Problème à la douane

Aujourd'hui, était un jour, bien semblable à d'autres. La météo, bien que capricieuse depuis quelques jours, offrait quelques instants de répit au cours de la journée. Les rares rayons de soleil qui parvenait à percer la couche nuageuse étaient vécus par les habitants de Konoha comme une véritable bénédiction. Cependant, tu vivais tout cela au travers les vitres de ton bureau. Tu avais le nez dans de la paperasse, comme bien trop souvent. Perdu entre une liste de Chikara à qui rendre visite, des bons de livraison à signer, des courriers à faire parvenir aux différents fournisseurs du Yuukan ou encore quelques impayés à gérer. Pour quiconque n'avait pas grandit dans un tel milieu, cela pouvait se montrer impressionnant. Mais toi, tu baignais dans cet univers depuis ton plus jeune âge et pour tout dire, tu prenais même un certain plaisir à tout orchestré. Bien évidemment, tu ne faisais pas cela pour augmenter ta richesse personnelle, celle de ta famille se montrait déjà suffisamment conséquente pour ne pas t'inquiéter des tracas de la vie quotidienne. Non, ton unique but était d'accumuler suffisamment d'argent afin de rendre un réel service à ton clan. De nos jours, seuls les sots ignoraient la puissance de la richesse. Tu n'étais pas idiot au point de penser que seul l'argent permettait de se couvrir de gloire et d'unifier un peuple. La puissance militaire, bien que directement lié à l'économie se trouvait à égale position.

Alors que tes mains se trouvaient tâchées d'encre -par chance, la blancheur de ton uniforme restait immaculé -, un de tes coursiers habituels pénétra dans ton bureau, couvert de sueur, il semblait évident qu'il venait de parcourir la moitié du village dans une course effrénée. Essoufflé, il t'indiqua qu'une dizaine de caisses, contenant chacune d'entre elle, des bouteilles d'alcool, se trouvait actuellement bloqué par la police de Konoha. Embêté, davantage par le fait que ce jeune homme se soit fatigué de la sorte que par le reste, tu lui offris une pièce accompagnée d'une poignée de main. Il était pour toi, essentiel de se montrer agréable et respectueux envers chaque individu, c'était une philosophie de vie que tu t’efforçais d'appliquer au quotidien.

Tu te redressas de ton fauteuil, afin d'aller te laver tes mains, frottant avec minutie afin de faire disparaître chaque tache d'encre. Alors, tu cherchas dans tes différents papiers, les factures correspondantes aux diverses caisses bloquées, permettant ainsi de régulariser la situation. Tu avais parcouru la ville jusqu'au commissariat, priant pour que la pluie ne s'invite pas à ta marche et te permette de rester présentable. Pénétrant dans le bâtiment, tu penchas la tête en avant afin de saluer la femme qui se trouvait derrière l'un des bureaux. Tu la reconnaissais, Hegi, vous n'aviez que peu d'écart d'âge et vous aviez donc grandit ensemble au sein de Konoha. Cependant, vous n'aviez jamais vraiment pris le temps de faire plus ample connaissance.



Tu fis quelques pas jusqu'au bureau et tendis de tes deux mains, une dizaine de feuilles qui correspondait à factures pour chaques caisses de marchandise.

Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis la fameuse « bavure » de Shirona. Les dirigeants décidèrent d’attribuer la place à un agent d’expérience. Une aubaine pour la Kitto qui ne souhaitait s’exposer à ce genre de poste. Non, il était bien plus aisé d’agir dans l’ombre. En cas de problème, Hegi n’avait généralement pas grand-chose à faire et faisait en sorte de laisser la paperasse à ses supérieurs. En soit, la nomination d’un nouveau chef eut les répercussions habituelles : de léger changements dans l’organisation et la façon de faire. Il n’y avait qu’à espérer qu’il n’était pas un raciste notoire comme la Chikara. En parlant d’elle, elle faisait toujours partie du service. Une chose que la Kitto n’appréciait pas vraiment. Depuis quelques temps, elle mettait tout en œuvre pour prouver la dangerosité de la Chikara, et par extension la faire arrêter. Mais les preuves étaient minces, à l’exception de son altercation avec la Abura, son dossier semblait parfait, un peu trop peut-être.

Lorsqu’un homme pénétra dans le bâtiment, celui-ci était presque totalement vide. Seuls quelques policier ainsi que Hegi étaient présents. Cette dernière se trouvait non loin du bureau situé à l’accueil, remplissant quelques papiers inutiles. Elle vit alors l’homme se diriger vers elle. Aucun doute, il avait quelque chose à lui demander. Il ne se fit pas prier et énonça très vite qu’il avait un problème. La Kitto hocha rapidement la tête et demande plus de détails.



