Survivre !

Avez-vous déjà dérivé ? Cette sensation si unique d'être porté par un courant commun... Cette impression de ne plus décider de la suite des choses... Cette douce mélancolie du ventre maternelle et des facilités de l'enfance... Shinichi venait d'y gouter durant plus de deux jours entre plusieurs pertes de conscience... Tandis que le soleil éclairait sa caboche marquée par son passé, l'homme se réveilla soudainement en ouvrant ses yeux... Abandonné sur plage de sable gris, il ne tarda pas à se souvenir de l'agonie des heures précédentes... Son ventre encore marqué par une blessure moyenne, l'homme manquait cruellement de sang et il ne semblait pas être en capacité de se mouvoir correctement. Il respirait vite, bien trop vite... Il sortait effectivement d'un mauvais songe... Des mouettes observaient l'homme avec curiosité, elle souhaitait sûrement s'en servir comme repas de fortune.


Dit-il en haletant grossièrement. L'homme en charge de Kiri était blessé et venait de se faire ridiculiser par un simple et vulgaire Kaguya. Bien étrangement, il ne semblait pas lui vouer une haine... Il ferma les yeux après avoir observé un nuage et se mit à sourire bêtement...


Il rouvrit les yeux. Il regarda à droite puis à gauche, rien. Il se servit d'une planche provenant du bateau pour créer une canne de fortune. L'homme était accompagné d'une fidèle Shinayaka, était-elle morte ? Shinichi semblait étrangement préoccupé par ce fait. Une fois debout, il cracha du sang et de l'eau salée.


Après plus de deux heures, il finit par quitte sa plage et rejoignit une falaise avoisinante. En contrebas, il remarqua un corps porté par des pierres. Il beugla alors :


Shinichi n'était pas dupe, il ne pouvait pas descendre dans l'état actuel... Son corps semblait étrangement masculine, mais ce n'était pas vraiment étonnant pour une combattante de ce clan.


Elle était sûrement morte, elle ne bougeait plus... Il se baissa difficilement pour tenter d'attraper des cailloux afin de toucher la cible et la réveiller... En vain... Il était dans un état bien trop mauvais pour réaliser un tel tir. Soudainement, un bruit se fit entendre derrière l'ancien seigneur Kumojin. Il se retourna difficilement en saisissant son dernier Kunai éméché.

Le chemin après m'être fait emporter par ce tourbillon avec le Seigneur Hattori fut long, très long... Malgré les dernières forces qui me restaient durant le périple, je me trouvais séparer de cet homme.

Je suis inconsciente...
Je me voyais étant petite, lorsque les Kumojins nous accueillaient. Le travail difficile que nous avions du faire avec mes frères de sang, le serment que nous avions prêter et notre seul objectif commun à tous: protéger l'empire et ceux qui le dirigent. Cette scène qui passait en boucle dans mon esprit, petite fille à femme ou plutôt garçon manqué. La sueur, le sang, les punitions, les méditations et le combat faisant partis de ma vie intégrale...

Je me réveille, lentement...
Qui m'appelle ?


Mon Seigneur... ? Ca ressemblait à sa voix...


J'étais bien trop faible pour parler, gémissant légèrement des sacrés blessures que je recevais. Je tente de me lever, mais je n'y arrive pas.


Je ne l'entendais que très faiblement. Quelqu'un était avec lui, une autre voix que je ne connaissais pas cette fois-ci ! Mes yeux s'ouvrent brutalement, cette fois-ci j'essaye de me mettre à quatre patte pour me relever et j'y arrive péniblement.


Ma jambe était sacrément amochée, quelques ouvertures à cause de cette attaque surprise de la part du Kirijin et encore pas mal d'eau dans les poumons. Je crache le reste ce qui n'est pas agréable avant de regarder autour de moi me tenant contre une paroi de la falaise.

L'homme se mit à cracher du sang tout en lâchant son arme avec maladresse. Désarmé, il ne tarda pas à faire face à une étrange bestiole poilue... Un Tanuki ? Il ne semblait pas pouvoir parler.


Soudainement, l'homme entendit alors le cri de sa comparse, il s'approcha alors de la paroi et se baissa pour observer la Shinayaka. Elle était bien trop loin... Il frappa le sol de sa main droite et dit alors avec un certain énervement.


