Prisonniers

Un hameau tranquille à quelques kilomètres de Tekunoroji.



Dis-je alors que j’attachais fermement deux hommes à l’aide de corde. Une journée normale dans la vie de notre trio. Nous manquions quelques peu d’argent ces temps-ci, nous n’avions eu d’autres choix que de faire quelques missions à droite à gauche pour nous renflouer un peu. La quête de Yue n’avait jusqu’à l’heure, rien donnée. À vrai dire, j’avais l’impression qu’elle tournait en rond sans jamais savoir où aller. Peu importait, je la suivais, j’avais de l’alcool, nous nous arrêtions de temps en temps en ville pour nous détendre, enfin surtout moi, je n’en demandais pas plus.



S’écria l’un des deux hommes. Je me tournes alors dans sa direction avec un sourire amusé sur les lèvres.



Je pensais qu’il faisait référence à Shinsuke jusqu’à ce qu’il me fasse signe avec sa tête, m’indiquant clairement de regarder derrière moi. Ce que je fis sans plus attendre, et dès lors j’aperçois un homme qui m’est familier.



Dis-je en riant. Cet homme, je l’avais déjà vu, cela remontait à quelques années plus tôt, je ne suivais pas encore Yue, c’était quelques temps juste avant de la rencontrer par ailleurs. Ce Kaguya s’était montré plutôt grossier envers moi, il avait même refusé mon invitation à boire un verre.

Lui dis-je avec mon regard rempli de dédain. Je n’avais que faire d’elle. Qu’elle se retrouve ici au même moment que moi une nouvelle fois n’était que pure coïncidence. En revanche l’homme l’accompagnant… Je ne pouvais pas me tromper, je savais reconnaître mes pairs lorsque je les voyais. Enfin je réussissais à mettre la main sur l’un d’entre eux, un vrai cette fois-ci espérais-je. À défaut de retrouver ma sœur, je pouvais retrouver les miens. Sans même prendre le temps de me présenter, je m’adressais à celui que je soupçonnais fortement être un Kaguya.



Attaquer un Kaguya dans son ego était le moyen le plus simple de le faire réagir. Je le savais bien, j’en étais un moi même. J’étais d’ailleurs doué pour la provocation, j’avais passé ma vie à l’être, un trait commun à ma lignée je crois. Je remarquais toutefois les traits de l’homme, il était plus assez que moi, je pouvais m’en apercevoir en un regard. Je repris pour me présenter, cette fois d’un ton moins provocant.



Mon regard était fixé sur le Kaguya, j’ignorais complètement la Uzumaki ainsi que les deux hommes attachés.

Le plan initial de Yue avait l'air d'être un peu bancal, nous étions même obligé de jouer les mercenaires pour ne pas mourir de faim en attendant que tout se mette correctement en place. Au fond de moi, je pensais qu'il y avait deux options possibles, soit Yue ne savait pas ce qu'elle faisait, mais je n'y croyais pas trop, soit elle nous cachait des choses dans son plan, je penchais beaucoup plus pour cette théorie.

Au moins, ces périodes m'auront permise de me rapprocher de Miyuka, j'avais l'impression d'avoir trouver une amie, une très bonne amie en elle, même si bien sur je ne lui dirais pas, et même si paradoxalement je ne lui faisait pas confiance pour autant. J'étais certain que de son côté c'était la même chose, disons que la vie était bien trop garce avec nous pour que nous fassions confiance à quiconque.

Alors que notre plan se déroulait sans accro, quelque chose d'inattendu se déroulait, nous furent mis en contact avec un homme de mon clan, je n'avais pas vu un seul Kirijin depuis plus ou moins dix ans, et celui ci à l'instar du clan, ce montrait impoli dès le début.



Cette guerre contre Kumo, j'en avais entendu parler de loin, et j'avais trouvé ça tellement absurde, il y avait fort à parier que j'avais perdu pas mal des miens avec cet événement. Mais cela avait eu le mérite d'éliminer définitivement les chasseurs de déserteurs de Kiri.



Je n'avais pas l'intention de perdre mon temps avec ce type, même si je ne pensais pas qu'il allait facilement me laisser en paix.

Kaguya Shinsuke ? Hmm, ce nom me disait quelque chose, pourtant j’étais certain de n’avoir jamais vu cet homme. Arf, peu importe, un autre Kaguya errant dans le Yuukan, certes je n’avais pas trouvé le bon, mais au moins il était des miens. Cependant, il ne semblait pas totalement enjoué à l’idée de retrouver un autre Kaguya. Je devais faire en sorte qu’il m’écoute, ne serait-ce qu’une petite minute. Peut-être avait-il le même caractère revanchard que les autres…



J’étais certain qu’elle errait non loin. Sa description collait avec celles que me donnaient certains habitants, et ce à plusieurs reprises. Pourtant, je ne parvenais pas à la trouver. Tss, si j’avais imaginé un jour devoir chercher à la retrouver. Au départ c’était simplement pour laver l’honneur de nôtre famille, et aujourd’hui je me retrouve à avoir besoin d’elle. Quelle ironie…



Combien d’année depuis la dernière fois que je l’avais vu ? Longtemps… Trop longtemps.

Lorsque j’appris que cette jeune Kaguya était sa sœur et qu’il cherchait à la retrouver, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir un fou rire, au point que je m’en tordis en deux pour rire. Les larmes aux yeux je pris ma respiration un instant avant de répondre :



Je commençais à partir, ignorant totalement ce type. Il ne méritait pas que je lui donne une quelconque information, ça lui apprendra peut-être à mieux se comporter à l’avenir. Soudainement, je m’arrêtais, puis je me retournais.



