Obscurité

La folie restera éternellement ma seule compagnie. Ce ne sont pas toutes ces rencontres inattendues qui auront eus raisons d’elle. Au contraire, elles n’ont fait qu’amplifier ma haine et mon désir d’oublier mes origines. Elles m’ont conforté dans ma solitude et mon incapacité à créer des liens. Jamais, au grand jamais je n’accepterais le moindre soutien.

Qui sont-ils ? Qui sont-ils pour avoir autant de jugement ? Qui sont-ils pour croire que je ne suis qu’un fou sans cervelle ? Qui sont-ils pour décider à ma place ? Si je dois mourir, j’emporterais quiconque se mettra en travers de ma tranquillité. Et si je dois de nouveau me nourrir de sang humain, je n’hésiterais jamais !

Toujours terré dans ma grotte des plages noirs, je continuais mes éternels débats avec cette voix qui ne cessait jamais de parler, de chuchoter ou d'hurler à chaque minutes qui passent.









Cette voix dans ma tête se montrait trop autoritaire à mon goût. Elle me donnait des ordres, sans arrêt, sans répit. Je ne passais pas une minute sans qu’elle me rabaisse ou ne me dicte ce que je dois faire. Ne valait-il pas mieux que je mette fin à mes jours ? Mais je sentais cette folie meurtrière me submergeait de plus en plus. Comme si je n’avais plus aucune raison de vivre, comme si mon destin avait toujours été celui de tuer puis de mourir… dans l’oublie.

Quel bonne décision j'avais prise en sauvant Miyamoto, j'étais devenu son bras droit rapidement pour cet acte, et en plus du privilège de partager sa tente, il me faisait vivre comme une princesse dans la légion la plus fidèle du prince, moi ! Celle qui avait essayé de prendre la place de ce monstre. Ce monstre qui m'avait enfermé plus d'un siècle.

Depuis j'avais trahi la légion de fer et de sang, mais celle ci avait été rayée de la carte tout simplement par un Kumojin. Tout semblait se passer exactement de la bonne manière pour que ma vie soit tranquille, mis à part la colère de Miyamoto envers Kumo, rien ne semblait pouvoir entacher ce tableau.

Je marchais sur les plages noirs à la recherche d'un Minashigo à me mettre sous la dent, mais le fruit de ma chasse fût bien plus intéressant que cela. J'avais commencé par voir des traces de pas dans le sable, et j'avais remonté alors la piste jusqu'à lui.

Rapidement j'arrivais jusqu'à l'un des miens qui semblait parler seul, encore un fou... Cela semblait être de plus en plus rependu parmis les Kenketsu.



Il était sans doute solitaire, mais Miyamoto avait etait clair à ce sujet, aucun solitaire n'était plus accepté dans les plages noires, ils devraient tous rejoindre la légion ou alors il les enverrait au fond de l'océan se faire broyer par la pression de l'eau pour l'éternité.

A voix basse, je me lamentais à l’écoute de cette voix féminine. Je refusais de croire qu’une nouvelle personne venait détruire la tranquillité que je trouvais dans cette grotte. Je ne suis pas le plus heureux de ces terres, mais c’est ainsi que je souhaitais finir ma vie. Mourir en paix sans ne jamais refaire resurgir cette folie intense et incontrôlable. Comme si l’échec de mes projets ne suffisait pas, cette femme semblait appartenir à mon clan. Une idée qui m’écœurait. Je dois dire que ma rencontre avec Makoto n’avait fait que confirmer ma haine. Des idées, des projets et des promesses qui n’ont pas été tenues. Iroji… cette Kaguya… autant de personnes qui n’ont eu que faire de mon sort à l’image de cette piètre famille Kenketsu.

A genoux et le dos tournait à la femme vampire, j’étais prêt à m’arracher les cheveux. Cette voix à l’intérieur de moi se manifestait et ne cessait de me donner des ordres, de se moquer de moi. Elle était satisfaite de cette rencontre et voyait en cela, une occasion de sortir.



Murmura cette voix à l’intérieur de moi. Même Sekushi était capable de l’entendre.



Les larmes qui montaient, je lui répondais fatigué de me battre. Puis, alors que je sentais toujours cette présence, je décide de tourner mon regard vers cette femme, ma tête entre mes mains.



Ignorant ma seconde personnalité, je crispais mon visage comme si je souffrais physiquement. Cette lutte intérieur devenait de plus en plus difficile.





Se moqua-t-il ouvertement et devant elle. Qu’allait-il advenir de moi ? Jusqu’à maintenant, ma bonne étoile m’avait permis de rester seul. Cependant, était-ce vraiment ce que je désirais ? Non, mais pas auprès d’eux.

Oh je venais de tomber sur un oisillon tombé du nid, c'était un plaisir que de voir ça, j'adorais pouvoir venir en aide à mon espèce, et j'avais face à moi le parfait exemple de petite chose fragile à laquelle je devais venir en aide.



Le chef de la légion était dur, et rude, plus souvent avec moi qu'avec les autres d'ailleurs, c'était l'avantage de partager sa tente, et d'avoir quelques talents caché. Mais il n'allait pas laisser un Kenketsu sur le côté car il était différente, ne le sommes nous pas tous un peu ?



Je lui offrais mon sourire le plus blanc et le plus carnassier possible, il avait donc une vue imprenable sur mes magnifique cabine vampirique.

La proposition de cette femme n’a eu d’effet que de reçoit plus d’ordre. Cette voix dans ma tête me dictait ce que je devais faire. Tout ce que je refusais depuis ma fuite, tout ce que j’haïssais. Lui, l’idolâtrait.



