« Tu n'es pas au courant, chérie ? Ce lac se remplit durant les grandes marées centenaires et ne se vide que par la chaleur du soleil. Ce processus doit durer plus de 5 années. Suite à cela, nos confrères récoltent le sel laissé par la marée. »
« Wooooooooh ! Trop bien !! »
Banale scène dans cette grande famille Kirijin, les enfants jouent autour du lac tandis que les parents s'affalent sur une énorme dalle de pierre. Les femmes viennent tout juste d'arriver et elles ne viennent bien évidemment pas sans le typique et énorme Sukiyaki-nabe, cette cocotte en fonte japonaise dans laquelle on prépare et sert le sukiyaki, sorte de fondue propre à Kiri. L'espace de cuisson n'était qu'un amas de terre et de charbon, un homme s'était occupé de l'allumer il y a déjà une bonne trentaine de minutes. Soudainement, la mère de Nowaki le chargea d'aller chercher quelques racines de Wasabi au petit ruisseau à côté de l'énorme
ancre abandonnée. Souriant, le petit s'adressa à sa maman avec son plus grand sourire :
Il s'apprêta alors à faire le tour du lac afin de s'y rendre, mais sa soeur scanda son nom avant qu'il ne puisse débuter sa longue traversée. Elle s'approcha alors de lui.
« Bah Nowaki ? Tu vas pas faire le tour quand même ? »
« Mais onéésan.... Maman m'a dit d'aller prendre du Wasabi... »
La jeune fille experte en illusion se mit alors à rire en observant son frère dans un tel désarroi. Tandis que le soleil couchant teintait le lac d'un véritable festival de couleurs chaudes, celle-ci s'expliqua en pointant le lac du doigt :
« Tu sais que papa et moi, nous pouvons courir sur l'eau ? Bah tu peux le faire aussi, Nowaki ! Je vais t'apprendre ! Tu as encore un peu de temps avant que le Sukiyaki soit chaud. »
La bonne odeur de bouillon était déjà perceptible pour le jeune garçon et sous cet amas de nostalgie en devenir, il accepta en hochant la tête. Sa soeur se mit alors à reculer en faisant quelques pas en arrière et elle se mit à parler tout en continuant à augmenter son recul :
« Je t'explique... Tu dois concentrer ton énergie dans tes pieds et prendre de la vitesse. Si tu y arrives, tu te sentiras alors très léger comme totalement libéré de la pesanteur ! C'est à ce moment que tu pourras flotter sur l'eau, Nowa ! D'accord ? Je te montre ! »
Elle se mit alors à courir à une vitesse remarquable et se mit à courir sur l'eau, elle fit un arc de cercle afin de rejoindre la terre et son jeune frère.
« TROP FORTE !!! Tu es trop forte !! Onéésan ! »
Sa soeur se mit à rougir et posa sa main sur la chevelure de son petit frère. Au fond d'elle, elle savait que le jeune irait bien plus loin qu'elle, elle connaissait déjà vaguement son avenir... La jeune fille savait parfaitement qu'elle n'aurait pas l'occasion de le voir adulte... Elle savait parfaitement qu'elle périrait du Chakrasme bien avant... Elle inspira puis expira pour retenir ses larmes. Elle se reprit pour dire :
« À ton tour, bonhomme ! »
Le petit prit alors du recul et se mit à grimacer pour concentrer son énergie ce qui fit rire sa soeur. Il se mit soudainement à courir pour finalement totalement trempé. Elle se mit alors à s'esclaffer tout en s'inquiétant faiblement.
« NOWAKI !! HAHAHAAHA ! ELLE EST BONNE ? HAHAHA !! »
« Les gérridés ! Votre tante souhaite que Samara vienne l'aider ! »
Le vieux Mishi n'était pas du genre patient et la soeur de Nowaki fit un signe de sa main pour signifier qu'elle arrivait. Elle dit alors à son frère :
« On reprend ça bientôt, d'accord ? Promis ! »
Le petit répondit après avoir craché quelques litres d'eau :
Il se mit alors à courir pour rattraper son retard... Alors que celui-ci faisait tout son possible pour ramener du Wasabi, sa soeur observait l'
horizon. Son grand-père vint poser son énorme main sur son épaule droite.
« Courage petite. Une Kaguya doit garder la tête haute. Nous constituons une flotte. Nous continuerons de naviguer pour toi. »
Une perle salée coula le long de la joue de Samara. Elle se mit à sourire et dit alors :
Nowaki ne le savait pas encore, mais ce fut son dernier entraînement avec sa soeur avant que celle-ci soit clouée au lit par la maladie... Quelques mois plus tard, il peaufina sa technique pour enfin pouvoir marcher sur ce lac.. À son retour, il découvrit sa soeur décédée, toujours souriante...