Un sourire malicieux aux lèvres, je mis mes mains autour de ma taille avant de m’adresser à mon cher Kaguya. Je me demandais si ce dernier avait changé d’avis depuis l’année dernière. Souhaitait-il toujours se venger ? Si c’était le cas, il avait peut-être là une opportunité d’y parvenir.

Un Kaguya à la recherche des siens, depuis cette guerre et cette évasion en fanfare des geôles de Kumo, tous les Kirijin semblait être à la recherche de leurs familles, j'avais la chance d'être libéré de ce fardeau depuis bien longtemps. Je ne connaissais ni cet homme, ni sa sœur, et je me contentais de dire.



Puis je continuais mon chemin, je n'avais pas envie de m'éterniser ici, être en contact avec les Kaguya était forcément synonyme de problème mais Miyuka semblait joueuse aujourd'hui.



Nous avions une vraie complicité maintenant, et nous devions faire attention à ne pas aller trop loin dans notre amitié naissante.

Son fou rire ne manqua pas de m’agacer, sa présence elle même était affligeante. Mais il fallait bien que je fasse quelques concessions pour obtenir des informations. Son rire me laissait penser qu’elle savait quelque chose au sujet de ma sœur, je devais découvrir quoi. Qui plus est, le Kaguya semblait se moquer éperdument de moi. Où était passé ce peuple de guerrier que nous étions. Regardez-le, à courir la pampa avec sa jolie rouquine. Tu es désolant, je m’abstiendrais de te le dire de vive voix, mais tu n’es plus un Kaguya.



Dans un dernier espoir d’appâter le Kaguya, j’ajoutais quelques précisions.

Finissais-je ma phrase en faisant un grand signe de la main bien moqueur en direction du Kaguya qui nous avait interpellé. Nous nous apprêtions à repartir lorsque soudain, il prononça le mot magique.



J’étais prête à lui donner ses foutus informations, ce n’était pas grand-chose pour un peu d’argent. Mais ses mots suivants vinrent me rendre à nouveau indécise. C’est ainsi qu’il voyait sa jeune sœur ? Une arme prête à être utilisée ? Soit il ne l’avait pas vu depuis très longtemps, soit il était complètement ignorant et presque suicidaire. Je croisais les bras en regardant Shinsuke.



Je remettais ma décision sur les épaules du Kaguya. À vrai dire, cette histoire de vengeance m’importait peu. En revanche, je m’amusais à laisser le choix à Shinsuke. Dans mes souvenirs, il m’avait dit ne pas aimer les siens, mais était-ce au point de les empêcher de se réunir ?

Il essayait de m'attendrir avec Kiri ? Ce village de chien ? Ce village suis sacrifiait ses propres hommes par peur de Kumo, et qui finalement à foncé sur ce même Kumo pour se faire démolir ? J'allais dire une phrase, avec des mots que Miyuka n'avait sans doute jamais entendu dans ma bouche, moi qui était toujours poli, elle allait sans doute être surprise par la suite.



Je leur devait ma vie, à eux et à Kiri ! Kumo m'avait juste privé de ma vengeance envers le second village, et finalement plus je passais de temps avec Miyuka, plus je me disais que Kumo m'avait rendu service en me menant à elle.



Après rien n'obligeait la belle Uzumaki à donner les bonnes informations, je la fixais en essayant de lui faire comprendre par le regard, mais nous n'étions peut-être pas encore suffisamment proche...

Le regard de Shinsuke semblait vouloir me dire quelque chose, j’hésitais encore entre « trucide le » ou « tirons-nous ». C’était peut-être un peu des deux… Peu importe, je n’étais pas d’humeur meurtrière et en vérité je donnerai cher pour voir ce Kaguya retrouvait sa sœur. Je n’avais que faire des leurs liens familiaux, mais au vu du tempérament de sa cadette, je doutais qu’il parvienne à la dompter comme il le souhaiterait. Je tendis alors le bras, je réclamais mon paiement avant toute autre chose. Il ne tarda pas à me balancer une bourse, plutôt légère, mais suffisante.



Envoyant la bourse dans les mains de Shinsuke, elle si dirigea vers les deux types qui étaient fermement attachés avant de commencer à partir en les traînant au sol. Ignorant totalement Sakkaku, elle s’adresse alors à son compère :

Le Kaguya était définitivement une cause perdue. Il semblait détestait les nôtres, il avait sûrement une bonne raison pour cela, mais nous unir afin de nous venger de ces chiens ayant détruit notre foyer aurait dû être la priorité. Haïssait encore plus les Kirijins que les Kumojins ? Pas grave, ma pimbêche de sœur sera une arme suffisante pour peu qu’on sache l’utiliser. Même si je ne parviens pas à renverser ce maudit Empire, au moins aurais-je tenté de venger les miens. Je lançais mon argent durement acquis dans les mains de la Uzumaki, j’aurais du me douter qu’elle me tendait un coup fourré. Je me retrouvais avec une bribe d’information dont j’avais déjà connaissance. Fais chier. Loin de moi l’idée de me battre contre ces deux là en même temps, je n’ai plus qu’à repartir bredouille. Foutu Kaguya, à quel point n’as tu plus d’honneur pour t’accoquiner avec… ça.



Une énième pique avant de leur tourner le dos et repartir de là d’où je venais. Combien de temps encore allais-je courir après cette foutue garce…