Ça fait 6 ans. 6 ans que je parcours les différentes régions. 6 ans que je découvre à quel point ce monde peut être grand... Grand lorsqu'on y recherche sa sœur.
Durant ces 2190 jours remplie d'amertume, j'ai fait maintes rencontres. J'aurais du mal à les qualifier de bonne ou de mauvaise et c'est pourquoi je m'arrête juste aux termes de "rencontre". J'avoue avoir festoyé avec certaines comme j'avoue en avoir dévalisé d'autres. En tout cas, j'y ai pris du plaisir dans les deux cas.
Néanmoins, cette mission commence à me fatiguer. Le goût de l'échec m'accompagne tous les jours et me suit jusqu'en dans les bras de morphées. Ce même échec qui me rappelle alors inlassablement l'absence de ma sœur à mes côtés. Cela m'enrage et il m'arrive de me dire que je ferais mieux de laisser tomber cette petite sotte en pleine nature. D'ailleurs, elle doit être bien mieux sans nous, je l'envierai presque, mais ma fidélité au clan me rattrape. Je ne suis pas un traître moi.
Aujourd'hui, je suis dans les plaines de Kusa. Je le sais de part un fermier que j'ai rencontré pas plus tard ce matin. Il était sympa le type quand j'y pense. Il m'a invité chez lui pour remplir ma gourde et puis il m'a offert quelques conserves pour m'alimenter. Cela m'enrage tout de même de voir à quel point les gens prennent vite pitié de ma personne. Des faibles d'esprit, dirait-on chez nous. Tue ton prochain avant qu'il ne te tue avant nous répétais papa... D'ailleurs, avec un peu de chance ce fumier est peut-être mort à l'heure qu'il est. Quelle joie, ce serait pour nous frères et sœur ! Enfin, s'il me reste des frères et sœurs...
Mais bon... Revenons où nous en étions.
Cela fait donc quelques heures, que mes chaussures martèlent indéfiniment le sol de ces grandes plaines. Elles n'en finissent pas et semblent se prolonger aussi loin que ma pupille me permet de voir. Ça change de Kiri, pense-je avec une petite nostalgie pour cette ville emplie de brutalité.
Et dire que je vais devoir ratisser chaque parcelle... J'espère de tout mon cœur croiser un habitant qui saura me donner des informations. Non. Je n'y crois plus après tout ce temps.
Les heures passent...
Je décide de faire une petite pause bien méritée. M'allongeant par terre sur le dos, les mains derrière la tête, la cigarette dans la bouche, le chapeau rabattu sur mes yeux, j'écoute avec douceur le bruit du vent frappant les herbes de la plaine. C'est reposant.
10 minutes de tranquillité s'écoulent avant que je ne sente la présence d'une fille à mes côtés. Debout, sa tête penchée vers moi, je ne bouge pas. Puis après quelques secondes, je lui demande enfin :