Échec et stupidité

Nous étions en train d’attendre depuis des heures le retour de notre coéquipier. Lui, ma sœur et moi étions chargés de débarrasser un village des plaines d’une petite troupe de bandit de bas échelle. Ce ne fut en rien difficile, et nous étions sur le point de retourner à Konoha, sauf que cet idiot de Chikara avait probablement réussis à se perdre durant sa mission de reconnaissance. Nous ne lui avions pourtant pas demandé grand-chose, le plus dur de la mission fut accompli par ma sœur et moi. Le Chikara lui… était trop incompétent pour qu’il se batte à mes côtés. Toutefois, alors que je le relevais pour partir, ma sœur m’agrippa violemment par la capuche.



Elle relâcha la prise, je ne répondais que par un long soupir. Que pouvais bien faire ce foutu Chikara ? Nous n’en étions pas à notre première mission dans le coin, il connaissait donc plutôt bien les environs. Ennuyée par la décision de ma sœur et supérieure, je me rassieds contre la pierre sur laquelle j’étais adossée, puis les minutes passent, encore et encore…

Je n’étais pas une personne très patiente, je n’avais qu’une hâte c’était de rentrer à Konoha pour enfin me relaxer après deux longues semaines de mission. Les rares établissements de repos dans les villages alentours n’étaient franchement pas au niveau. Mais bon, ça, il n’y avait que moi pour qui cela importait, mes deux autres partenaires étaient bien trop focalisés sur cette foutue mission.





Même si ma réponse la dérangeait, elle n’en dit rien, cela l’arrangeait que je me montre prudente. J’en avais ma claque de cette mission, plus vite nous rentrions, mieux c’était. Elle partit alors dans un sens, moi dans l’autre. Le bois dans lequel nous nous trouvions n’était pas immense, mais il fallait une bonne dizaine de minutes pour rejoindre un bout à l’autre. Si je me retrouvais coincée, je ne pourrais compter que sur moi même. Je voyageais donc d’arbre en arbre, guettant le moindre signe suspect…

Les minutes passent et pas le moindre signe du Chikara. Aaaah… dans ces moments là je souhaiterai sincèrement partager la même capacité sensorielle que ma sœur. Comment j’étais supposée trouver quoique ce soit dans une forêt. Si seulement le Chikara pouvait être en train d’agoniser et d’hurler, je pourrais au moins trouver sa trace… Ne trouvant rien depuis les branches, je décides alors de poursuivre à terre. Quelques temps plus tard, je trouve enfin de maigres indices : des branches brûlées et quelques tâches de sang, visiblement encore frais. Aucun corps dans les environs, ni même une arme qui traîne… Je pousse alors un long soupir, par pitié dites moi qu’on ne pas devoir sauver cet imbécile.

Je poursuis mes recherches dans la direction que prennent quelques traînées de sang qui s’arrêtent très vite. Avançant à l’aveugle, je ne peux me fier qu’à mon intuition, et au bout de quelques minutes, celle-ci s’avère bonne. Je le vois là, cet idiot, attaché et bâillonné à un arbre. Mon premier réflexe est d’afficher un grand sourire mesquin sur mon visage, je n’avais qu’une envie, c’était de le laisser ici, mais ma sœur me ferait la morale pendant des années pour cela… J’approche, observant les maigres blessures sur son visage, ses bras ainsi que les alentours qui semblaient vide de vie.



J’enlevais très vite le bout de tissu qui l’empêchait de parler, sans pour autant détacher les cordes l’empêchant de bouger, à peine l’ai-je enlevé qu’il s’exclame :







Je fronce les sourcils avant de prendre en main mon arme, puis d’un coup sec, je libère mon partenaire des cordes l’entravant. Alors qu’il tombe à genoux, je me mets à sa hauteur. Je n’ai pas de temps à perdre, j’ai l’étrange sensation que je viens de tomber dans un piège.





Foutu Chikara, je vous déteste, pour pleins de raisons, mais si ma sœur perd la vie à cause de l’incompétence de l’un des leurs… je jure que je brûlerai leur quartier jusqu’au dernier morceau de bois.