Il se mit à composer alors des signes incantatoires et tenta de créer un contact visuel avec sa cible. Ce puissant Genjutsu permettait de créer un véritable boost de puissance chez un allié. La Shinayaka allait devoir s'en servir pour se sortir de là.


Pendant ce temps, le petit Tanuki semblait manger quelques baies environnantes...

Qu'elle était cette étrange sensation qui m'envahissait ?! Je possédais en moi une colère déjà débordante auparavant, mais là... C'était inexplicable ! Dès lors où nos regards se croisaient avec le Maître, je sentais comme une envie de tout briser dans l'instant présent, mais très vite son ordre me rappelait à l'ordre ! J'effectue un unique mudra pour allonger mon bras et ainsi me hisser jusqu'à là où se trouve le jeune maître. Pour éviter de glisser, je m'accroche à un buisson, la première chose qui me vient sous la main. De là, je peux remonter difficilement.




Je m'accroche du mieux que je peux pour arriver quasiment jusque là haut. Bientôt, j'arrive presque à la toute fin.


Cette rage, cette hargne de pousser jusqu'au bout, j'étais entrainée pour cela ! Je n'avais pas le droit à l'échec ! Me voilà arriver difficilement sur le bord de la falaise. Je me pousse du bord en rampant péniblement après avoir récupéré l'état de mon bras en normal.


Je lève la tête et vois son état pitoyable...


Je me lève, titubant un peu avant de m'avancer vers lui en lui donnant ce qui me sert de ceinture en tissu décorative.


J'étais déçue de moi même, mais tant que le Hattori vivrait, je ne pouvais pas abandonner ma tâche en guise de punition pour mon échec lamentable contre le Kirijin...

Shinichi ne comprenait nullement la raison de sa survie et il se demandait même si un quelconque Dieu était en train de tenter de lui laisser un message. Pour un Hattori, il était relativement rare de se poser une question de ce genre, mais la découverte béant dans son ventre était suffisant pour torturer psychologiquement tout homme. Il se souvint alors des heures à supplier toute chose... Il se souvint du mal le transperçant lamentablement tandis que des petits êtres tentaient de le dévorer... Il se souvint aussi de ce corbeau qui se posa sur son crane et qui picora sa blessure tandis que le soleil l'assommait de sa luminosité morbide et incessante. Soudainement, il ressentit véritablement cette blessure qui était dorénavant aussi physique que psychologique...

Bien que ceci peut paraître terrible, Shinichi était un homme surentraîné et il savait parfaitement comment survivre dans un tel état de choc.. Il décida d'ouvrir cette porte qu'il ne devait normalement plus ouvrir... Il décida de vivre pour lui... Non, il décida de survivre... Durant des heures durant, il se remémora un fait d'une époque... Il se remémora l'origine de sa blessure et sa quête éternelle de vengeance. Il comprit alors que son destin était là et qu'il ne pouvait éternellement le nier. Kitto Shinji... L'homme de Konoha... Son rival, son ami et son ennemi. L'homme était le tout et le tout était cet homme.

Sa blessure dorénavant partiellement propre, Shinichi se releva difficilement à l'aide de sa béquille de fortune et dit alors :


Ce que l'individu fut incapable d'avouer était sûrement le plus difficile à expliquer pour un Kumojin... Il s'était volontairement brûlé à l'aide de son Raiton afin de survivre... En faisant ceci aussi maladroitement, il s'était condamné au pire. Il s'en fichait... Plus qu'une chose semblait l'affecter... Kitto... Shinji...


Bien que Shinichi avait besoin d'aide, il semblait se refuser de mêler une énième personne à cette quête immuable et éternelle... Il se mit alors à marcher avec difficulté...


Et les autres ? Certainement tués par le courant marin... Au fond, Shinichi semblait être peu préoccupé par cela... Non, des Hattori ne pourraient pas comprendre.

Je remets ma ceinture après le refus du Maître. Je ne comprenais pas vraiment de quel manière l'Hattori réfléchissait, mais cela ne m'inquiétait pas plus que ça. Je ne me posais pas plus de question, mais je me demandais pourquoi il me disait de ne pas baisser les bras. Ce n'était pas dans notre nature et encore moins avec l'éducation que nous avons reçu.


Ajoutais-je d'une intonation agressive, sans pour autant l'être.


Les ordres indirectes étaient donc de trouver un village possédant des sources thermal. Y en avait-il dans le coin ? Je ne sais même pas où nous étions, totalement perdue.

