Je m’y attendais, l’homme m’accompagne donc autour de la table. Ce genre de proposition était monnaie courante par ici, ce n’était que l’une de mes premières venues mais j’avais déjà bien pris le pli en ce qui concernait le fonctionnement des choses. A vrai dire, je me sentais nettement plus à l’aise ici qu’à Konoha. Ce village puait l’hypocrisie en plus d’être contaminé par la présence des Chikara. Au moins ici je ne ressentais pas ce problème. Ces terres n’appartenaient pas aux miens, je ne savais pas bien qui en était propriétaire d’ailleurs et pour être tout à fait honnête, j’en n’en avais rien à faire. J’avais atterri jusqu’ici à l’aide d’une étrangère, c’était l’un des meilleurs endroits pour les personnes dans mon genre. Mais je ne restais jamais bien longtemps, j’appréciais traverser le Yuukan, changer un peu d’air. Lorsque j’en avais assez des coupe-jarrets de Koya, je me rendais dans les cités civiles tel que Tsuyo. Dans les deux endroits, j’avais énormément d’opportunité de gagner de l’argent, en plus d’entendre des rumeurs sur les objets les plus convoités du continent. C’est donc tout naturellement que la pierre précieuse que je transporte s’est retrouvée entre mes mains. Un simple contingent de samouraïs pour défendre un objet d’une si grande valeur… c’était presque une invitation à venir tenter de le dérober. Toutefois, chose assez commune, l’homme répondant au nom d’Hideaki souhaita en savoir plus sur moi. Une habitude, mes cheveux rouges, encore et toujours, attiraient particulièrement l’attention, il n’est pas difficile de deviner mon nom, en revanche mon appartenance était tout autre chose.
« Miyuka. Je fus autrefois au service de ces idiots du village de la feuille. Mais comme vous pouvez le voir à mon accoutrement, je ne ressemble plus à ces banales kunoïchi. »
Il n’arrêtait pas de me dévisager du regard. Je commençais à me demander si je n’allais pas en profiter pour l’escroquer lui aussi. Il n’avait pas l’air bien menaçant si ce n’était sa carrure. Je me contentais d’afficher constamment un sourire satisfait sur mon visage, comme une gamine heureuse qu’on lui apporte de l’attention. Arrêtant un gamin pouilleux, il compte se servir de lui comme serveur visiblement, je n’ai rien contre, il faut bien que la vermine ait du travail aussi après tout.
« Je m’en remets à vos goûts. La même chose que ce cher monsieur. »
Sans plus attendre, le gamin partit rapidement en direction du salon de thé – si on pouvait appeler cela comme ça – le plus proche. J’en profitais pour interroger un peu plus mon interlocuteur, s’il souhaitait en savoir plus sur moi, il était naturel que je souhaites en faire autant.
« Un nom disparu vous dites ? Voilà qui est intéressant. Simple famille de civil ou clan décimé par la guerre ? »
Le gamin revint alors avec les deux thés. J’entendis clairement le reste de monnaie dans ses poches, Hideaki aussi probablement. Il posa alors les thés sur la table avant de s’enfuir soudainement en courant. Je ne pu m’empêcher de sourire devant cette situation pour le moins anodine.
« Les gamins d’ici apprennent vite... »
Très vite, j’efface mon sourire et croises alors mes jambes tandis que je sirote tranquillement mon thé. On ne va pas se mentir, le goût était ignoble, au niveau du quartier probablement. Mais je n’étais pas là pour cela à la base, je comptais bien repartir d’ici les poches pleines. Subitement, je pose le sac sur la table, le bruit sourd indique clairement le poids de l’objet. Je fais alors glisser ce sac dans sa direction.
« Le plus gros morceau de musgravite connu à ce jour. Taillé spécialement pour une famille riche des cités civiles. Si vous êtes prêt à me faire une offre, vous pourriez l’acquérir. »
Bien évidemment, il devait se douter des moyens peu licites dont j’avais du faire preuve pour l’obtenir. Ce n’était pas un secret, et il ne serait sûrement pas étonné. Restais à savoir s’il pouvait en avoir une quelconque utilité. Pour ma part je souhaitais simplement vendre cette pierre très rare au plus offrand.