Ni une ni deux, je file à travers les bois, direction plein nord. Je croisais les doigts pour qu’elle ne soit pas tombée dans le panneau. Avec ses talents de senseurs, j’avais du mal à croire qu’elle puisse se faire piéger, mais nous n’étions jamais trop prudent. Je n’appréciais pas grand monde, mais ma sœur représentait énormément de chose, je n’accepterais jamais sa perte.

Je parcourais le bois aussi vite que possible. Je connaissais les capacités de ma sœur, j’étais certaine qu’elle tiendrait un moment, mais personne n’était préparé à tomber dans une embuscade. Ses capacités sensorielle lui auront peut-être permis de leur échapper avant… mais n’étant sûre de rien, je préférais y aller. Au fil des minutes, je sentais cette boule se former dans mon estomac. J’avais peur d’arriver trop tard, alors je redoublais de cadence pour la retrouver. Soudainement, je fus surprise par une main m’agrippant par le bras, puis l’autre se posant sur ma bouche. J’allais sortir un kunai lorsque sa voix me fit perdre toute agressivité à son égard.



Elle avait donc réussi à leur échapper ? Du moins presque, pour qu’elle m’annonçait qu’ils étaient tout autour de nous. Elle parvenait probablement à garder une longueur d’avance sur eux, mais pour combien de temps ? Elle relâchait alors la prise qu’elle avait sur toi pour te permettre de parler.





Même dans cette situation elle parvenait à garder son calme, j’admirais ce talent chez elle, j’aurais aimé avoir ne serait-ce qu’un tiers de son côté serein. Je ne l’avais même jamais vu énervée, elle maîtrisait ses émotions à la perfection. Rien d’étonnant venant de quelqu’un ayant gravi aussi rapidement les échelons… Mais ce n’était pas le moment d’être jalouse de ma sœur, nous devions partir d’ici.



J’acceptais alors d’un signe de tête avant de reprendre le chemin inverse. Avec un peu de chance, nous n’aurions aucun soucis sur la route, mais je ne me faisais pas trop d’illusion…

Disais-je à ma sœur qui me suivait de près tandis que nous sautions de branche en branche pour rejoindre le Chikara au plus vite. C’était supposé être une mission de routine, de quoi nous occuper en somme. Et pourtant, nous avions déjà presque perdu l’un des nôtres.






Je m’arrêtais net sur ses mots, manquant de perdre l’équilibre par la même occasion. Alors que je retrouvais un semblant de stabilité, je pu apercevoir ces légers fils tendues devant moi. Un bon de plus et je tombais droit dans ce piège. C’était toutefois étrange, j’étais certaine d’être passé par ce même itinéraire en venant ici…



Mais en voyant son visage, je su tout de suite qu’elle avait déjà compris ce qui se tramait.



Je voyais très bien ce qu’elle sous entendait, j’avais été pressé à ce moment là, et mise à part quelques vérifications à portée de vue, je n’avais pas cherché plus que cela. Mais il faut bien avouer que c’était plutôt louche. Calmement, je répondis alors :





Dit-elle pointant quelque chose du doigt. Et c’est là que je constatais avec effroi, que notre camarade, précédemment secouru, s’était fait massacrer pendant que j’allais chercher ma sœur. Ligoté à un arbre, des entailles sur tout son corps. Meurtri sauvagement à coup de couteau… Je ne su comment réagir, il était un Chikara certes, mais je comprenais surtout que ces bandits n’avaient aucune pitié à notre égard. Je regardais mon aînée descendre vers son corps sans vie, je ne pouvais pas bouger, je voulais simplement partir d’ici et nous mettre en sécurité. Mais il était trop tard visiblement… derrière nous, tout un groupe arrivait pour nous encercler, nous ne pouvions plus reculer ni avancer à cause de la zone piégée. Au même instant, je regardais vers ma sœur qui sortait alors un kunaï, nous n’avions plus d’autre choix que de nous battre. Je l’imitais alors, dégainant mon épée.