Soudainement, la planche du bateau se brisa. Il tendit alors son bras avant de se faire hisser par sa comparse. Partiellement déshabillé par les heures en mer, l'homme était dans un état lamentable et une énorme partie de son torse était visible. Par chance, sa poche de poison était intact...


Shinichi cracha alors du sang avant de finalement s'appuyer sur le corps de la femme. Au fond de lui, son âme de Hattori était en train de trépasser... Il était en train de s'appuyer sur une femme... Sur une.. Shinayaka... Une véritable honte. Malgré tout, Shinichi se fichait bien de cela. Il avait une épreuve bien immense face à lui. Il rougit légèrement. Il y a longtemps, l'homme avait été marié, mais sa femme périt durant la guerre... Depuis lors, Shinichi refusait tout contact physique et il se consacrait intégralement à sa carrière... Les femmes étaient si inutiles à ses yeux.

Voilà l'un des premiers sermons que je recevais depuis bien longtemps.


Pas de justification, uniquement des excuses. Cela suffisait pour un Hattori, car si je tentais de dire que je ferais plus attention ou autre, les mots ne restaient que des mots et non des faits. Sa seigneurie finissait par cracher du sang et instantanément accepter l'aide que je lui proposais. Au moins, je n'étais pas totalement inutile. J'attrape l'Hattori par la taille mettant son bras par dessus mes épaules pour avoir une meilleure prise afin de l'aider à marcher et rester debout.


Sans dire un mot je l'écoutais pour suivre ses ordres. Trouver un chemin par les plages, mais prendre garde de ne pas tomber sur des contrebandiers.


Je commence à marcher à pas lent pour le Maître puisse suivre aussi. Malgré les douleurs à ma jambe et au flan provoquées par l'attaque surprise du Kirijin, je ne disais rien. Les blessures n'étaient pas profonde, mais je pouvais les sentir couler. Ce n'était qu'un désagrément auquel je ferais face comme à mon habitude.

À moins d'un kilomètre... Pour sûr, il y avait une activité humaine... Le Hattori savait parfaitement que son état risquait de compliquer toute négociation. Après quelques minutes, ils croisèrent alors l'habitant en train de planter du riz dans un petit potager artisanale.


Soudainement, la personne se détourna de sa plantation pour regarder Hattori Shinichi. Une femme était cachée sous le chapeau de paille et elle dit alors :


Shinichi se souvint alors que l'Empire considérait cette zone comme secondaire et que de rares attaques étaient référencées de temps à autre.

Je bouillonnais intérieurement en entendant cette paysanne qui ne se prenait une place un peu trop importante à mon goût.




Je ne supportais mes insinuations pittoresques et irrespectueuses !


Je sers les poings, l'air furieuse de constater de tels individus au sein même des terres de l'empire Hattori. Je continues de servir de support au Maître le temps que cette femme se décide. Tout pour l'empire, tout pour les Hattori. Les autres n'étaient que des pions, des ingrats et des gens stupides ! J'en faisais probablement partie, mais à mes yeux c'était grâce à la famille impériale que je pouvais au moins vivre. Une sorte de reconnaissance éternelle.

L'homme se mit à cracher de nouveau du sang. Soudainement, la femme au chapeau de paille s'approcha alors lentement.


Shinichi observa longuement la demoiselle face à lui avant d'admettre qu'il n'avait pas le choix d'agir comme elle l'exigeait.

Venais-je de me faire remettre à ma place indirectement par le Maître ? Oui. Ce n'était pas pour autant que je baisserais la tête ou que je m'excuserais pour mon comportement envers cette femme. En revanche, je ne comprenais pas la manière dont réfléchissait Shinichi... Ca ne lui ressemblait pas ! Il devait sacrément être amoché et blessé pour en arriver à se plier face à une femme banale.


Je l'aide à avancer jusqu'à la petite cabane en bois sous le regard jugeur et froid de la femme au chapeau de paille. Je me devais de rester en paix avec moi même et de ne pas me laisser envahir par de nombreux sentiments futiles. Seule la colère devait demeurée au fond de moi.


Mon corps était dans un piteuse état, mais cela n'avait guère d'importance. Je n'étais conçue que pour obéir et servir l'empire jusqu'à la mort. Travailler dans ma condition physique n'était rien, car après tout, nous étions tous entrainer pour être dur comme la roche.