Le soleil venait de montrer le bout de son nez à l’horizon. J’étais très matinale aujourd’hui, je n’avais pas que d’autre choix de l’être chaque fois que mon père me convoquait de toute façon. J’imaginais qu’il avait une autre mission pour moi, j’espérais simplement que je n’allais pas à nouveau me retrouver en compagnie de cette foutue Hattori… Cela fait des années, et pourtant, j’éprouve toujours une certaine rancune envers la « reine des neiges », hors de question d’à nouveau l’accompagner en mission. J’entrais alors dans le bureau de mon paternel, je le vis, assis, l’air pensif. Refermant la porte derrière moi, je dis alors calmement :
« Vous m’avez faite demander, Père ? »
« Shina… Oui, j’ai quelque chose pour toi. Itsuke m’a rapporté que tes progrès en ninjutsu étaient impressionnants. Il paraît même que tu as été capable d’utiliser une nouvelle forme de katon ? »
« En effet, Père. Itsuke-san m’expliquait que j’avais hérité des affinités de Mère. J’ai ouï dire que c’était une femme très talentueuse. »
Je vis immédiatement que ma comparaison lui avait déplu. Nous ne parlions jamais de ma mère, c’était un sujet tabou, malgré mon envie d’en apprendre plus à son sujet… Jamais je n’eus l’occasion de la connaître, alors, je ne peux pas dire que son absence me peine, difficile de regretter quelqu’un que vous n’avez jamais connu. Mais j’aurais aimée savoir d’où je venais, quelle genre de femme elle était. Il paraissait que mon père était lui aussi bien différent à l’époque. Mon frère et moi lui avions coûté la vie, notre naissance avait été difficile, et notre paternel ne s’en était jamais remit. Il me répondit alors froidement :
« C’est de toi dont il est question. De ce fait, tu vas partir t’entraîner à l’extérieur, pour deux années. »
« Deux ans ? N’ai-je pas déjà atteint le niveau que vous désiriez Père ? Qu’est-ce qui justifierai une aussi longue absence de ma part ? »
« Ne te méprends pas. Tes capacités ne sont pas encore à leur maximum. Tu dois pouvoir espérer rivaliser avec les meilleurs généraux de Kumo, je n’en attend pas moins de ta part. Tu iras donc durant deux ans t’entraîner dans les Monts Kaminari. Là-bas, tu passeras à l’étape supérieure de ton apprentissage. »
Les régions montagneuses ? Qu’étais-je supposée trouver de plus là-bas qu’ici ? Mon père était autrefois quelqu’un d’ambitieux, je crois qu’il s’attendait à ce que je prenne sa relève puisque mon frère n’était plus des nôtres… Ce n’était pas mon souhait, mais avais-je d’autre choix que d’obéir ? Pas vraiment, ma vie, ma réputation reposaient sur les épaules de mon père. J’étais sa protégée, l’unique enfant qu’il lui restait. À cause de tout cela, j’avais eu une vie rythmée par les devoirs et les obligations en plus d’un nombre d’entraînement incalculable. Je n’avais donc jamais réellement eu de vie. Alors, malgré le fait que j’étais peu encline à l’idée de partir du village, je m’inclinais respectueusement devant mon paternel.
« Si c’est ce que vous désirez Père, alors j’irais. Serais-je accompagnée par Itsuke-san ? »
« Non, un autre Hattori t’accompagnera. Je ne sais pas si le nom de « Nori » te dit quelque chose. Bref, il devrait arriver d’une minute à l’autre de toute façon, tu le rencontreras bien assez tôt. »
En effet, alors que nous discutions, nous entendîmes la grande porte du hall s’ouvrir, puis se claquer, signe de mon nouveau « partenaire » était arrivé…