Aux grands maux les grands remèdes

J'étais là. Seule. Face à la stèle où le nom de tous ceux qui autrefois mourraient sous mes yeux pour la plupart... Epuisée et pleine de boue, je m'agenouillais là. Fixant intensément cette pierre mémorial, repensant au passé et à notre ancien chez nous... J'avais déjà assez pleurer sur mon sort sachant que le leur était bien pire ! Frustrée de ne pouvoir protéger personne... Frustrée de ne pouvoir me protéger moi même... Pourtant je restais là, méditant sur mes mauvais choix comme les bons. Repensant au discours de mes deux camarades... qui ne devaient pas comprendre grand chose.

Posant mes doigts sur deux prénoms que je connaissais que trop bien. Ceux de mes parents.


Ce sentiment de solitude, d'être déboussolée. J'avais besoin d'aide et je n'arrivais pas à la demander ! Au lieu de ça, je fuyais encore dans un endroit où je me sentais "apaiser". Etrangement, cette fois-ci ne m'apaisait pas. Je m'en voulais d'avoir laisser Sora et Harunobu derrière moi... Peut-être comprenais-je mal les attention de notre Sensei aussi ? La tête basse, je prononçais cette fois-ci des mots qui pouvaient être entendus.


Je mentionnais bien là, tout ce que le village et ses habitants faisaient pour nous lorsque nous nous retrouvions en danger, sans endroit où aller. Je serrais les dents une nouvelle, fermant mon poing sur la tombe et me recroquevillant sur moi même.

Tsss... Où était-elle partie encore ? La matinée touchait bientôt à sa fin et la Konohajin avait autre chose à faire que de jouer à cache-cache. Heureusement, pour elle, elle avait vaguement vu la direction dans laquelle était partie la Gaikotsu. Mais il n'empêchait pas que cela faisait pas moins de 15 minutes qu'elle se promenait dans les alentours du temple à la recherche de la Genin.


Puis enfin elle la vit, agenouillé dans le cimetière près d'une stèle, les vêtements souillés de boue. Elle eut un instant pitié de cette jeune fille avant de se rappeler qu'elle était venue spécialement ici pour lui botter le train. Ainsi, d'un pas lourd, elle s'approcha de la fébrile silhouette avant de s'arrêter pile à quelques mètres d'elle.

Intrigué, mais tout de même en colère, elle demanda :


La correction allait devoir attendre puisque la Chikara avait un respect bien trop profond pour les éternels habitants du cimetière. Ne voulant donc pas les déranger, elle s'agenouilla aux côtés de la Gaikotsu. Silencieuse, elle laissa quelques minutes s'écouler avant d'enfin la questionner d'une voix plus sereine : absente de colère.

Je ne m'y attendais pas ! La Chikara de tout à l'heure me suivait et je n'avais rien vu... Je sursautais en entendant sa voix laissant entrapercevoir un mélange entre colère et curiosité.


Si je ne me trompais pas, je penses que je vais subir bien plus qu'aujourd'hui par la suite... Mais à mon grand étonnement notre sensei se plaçait à mes côtés en face de la stèle érigée par Konoha en l'honneur des nos défunts.


Je me coupais dans mon élan. Dire ce que l'on ressent au fond de nous même et parfois plus difficile qu'on ne le pense.


Je n'arrivais pas à exprimer ce que je voulais dire par les mots. J'en étais bien plus capable de le faire par mes chants, mais il était hors de question de proposer un gala maintenant et encore moins devant mon professeur ! Le seule reflexe que j'avais, était de m'enlacer pour avoir un minimum de réconfort. Parler de mon passé, de mes souvenirs n'étaient vraiment pas une chose facile, cela avait même le don de stresser.


Je ne voulais pas vraiment parler non plus. Mais valait mieux pour moi de ne pas m'attirer les foudres de cette femme d'avantage. Regardant la pierre mémorial, je baissais la tête une nouvelle fois, honteuse de ce que je suis devenue.

La fille avait du mal à s'exprimer et cela se voyait. Peu patiente, Ishizu aurait voulu la prendre par les épaules et la secouer jusqu'à ce que cette Gaikotsu lui révèle tout, mais elle doutait que cela ne change grand choses. Il semblait qu'elle était bloquée dans son passé et la Jônin se désolait de ne pouvoir faire grand chose pour elle. Si bien que silencieuse, elle écouta la jeune Genin s'excuser puis d'un mouvement de main elle fit mine de chasser tout cela.


La Konohajin n'attendait pas d'elle des confessions, mais juste un échange de paroles qui pourrait la guider vers le problème de la Gaikotsu. Hélas, ce fut à un mur qu'elle se confronta puisque Mai avoua ne pas savoir exprimer ses sentiments.
Impatiente, Ishizu lâcha un long soupire pour se calmer. Ça n'allait pas être facile mais elle n'était pas du genre à abandonner alors c'est d'un geste pas très serein et qui n'était pas dans ses habitudes qu'elle posa sa main sur l'épaule de la fille.