Le temps défilait, des secondes, puis de longues minutes. Nous avions beau nous battre comme des chiens enragés, nos ennemis arrivaient toujours inlassablement. J’avais du descendre du haut des arbres pour venir en aide à ma sœur. Plus le temps passait, plus nous nous retrouvions dos au mur et épuisées. Il ne restait alors que quelques hommes, dont l’un possédait du chakra, ma sœur était presque à court de son côté, mais moi, je ne voyais pas quel jutsu pourrait nous sortir de cette situation. Sans endurance, ni chakra, le combat semblait perdu d’avance. Alors que je me débarrasser de deux d’entre eux, je tombais à genoux. Je n’en pouvais plus, j’en relâchais même mon arme.



J’étais à la merci de l’un des leurs, il s’apprêtait à me tuer, sans que je ne puisse réagir. Et pourtant… ce ne fut pas ma fin. Je ressentis une giclée de sang m’arriver sur le visage, et mes yeux fatigués se levèrent immédiatement. C’est là que je vis ma sœur, une épée plantée dans le bras, trancher la gorge de mon bourreau avec son kunaï.



J’entendis à peine ses mots, je tombais de tout mon point sur le sol. Tout ce que je voulais, c’était quelque seconde de repos… juste un instant. Je ne vis pas ce qu’il se passa à ce même instant, je n’entendis que la voix de ma sœur :



Puis une gigantesque explosion qui me repoussait moi même à quelques mètres de ma position. Secouée, je reprends à peine conscience. Des flammes, un trou béant dans le sol… et ma sœur allongée au sol à quelques mètres plus loin. Immédiatement, l’adrénaline prend le dessus sur le reste, usant des forces qu’il me reste je rampe jusqu’à elle. Je comprends à peine ce qui vient de se passer, cette explosion.. l’un des parchemins d’Aïto ? Ce Chikara possédait des notes explosives, mais ma sœur avait-elle prit le risque de les utiliser ? Elle était à peine consciente, et légèrement brûlée de part et d’autre, les plus gros dégâts semblaient provenir de l’onde de choc plus que de l’explosion initiale…





Sa voix était faible, et le sang glissant hors de sa bouche n’augurait rien de bon. Je ne savais plus quoi faire, nos ennemis n’étaient plus, mais très bientôt, ma sœur non plus.



Je ne croyais pas mes propres mots… je n’arriverais jamais à la ramener jusqu’à Konoha dans mon état actuel. J’avais la quasi totalité de mon chakra mais… je ne pouvais rien pour elle. C’est alors que je me souvins d’une très ancienne discussion.





Je relevais alors ma manche, je n’avais jamais testé mon don avant aujourd’hui. L’on m’avait demandé de la parcimonie ? Ma sœur était une raison suffisamment valable pour risquer sa propre vie. Je refusais qu’une fille aussi talentueuse qu’elle ne se sacrifie pour moi. Je tendis alors mon bras vers elle, dans l’espoir qu’elle ne vienne le mordre.







Elle ne m’écoutait jamais, madame avait toujours raison. Elle allait se laisser crever ici ? Je pensais que oui, mais finalement elle acquiesça avant de saisir mon bras. Je fis un sourire, suivit d’une grimace à cause de la douleur. Les minutes passèrent, mon chakra disparaissait et je commençais à ressentir les blessures de ma sœur sur mon corps. Soudain… Plus rien, le trou noir. Mais, l’on peut facilement deviner que mon plan fonctionna, et que ma sœur me ramena jusqu’à Konoha en vie. Je me réveillais, trois jours après dans mon lit d’hôpital. Je souffrais encore des blessures que j’avais choisis de m’infliger, mais ma sœur était en vie, et ma mère reconnaissante à jamais de ce geste à son égard. C’est ainsi que je compris à quel point mon pouvoir était puissant. Pas pour moi, mais pour la personne qui en bénéficiait. Ainsi, je pourrais permettre à des shinobis puissants de repartir au combat après une défaite, leur octroyant une seconde chance de sauver le village au besoin… Mais vous savez quoi ? Je n’en avais rien à battre. Ma sœur était une exception, et ce village remplit de Chikara pouvait bien crever. J’étais déjà égoïste, et je le resterais.