Sans perdre de temps, l’homme expliqua rapidement la situation. Un probable soucis avec la douane. Ce n’était généralement pas à la Kitto de s’occuper de tâches si futiles mais bon… elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire. Elle poussa un très léger soupir, cette histoire allait sûrement être réglée rapidement, encore un marchand qui peine à passer les portes…



La Kitto déposa la pile de dossier qu’elle portait dans les bras avant de partir en direction de l’escalier menant à l’étage, tout en faisant signe à l’homme de la suivre. Elle l’accompagna jusqu’à un bureau, celui de la Kitto en l’occurrence. Au moins, même sans Shirona, le nouveau chef jugea bon de lui laisser ses fonctions ainsi que son bureau. La situation n’avait pas vraiment changée pour elle. Elle s’installa rapidement derrière son bureau, puis fouilla dans ses tiroirs à la recherche d’un papier. Alors qu’elle cherchait, elle regarda l’homme et lui dit alors :



Après quelques secondes de recherche, elle trouve enfin ce qu’elle cherchait. Une simple fiche sur laquelle il suffisait de remplir des cases. Elle mit celle-ci de côté, puis joignant ses mains elle demanda à l’homme.

Tu avais suivi Hegi jusqu'à son bureau, alors qu'elle te proposait une meilleure solution. Tu ne savais nullement ce que cela pouvait signifier, puisque, habituer à ce genre de pratique, seule des factures avaient alors suffit jusqu'à ce jour. Qu'importait, tu t'étais exécuté et lui avais emboîté le pas. Tu étais resté droit, les mains liées derrière le fessier alors que la policière farfouillait dans l'un de ses tiroirs. Bien loin l'idée de t'asseoir sans y avoir été invité, cela ce serait montré irrespectueux. Visiblement, elle comprit que tu attendais son signal pour prendre place, alors, elle t'invita à prendre tes aises. Tu la remercias d'un simple hochement de tête, accompagnée de ton sourire naturel. Il ne lui fallut que quelques secondes supplémentaire pour finalement sortir un document qui visiblement, allait rester poser sur le côté du bureau, du moins, pour le moment. Ton regard se posa dans le sien et tu analysas quelques instants sa posture alors qu'elle te demandait quelques informations. Les mains jointes, imitant naturellement sa propre tenu, tu commenças:



Hideto avait une certaine réputation au sein de Konoha, mais celle-ci était davantage cantonnée au clan Chikara, malgré le fait que celui-ci soit un civil, le fait de s'être marié à une Chikara lui avait été profitable en terme de commerce. Ceci étant, c'était un homme juste et bon, du moins, autant que pouvais l'être un riche marchand.



De la charité, c'était ni plus, ni moins que cela. Vous aviez eu du mal à trouver acheteur, vous aviez du batailler pour cela et jouer sur le l'exotisme pour y parvenir. Mais surtout, vous avez vendu à prix coûtant, ainsi, vous n'étiez à la fin ni plus riche, ni plus pauvre, du moins financièrement parlant, car il était sans dire que tu avais convaincu ton père de faire de telles transactions dans d'infimes quantités aux quatre coins du Yuukan, dans le seul but de tendre vers une humanité plus... saine.

L’histoire n’allait être qu’une formalité, et en vérité les formalités, Hegi détestait ça. C’était du travail supplémentaire inutile qui pouvait aisément être remplacé par d’autres solutions. Elle commençait à en avoir assez que les marchands les plus réputés du village aient à passer des heures aux douanes. Une simple fouille était suffisante, le reste n’était que de la poudre aux yeux et une perte de temps.



À vrai dire, contrairement aux marchands, la Kitto ne s’intéressait qu’à ce qu’il se passait dans l’enceinte de Konoha. Le monde extérieur ne l’intéressait guère, elle jugeait que les plus gros dangers venaient de l’intérieur du village. Shirona illustrait parfaitement cet exemple.

Ishizu était ta sœur, bien que vous sembliez différent en de nombreux point. Elle, n'avait pas eu la chance de recevoir le même amour que ton père. Tu avais su être un fils parfait pour lui. Tu t'étais très tôt intéressé au fonctionnement de l'univers des marchands, et avais su prendre place dans l'activité familiale tout en suivant l'école militaire du village. Doué, c'était ainsi que te décrivait ton paternel...