Murmura-t-il à travers mon corps. Ces mots résonnaient à l’intérieur de la grotte. Chaque fois qu’il le souhaitait, il parlait à travers moi et cela même si ces paroles peuvent me causer des tords. Luttant encore contre moi-même, je réussissais à contenir cette voix. Je devais être fort, qui sait ce que cette femme serait capable de me faire ? Sa confiance… j’étais bien loin de la lui donner. Qu’est-ce qu’un fou comme moi pourrait avoir d’intéressant ?

Toujours accroupi, la tête entre mes mains, je me retournais pour lui faire face. Mon visage était fatigué, morbide. Mes yeux étaient injectés de sang et la folie se lisait dans mon regard autant que le désespoir. Je suis voué à mourir. Seul et sans raison.



Je me moquais de la protection. J’avais survécu tout ce temps sur ces plages noirs sans aucune aide. Pas même ce poisson, cette groupie du Prince ou encore ce tas d’os n’avaient eu raison de moi. Ils n’avaient fait que profiter de ce que je savais. Ils avaient profité de ma grotte et de ma nourriture… mais rien n’a changé dans ma vie. Je pleurais intérieurement. Et si cette rencontre était un signe ? Dois-je la suivre aveuglément, sans apprendre de mes erreurs passées ?

Néanmoins, la nourriture était un argument convainquant pour un errant solitaire comme moi. Les plages noirs n’offraient pas énormément de nourriture pour un vampire et rare sont les Minishagos ou les Humains qui vivent dans les environs. Avec de la chance, je m’en sortais avec quelques animaux, mais cela restait bien maigre.

Clairement je me rendais compte de sa folie, et je trouvais cela particulièrement intéressant, avoir un membre comme ça dans le groupe était un problème pour les Kenketsu de base, moi je voyais une opportunité ! Une opportunité d'utiliser cette folie pour certaines tâches pouvant paraître ingrate à d'autres.



Je faisais quelques pas dans sa direction, mais je faisais attention à ne pas trop m'approcher pour le faire paniquer. J'avais l'impression d'être un éleveur en train de dresser un cheval, je devais lui faire croire qu'il pouvait avoir confiance avant de le bloquer dans mon lasso.



La peur serait peut-être la solution, la peur de la souffrance était souvent la solution...

La femme s’approchait de moi, j’hésitais, puis, instinctivement, je cachais mon visage derrière mes mains avant de dévoiler tout doucement mon visage meurtri par la folie. Obéissance ? Que n’avait-elle pas compris ? Suis-je ici pour obéir au moindre Kenketsu ? Non ! Non ! Et pourtant… je ne voyais aucun avenir sur ces plages et ça, elle l’avait bien compris. Elle qui ne faisait que répéter ce que cette voix me martelait depuis tant d’année.



Répétait-il dans ma tête. Elle ne l’entendait pas, mais elle résonnait dans ma tête. Mes maux de tête empiraient, je sentais mon crâne prêt à exploser. Dans un mouvement de recule, je repris soudainement de la hauteur, faisant face, debout, à Sekushi. En faisant pression sur mes yeux des mes doigts, j’espérais le faire taire. En vain.



Oui, ma transformation avait été une deuxième naissance. Parfois, il m’arrivait de regretter mon ancienne vie, celle dont j’avais de maigre souvenir. Et pourtant… je l’aimais bien plus que ma situation actuelle.





Criais-je d’un seul coup, non pas moi, lui.



Mourir ici ou par la main des miens… finalement, y a-t-il une réelle différence ?

Pauvre petite chose meurtri par la vie, nous allions pouvoir nous occuper de lui convenablement, et ainsi commencer le plan de Miyamoto. Il voulait rassembler la plus grande armée Kenketsu jamais formé, rassembler les légions, les errants, et marcher sur Kumo pour venger les siens. Cet idiot à l'argile explosive n'avait pas oublié de cité son appartenance à Kumo... Pourquoi le village dans les montagnes avait il eu cette soudaine envie de commettre un génocide ?

J'avançais à pas prudent, je savais ce dont il avait besoin, je venais tout doucement poser mes mains douce et gelé sur son visage, et je le caresser tendrement, des caresses presque maternelle pour le détendre et le rassurer. Je ne savais pas de qui il parlais, mais d'une voix extrêmement douce je lui dit.



Je ne savais pas de qui je parlais, mais mes caresses devenait de plus en plus importante, passant ma main dans ses cheveux maintenant. Puis avec délicatesse je vint le prendre par la main avant de lui dire.



C'était vrai, mais pas par bienveillance ou par charité. Mais simplement parceque c'était ce qu'il fallait pour qu'il me suive...

Je n’avais pas ressenti ces gestes affectifs depuis une éternité. Jamais personne ne m’avait parlé ni agit de cette manière à mon égard. Pas un seul Kenketsu ne s’était révélé aussi maternelle que Sekushi, pas même celle qui est la cause de ma transformation. Tout ce que j’étais, c’était un esclave. Sans crier gare, je me laissais attendrir par ces gestes et petit à petit, je prenais confiance en ce que j’entendais. Cette voix dans ma tête s’apaisait jusqu’à disparaître. Les yeux fermés, attristé et fatigué par ce que je vivais, je finis par oublier tout ces principes auquel je me refusais de déroger.



Je répondais simplement, à la fois submergé par ma folie et mes émotions. Mais je trouvais la force de demander une chose :