Voilà une semaine à peine que tout ce joli groupe s’était installé dans cette fameuse grotte leur servant dorénavant de camp de base. Avec nourriture et eau fraîche à leur côtés, les Kaguya ne manquaient de rien à l’exception de matériel pour aménager leur camp. Après un bon quart d’heure à se disputer, Emi finit par lâcher l’affaire et donna raison à Sayuri.
« Très bien ! Si tu y tiens tant que ça ! »
Elle lui lança alors une bourse remplie d’argent, assez pour avoir de quoi aménager comme elle le souhaiterait. C’était tout ce qu’il restait des contrats qu’avait effectuée Emi. En espérant que Sayuri saurait l’utiliser avec parcimonie…
« Je vais rester avec Yû, je doute que la faire courir à travers la région soit une bonne idée, tu en conviendras. Alors tâche de revenir en vie, je n’ai pas pour projet de faire du baby-sitting pour le restant de mes jours. »
Sur cet « accord », Sayuri ne perdit pas de temps et se mit en route. Avec le chemin aller et tout ce qu’elle allait transporter au retour, cela allait bien lui prendre deux voir trois jours au total. Ce qui laissait le temps à Emi de reprendre ce qu’elle avait commencée avec la petite Yû. Quelques heures passèrent, puis lorsque la nuit tomba, Emi rejoignit la gamine qui s’amusait avec trois cailloux et un bâton… Elle s’agenouilla près d’elle avant de lui parler calmement :
« Hé Yû, tu as envie que je te montre quelque chose de génial ? Par contre, comme pour la dernière fois, tu dois me promettre de ne rien dire à Sayuri-san, c’est d’accord ? »
« Euuuh… Oui mais… Je n’aime pas trop mentir à Sayuri-san… »
« Eh bien… On à qu’à dire que tu n’as pas mentis et qu’on a simplement un secret toutes les deux ! Ça te dit ? »
Quoi qu’on en dise, la Kaguya avait visiblement un don pour parler aux enfants. La gamine hocha la tête, elle était simplement contente de partager un secret avec quelqu’un ! Pour elle, c’était énorme ! Tout ce qu’un gamin attendait c’était de l’attention, et contrairement aux apparences, Emi était capable d’en apporter. À sa manière certes, mais tout de même…
Les deux quittèrent alors la grotte et se dirigèrent vers la bordure de la forêt. À cette heure, beaucoup d’animaux étaient de sorties, des prédateurs pour la plupart. Bien qu’un peu terrorisée par la situation, la gamine savait qu’il n’était pas possible de tenir la main d’Emi, elle ne devait compter que sur son courage, une chose que la Kaguya souhaitait développer chez elle. Elle n’avait jamais émit la possibilité d’apprendre à se battre à la gamine auprès de Sayuri, Emi craignait qu’elle ne soit que trop réfractaire à cette idée. Mais elle avait l’âge parfait pour commencer à apprendre. Chakra ou non, la Kaguya comptait bien lui apprendre comment survivre.
Après quelques minutes de marche, Emi repéra enfin ce qu’elle venait chercher. Elle s’accroupit alors subitement, puis mettant un doigt sur sa bouche elle dit à la gamine :
« Chuut. Ils sont juste là. »
Emi tendit alors son bras droit devant elle.
« Juste là. L’on nomme ces animaux des « cœurl ». Ils sont plutôt rares, j’étais bien certaine des les avoir aperçus l’autre jour. »
Elles approchèrent alors très lentement, se rendant assez proche pour pouvoir distinguer les créatures.
« Tu vois ces énormes moustaches ? Eh bien ne t’y trompe pas, elles sont étonnamment capable de générer de faibles quantités de chakra raiton. »
« C’est quoi le chakra raitruc ? »
« Raiton. C’est une énergie, pour t’expliquer plus basiquement… c’est de l’électricité. Enfin, je t’expliquerai plus tard si ça t’intéresse tant. »
Ces créatures somptueuses rodaient toujours en petit groupe. Malgré leur ressemblance avec les tigres, elles ne sont normalement pas agressive, sauf si elles se sentent menacés. Auquel cas, leur étonnante capacité à produire de l’électricité leur permet de neutraliser leur proie. En cas d’affrontement, la fuite n’était pas une option, la vitesse de cet animal s’élevant à maximum de 125km/h. Fort heureusement, avec le temps le cœurl devint très craintif de l’être humain.
Soudainement, des bruits lourds se firent entendre, des pas. Sortant de la pénombre, on pouvait la voir, la créature se faisant appeler cœurl « ainé ». Le chef de la meute, mais surtout, un adversaire redoutable. Son hurlement portait à des kilomètres à la ronde, lui permettant de guider sa meute comme bon lui semblait, un véritable maître de la stratégie dans le domaine animal.
« Un aîné… Yû, tu as une chance inestimable d’en apercevoir un d’aussi près. »
Le visage de la gamine était bloqué entre fascination et terreur. Ces créatures étaient gracieuses, leur démarche royale les rendaient d’autant plus magnifique.
Ils ne peuvent pas nous voir ?
La réponse n’allait pas plaire à la gamine, mais autant être honnête avec elle tout de suite…
« Si. Ils nous sentent.
En vérité ils savent très bien que nous sommes là. Mais tant que leur chef ne nous considère pas comme une menace, il nous laissera tranquille. Vois-tu, les animaux ne sont pas si différents des hommes, ils protègent leur territoire et les leurs au péril de leur vie. »
« Ça veut dire que toi aussi tu dois être capable de protéger les tiens un jour. Si tu dois faire partis d’une meute, fais en sorte d’être comme l’aîné. Calme, parfaitement consciente du danger qui t’entoure, prête à agir en toute circonstance. Je sais que c’est beaucoup pour une petite fille comme toi, mais avec le temps tu comprendras ce que je veux te dire. »
Elle fit alors signe à la gamine qu’il était temps de partir. Mieux valait ne pas trop profiter de la patience de ces créatures. Même si elles n’étaient pas vraiment un danger pour la Kaguya, elle n’aimait pas les risques inutiles. Sur le chemin retour, Yû posa une question à Emi :
« Pourquoi on ne doit pas dire à Sayuri que l’on a vu ces creuls ? Elle serait fâchée contre moi ? »
« Des cœurl Yû. Et non, pas contre toi, mais contre moi oui. Elle à peur pour toi, c’est normal, tu n’es qu’une enfant après tout. »
La vérité derrière tout cela était qu’Emi y voyait un intérêt, évidemment. Elle craignait que Sayuri ne soit pas au meilleur d’elle même si Yû se trouvait être en danger. La Kaguya ne pouvait pas se permettre qu’un tel lien ne ruine ses plans. Emi en resta ici pour aujourd'hui, elle voulait simplement attiser la curiosité de la petite, chose visiblement réussie.