Je ne donnais pas cher de ma peau devant la colère hystérique de cette ivrogne. Il avait fait preuve de violences excessives tout au long de notre aventure et je m’étonnais de n’avoir reçu aucun coup en guise de récompense. Je me préparais, oui, je m’apprêtais à parer le moindre coup lorsque l’Hattori s’écroulait sur le sol. Agenouillé devant moi, l’homme de la foudre ne retenait plus ses larmes et sa colère ne faisait que s’accroître de seconde en seconde. Alors qu’il se confiait à moi, je sentais de plus en plus cette haleine pestilentielle d’alcool.
Je tentais de le faire lâcher prise, sa réaction m’effrayait et je me retrouvais désemparé face à une telle situation. Que vivait cette homme pour être si violent, sûr de lui et tout à coup devenir l’homme faible qui se trouvait devant moi. Instinctivement, je me suis mis à crier.
Le regard rempli de doute, les yeux écarquillés, je regrettais mon geste. Jamais je n’avais parlé de la sorte à un supérieur, mais la situation ne l’exigeait-il pas ? Il était évident que je lui tendrais la main et cela malgré nos différences.
Tout à coup, à la vue de cette foutue jarre, je fus pris de colère. D’un revers de la main, je l’envoi valser sur le sol terreux de la forêt. La jarre se brise en mille morceaux et se vide de son contenu. La flaque que dessinait le liquide ne faisait que renforcer l’odeur nauséabonde de l’alcool.
« Ce n’est pas en buvant que vous arrangerez vos problèmes. »
Le poing serré autour de mon arc, je bouillonnais en moi.
« Quelles sont les raisons de votre colère ? Pourquoi réagissez-vous comme ça ? »
Puis j’enchaîne sans réfléchir à mon questionnement.
« C’est ce pouvoir qui vous effraie ? Pourquoi ? »
Il avait plusieurs réponses plausibles à cette question. Une technique interdite, un signe de malédiction ou peut-être était-ce en rapport avec l’événement de la cabane.
« C’est la deuxième fois que vous réagissez de la sorte. D’abord la cabane et maintenant ça. »
En y repensant, je me souvenais de ce qu’il avait dit. Il se sentait libre.
« Qui est cette femme dont vous parliez dans la cabane ? »
Mais l’intrigue ne faisait que commencer. Alors que je le sentais toujours aussi dépassé par les événements, il s’en remettait à une personne dont je ne connaissais rien.