas ça ! J'aime ma sœur plus que tout au monde ! J'aspire à être comme elle et tu le sais très bien ! »
Elle t'aida à te relever. Puis plantant son regard dans tes yeux, elle te dit froidement.
« Ah bon ?! Si tu aspires à être comme elle, laisse moi te demander ce qu'elle ferait à ta place ? »
Tu n'eus pas besoin de répondre. Elle avait vu juste. Shonin n'aurait pas tergiversé à ta place. Ni une ni deux, elle serait partie à ta recherche. Ta décision était prise. Tu irais à la recherche de Shonin. Peu importe la longueur du trajet, les intempéries ou encore les dangers, tu retrouverais ta sœur ! Et ce, peu importe la douleur ! Crampes, bleus ou encore myitis rien ne pourrait t'arrêter ! L'opération SRPJ pouvait commencer !
HRP : SRPJ = Sauvetage pour Récupérer la Prisonnière Japonaise