La fille lui répondit de nouveau dans un long silence. La Shinobie ne savait plus trop quoi faire. Elle était sensei pas psy ! Comment gérer un cas pareil ?

Dans cette situation inconfortable, elle décida de changer tout simplement de conversation.


Elle inspira une longue bouffée d'air. Ce n'était pas trop habituel pour elle de parler de son enfance, mais à travers cela la jônin espérait faire passer un message à Mai.


Elle avait dit ce qu'elle avait à dire et dans ce lourd silence qui suivit elle attendit la réaction de Mai. Ishizu espérait l'avoir touché avec ses paroles, mais cette dernière allait-elle encore répondre dans le silence ? Mystère...

A mes mots ma Sensei me déposait une main amicale et tendue sur mon épaule. Une personne qui n'était pas à l'aise avec le contacte physique je pouvais très vite le ressentir étant moi même tout l'inverse des personnes comme la Chikara. Pour le moment, je l'écoutais dans le plus grand silence. Comment pouvoir exprimer ses émotions sans toujours devoir passer par les larmes ? C'était quelque chose qui m'était particulièrement difficile, car à vrai dire, je n'étais jamais autant triste et malheureuse de toute ma vie.

En continuant à écouter celle qui tentait de me "remonter" le morale, je pouvais au moins me dire que nous avions un point commun sur une chose. Devenir un shinobi pour faire plaisir à quelqu'un. Indirectement, Ishizu ne se rendait pas compte qu'elle me poussait d'avantage sur un objectif qui me tenait à coeur, mais pour le moment ma priorité était de devenir plus forte... et d'arrêter mes caprices d'enfants. Je tricotais nerveusement avec mes mains dans les plis de ma qipao. Je relâchais alors ma chevelure maintenue par un ruban, en guise de signification... Comme un détachement du passé avant de le déposer respectueusement devant la stèle. Une fois la chose faite, je me tournais légèrement pour faire face à ma Sensei déposant ma main sur la mienne.






Je relâchais ça, si cette dernière ne l'avait pas déjà retiré. Dans mon élan de confession je baissais les yeux à nouveau vers la stèle.


Je laissais un petit moment de silence, pour pouvoir mettre de l'ordre dans mes idées et chercher par quoi commencer.






Je me souvenais de cette nuit là... Un frisson me parcourant l'échine en repansant à lui...

À la grande surprise d'Ishizu, Mai vint se confesser à elle. Cela aurait été parfait si elle n'avait pas accentué sa confession par un contact de la main avec celle de la sensei. Tressaillant donc elle retira brusquement sa main comme si elle l'avait été brûlé. Puis d'un sourire gêné accompagné d'un grattement à la tête, elle déclara :


Heureusement, la gêne présente sur son visage disparut bien vite puisque attentive, elle écouta avec curiosité ce que la Gaikotsu avait à lui conter. L'histoire de la jeune eut alors un commencement, mais la fin resta hélas inconnue pour Ishizu. D'un sourire se voulant encourageant, elle demanda :


Mai semblait se bloquer une nouvelle fois, signe d'un passé douloureux qui avait du mal à être évoqué de sa part. Mais Ishizu comptait bien sur la suite du récit pour pouvoir mettre un doigt sur la pièce manquante du puzzle.

Je serrais davantage mes poings, les yeux devenant livide fixant encore plus la stèle. Je pensais me sentir prête à évoquer cette partie, mais plus aucun son ne sortait de ma bouche.


Je mettais ma main devant ma bouche pour étouffer la tristesse qui me rongeait petit à petit... Le sang, l'odeur, le lieu, les cadavres des miens, ceux de mes parents, une sœur que je ne verrais jamais venir au monde, cet homme l'air menaçant et un visage qui m'est familier depuis le début, Hinae... Il y avait bien d'autres détails que j'omettais et dont je n'en parlais à personne pour le moment. Malgré que cela faisait déjà deux bonnes années que se produisait ce drame, les souvenirs restaient comme si c'était hier.

Je séchais les quelques larmes qui commençaient à couler. Je me jurais de ne pas pleurer et pourtant, encore une fois je faisais preuve de faiblesse...


Je me relevais petit à petit, tentant de reprendre mes esprits. Il était temps pour moi de mûrir en tant que ninja et non plus en tant que petite protégée de la femme Chikara. Moi qui jadis avais une joie de vivre, qui chantais pour les anciens, cuisinais pour les plus jeunes et jouais de mon Koto pour perpétuer quelques traditions... Je n'avais pas le droit de déshonorer le nom de mon clan. Ishizu avait raison, je me devais d'avancer malgré l'immense peine prédominante dans mon esprit.


J'attendais de savoir ce que ma Sensei allait me faire subir en guise de gage pour le bandeau que je lâchais au sol, ne méritant pas de le porter pour le moment.