Philanthrope, c'est ainsi que tu t'estimais. Tu avais depuis toujours eu la capacité de te faire passer au second plan, préférant à l'égoïsme les actions orienté vers autrui. Autrui qui dans la majorité des cas était représenté par ton clan. Bien que tu n'étais en réalité qu'un bâtard, Chikara uniquement par ta mère, tu avais toujours eu cet énorme sentiment d'appartenance à quelque chose de plus grand que toi. Et tu avais rapidement décidé de mettre la fortune familiale à contribution pour les plus nécessiteux et afin de tendre vers un monde meilleur. Utopiste, probablement que tu l'étais, cependant, c'était en visant l'utopie que de grande action prenait naissance.

La conversation s'orienta rapidement vers un tout autre sujet. Tu ne pus feinter ton étonnement face à la question. Chikara Shirona, évidemment, tu la connaissait, tout comme tu connaissais au moins de vu la quasi totalité des membres de ton clan. Cependant, il était évident que tu ne trahirais aucun membre de ton clan, tout du moins, sans savoir de quel type d'affaire il s'agissait...

Le fils et la fille d’un riche marchand de Konoha. Un joli portrait de famille en somme… La Kitto ne rajouta rien à ce sujet, elle n’avait pas réalisé qu’elle parlait tout simplement au frère de Ishizu. Hegi connaissait cette femme, une jônin qui s’occupait désormais d’une équipe de genin. Elle lui avait demandé personnellement des rapports sur une certaine Gaikotsu en l’occurrence… Enfin bref, cela n’était pas le sujet.



Bien qu’il n’y avait rien d’offensant en vérité, elle savait que certains Konohajins, dont elle tairait le nom, étaient assez tatillons sur les mots employés. Elle s’évertuait à au moins essayer de mettre les formes, mais cette histoire d’alcool ne l’intéressait pas vraiment. Le cas Shirona en revanche… C’était un sujet sur lequel elle portait toute son attention.



La Kitto soupira. La Chikara était trop jeune pour convenir à un tel poste, un débordement un jour ou l’autre était inévitable. Il était dangereux de donner trop de pouvoirs à de jeunes personnes, leur esprit était sensible au changement en permanence.

Tu n’étais nullement offensé par le fait que Hegi soit totalement indifférente aux arts du commerce. C’était même davantage l’inverse, mais cela, tu ne l’avouerais pas. Ta vision était simpliste, plus les gens avaient une certaine répugnance pour un domaine, plus tu devenais une exception sur le marché, et alors, lorsque tu étais précieux, tu devenais chère et utile. Pour autant, des commerçants, il n’en manquait nullement, vous étiez nombreux et il n’était pas rare de se déchirer des parts du gâteau. Toujours était-il qu’une personne de moins, était finalement toujours une bonne chose.



Tu écoutas alors les propos de la policière concernant Shirona. Songeur, voilà le terme que te décrivais le mieux en ce moment. Tu avais eu vent d’un incident la concernant, elle et une Abura. Ceci étant, tu ignorais tout de l’affaire et n’avais, exceptionnellement, guère prit le temps de t’y intéressé, pensant que l’ancienne intendante de Kimino n’avait pu fauter dans l’excès… Visiblement, tes pensées c’était montré fausse… Tu te jurais intérieurement de t’intéresser davantage à Shirona. Tu devais admettre que tes informations à son sujet étaient bien minces et il te semblait désormais essentiel de remédier à cela. Tu ne pouvais laisser un membre de ton clan s’enfoncer dans de la discrimination pure et dure… Tu avais toi-même tes ambitions pour le clan, mais ceux-là n’intégraient nullement la soumission des autres par la force…



Tu observais Hegi soupirer. Laissant ainsi apparaître son embarras face à cette situation. Cependant, tu te montrais bien incapable de déterminer l’origine de celui-ci. Était-ce dû au fait que la police avait fauté, que la discrimination avait toujours sa place au sein de Konoha ou bien encore une autre raison.



Tu marquais une courte pause avant de reprendre.



Un nouveau silence, puis tu repris, le sourire au coin des lèvres, et d’une intonation paisible.

La Kitto ne pu s’empêcher de sourire. Une chose assez rare, d’autant plus lorsqu’elle était sur son lieu de travail. Mais pour une fois, son interlocuteur semblait d’être quelqu’un de relativement intelligent, du moins il était doté d’un certain recul et d’une vision des choses bien à lui.



Hegi appréciait ce genre de débat, elle n’avait que trop peu l’occasion de dialoguer de la sorte avec ses connaissances. La plupart se contentaient de vivre leur vie tranquillement sans réellement se soucier de ce qui les entourait.



Chikara ou non, elle ne devait pas être la seule à ne pas apprécier la Abura. Pour la simple et bonne raison que leur clan avait une plutôt mauvaise réputation. Menteur et voleur… Voilà un mélange peu appréciable par les honnêtes gens, et c’était malheureusement le cas de la plupart des leurs. Mais l’on pouvait pas juger une personne sur son clan, c’était inconcevable.

Tu regardais d'un œil bienveillant la femme sourire. N'était-ce pas l'un des plus cadeaux que quiconque pouvait offrir à un interlocuteur, un simple sourire. Montrer ouvertement sa joie, son plaisir, c'était ce genre d'action pouvant pourtant sembler anodine qui permettait de vivre dans un monde paisible. C'était l'une des raisons pour laquel tu affichais bien souvent le tiens. Tu souriais pour la simple raison que tu savais que cela était communicatif. Encore une fois, tu pensais aux autres, avant de penser à toi même.



Il était vrai que tu prenais un réel plaisir dans le fait de discuter de sujet philosophique. Tu estimais que c'était une des meilleures voies qui permettait d'atteindre la sagesse, mais par-dessus tout : la paix. Tant intérieur que communautaire...



Hegi avait rebondi à certains de tes dires en t'expliquant ne juger personne sur son appartenance clanique, précisant qu'elle n'avait fait qu'évoquer son appartenance au Chikara, tout comme toi. Alors, tu ne pus t'empêcher de te demander si tu avais mal formuler certains de tes dire, laissant entendre qu'elle pouvait faire preuve de discrimination alors que tu parlais officiellement de Shirona. Inquiet, tu désirais mettre à plat cette situation.



La discussion se réorienta alors sur Shirona. Ou tu du moins, sur les attentes qu'avait Hegi à son sujet. Une enquête, c'était donc de cela qu'il s'agissait. Il ne te faisait désormais aucun doute que tu allais devoir rentrer en contact avec elle, et ce, dans les plus brefs délais. Tu ne pouvais laisser une Chikara dans une telle situation. Ton clan passait avant bien de nombreuses chose.

Quand bien même la Kitto connaissait suffisamment de monde pour parvenir à ses fins, il ne lui était pas possible d’influencer le jugement des dirigeants. Elle n’était pas assez proche d’eux pour cela, et ils étaient par ailleurs pertinemment au courant des manières de faire de la – presque – quarantenaire. Souvent à la limite de la légalité, elle ne reculait devant rien pour appliquer ce qu’elle pensait juste.



Quand bien même la discussion lui plaisait, la Kitto ne souhaitait pas faire plus de temps au Chikara. Il avait des marchandises à récupérer et justement Hegi avait une solution temporaire pour remédier au soucis. Elle fit alors glisser la feuille qu’elle avait sortie précédemment en direction du marchand.



Cela devrait résoudre le problème du Chikara en plus de servir de test pour la Kitto. Le chef de la police avait été « rapidement » informé de cette mesure. Du moins, la Kitto était entrée dans son bureau en disant « je vais faire ci et ça » et lui, connaissant bien Hegi, s’est contenté de hocher la tête en sirotant son café…

Tu avais volontairement omis de répondre à la question essentielle de l'enquêtrice : irais-tu à l'encontre des choix du peuples, mettant ainsi en péril le fondement même de la démocratie Konohajin ? La vérité, était simplement que tu n'avais à ce jour nullement la réponse. Tu aurais aimé être capable de répondre qu'évidemment, le choix d'un village entier était plus important que le reste. Malgré cela, accepterais-tu de laisser certains membres de ton clan vivre une telle horreur ? Tu n'en étais que peu certain...

Et alors qu'elle-même t'avais questionné à ce sujet, elle te fit part d'une manière indirecte du fondement de sa propre pensé sur un tel sujet. Et tu ne pouvais qu'être en accord avec sa vision. Le peuple ne possédait que rarement le recul nécessaire et un nombre d'informations suffisantes afin d'être capable de prendre une décision. Cependant, tu préférais le silence plutôt que d'entrer dans ce genre de discussion. Du moins, pour ce jour...

Et alors, le sujet d'origine revint sur la table. Ta cargaison de vin. Hegi te procura un document qui servirait de laisser passer, et ce, pour les six prochains mois. Tu étais heureux d'une telle conclusion, conscient que tu gagnerais un temps précieux durant les mois à venir, t'évitant ainsi de nombreux aller-retour entre ton bureau et le poste de police. Souriant, tu récupéras le papier posé sur le bureau.



Tu te redressas de ta chaise, te penchas légèrement en avant, respectueusement.



Tu laissas échapper un léger gloussement du fond de ta gorge avant de reprendre.