Une servante et sa maîtresse

Tu étais les bras croisés dans l'un des fauteuils de la grande salle. Aucun client n'était présent, du moins, pas encore. Il était trop tôt pour les accueillir. Bien que l'établissement offrait une plage horaire relativement large, vous n'ouvriez jamais durant les matinées. Vous aviez estimé cela trop peu rentable et cela permettait d'offrir un répit à vos employés. Vous étiez probablement l'un des rares établissements dans ce domaine à se soucier autant au bien-être de vos servants. Quoi de plus normal ? Vous aviez grandi au sein d'Ahen et de son lot de serviteurs. Vous aviez été éduqué par les Miwaku qui travaillaient en ce lieu, alors, ce clan était finalement comme une extension de votre famille.

Dans ta main, se trouvait un verre d'alcool. Du whisky plus précisément. Bien qu'il était encore tôt, à tes yeux, il n'était jamais trop tôt pour s'offrir un bon verre. Tu savais pertinemment que si Fusamune ou bien Miyu t'apercevait ainsi, ils t'offriraient une engueulade. Ils tentaient tant bien que mal à soigner ton addiction. Mais, nul ne pouvait soigner celui qui ne le désirait pas. Tes yeux étaient rivés sur la scène vide. Seuls les instruments y logeaient fièrement. Tu étais pensive. Un de vos musiciens avait pris sa "retraite", ou tout simplement avait-il décidé de faire autre chose de sa vie. Toujours était-il qu'il lui fallait un successeur. C'était la raison même de ta présence si matinale dans cette immense salle vide. Tu avais convoqué l'une de tes servantes. Une à laquelle tu t'étais quelque peu entiché. Certes, elle était discrète, mais sa compagnie ne t'était pas désagréable. Hina, une Miwaku. Jusqu'à ce présent, son rôle était davantage axé sur le service. Elle gérait le bar et veillait à ce que chaque bouteille mise à disposition des Hattori ne se retrouve jamais vide. De temps à autre, lorsque la main d'œuvre manquait, elle s’affairait également au ménage, bien que cela se trouvait être exceptionnel. Elle était jeune et belle, et ce genre de critère se devait de se trouver au plus proche de la clientèle, bien évidemment.

La porte s'ouvrit, c'était elle. À l'heure pour son entretien. Tu lui fis un signe de la main pour l'inviter à s'asseoir à tes côtés. Ou du moins, sur le fauteuil qui se trouvait à ta gauche. Tu posas ton regard jaune sur son visage gracile.



Tu bus ta dernière gorgée et vins déposer ton verre sur une table qui se trouvait entre vos deux fauteuils.

Pas faire de vagues, rester discrète, ne pas attirer l'attention, c'était ma manière de vivre depuis toujours, je n'étais pas ce genre de nana exubérante qui montraient leurs fesses pour une bouché de pain et un verre de vin, ni de celle qui parlait fort pour qu'on remarque leur existence. Non j'étais de celle qui était discrète, qui faisait son travail sans poser de questions, et qui faisait en sorte que le travail soit toujours bien fait.

Ce matin là, j'avais été convoqué par l'un de mes employeurs, je les connaissais bien tous les trois depuis de nombreuses années, et je savais que cela n'était sans doute pas pour une mauvaise nouvelle. En arrivant dans ce lieu devenu ma deuxième maison, je voyais Satoko verre à la main. Elle avait vraiment un problème de bouteille, je lui aurais bien dit de ralentir la cadence, mais vous vous souvenez ? "Pas de vagues". J'écoutais attentivement ce qu'elle avait à me dire, et d'un sourire léger ne montrant pas mes dents je lui dit.



Par pitié, le bar et la scène, plus de ménage ! J'espérais accepter et que les choses se déroulent comme ça. Le ménage normal n'était pas un soucis, mais les salles occupé par un trop grand nombre de personne, nettoyer les sécrétions... Non merci.



Qui serait assez fou pour refuser une promotion, qui serait assez fou pour refuser d'être payé en faisant son hobby ?



Je connaissais ses vices, je les connaissais bien tous les trois, l'avantage d'être discrète et de ne pas faire de vagues, c'est qu'on observe... Je savais qu'elle aimait boire et regarder, peut-être que me voir danser finirais de la convaincre...

Elle dansait. Fort bien, cette nouvelle égayait ta journée. Quoi de mieux que de posséder une musicienne et une danseuse réunit en un seul être. Ainsi, elle allait pouvoir alterner son rôle selon les disponibilités des autres employés. Tu souriais alors, d'un sourire sincère en regardant Hina. Elle te proposait une démonstration, chose qui bien évidemment, tu allais accepter. Probablement, savait-elle l'experte que tu représentais dans le domaine musical. Toi qui avais grandi au contact des instruments les plus luxueux de Kumo. Toi qui avais appris, au côté de tes cousins de jouer de ses nombreux instruments. Toi qui les chérissais plus que tout, mais qui surtout, appréciais la mélodie qu'ils offraient.



Tu t'enfonças dans ton fauteuil, alors que ton menton vint se déposer dans le creux de ta main. Tu étais curieuse et ton regard émettait une lueur amusée par la situation. Puis d'un coup, tu te redressas et montas sur l'estrade qui se trouvait face à toi. Ta main vint caresser le violon, ton instrument de prédilection.



Tu vins déposer le violon au niveau de ton cou et ton archet se posa sur les cordes, tu étais prêtes.

La première démonstration allait donc être musical, je présume que la danse viendrait après, je la voyais se saisir d'un violon, je jouais de nombreux instruments, s'était un moyen pour moi de m'occuper pour ne pas être tenté de sortir de chez moi en dehors du travail. Je ne voulais vraiment pas me faire trop remarquer. La voyant prendre cet instrument, j'allais alors le saisir du violoncelle le plaçant fermement entre mes cuisses, nous allions passer un agréable moment.



Je commençais à jouer, complètement habité par la musique, les instruments à corde c'était mon truc, violon, violoncelle, Contrebasse, guitare, banjo etc. Pas d'instruments à vent, pas de percussions cependant. Quand je jouais j'étais comme dans une sorte de trans méditative, je n'étais plus vraiment là, et ceci dura pendant de longues minutes, nous partagions un moment hors du temps, un moment où nous étions à la fois en rivalité et tellement proche l'une de l'autre, comme si un lien invisible se formait grâce à la musique. Une fois fini je pris quelques secondes pour le remettre de mes émotions puis je dis.



Je savais ses moyens de prendre du plaisir bien différent du commun des mortels, mais j'espérais qu'elle eu autant de bonheur que moi à jouer durant ce moment de musique douce et enivrante...

Tu jouais, encore et encore, des minutes durant, aux côtés d'Hina. Tu laissais ta main précise faire mouvoir parfaitement l'archet. Le coffre du violon offrait une mélodie harmonieuse, rythmé par tes longs doigts fins sur les cordes. Tu avais fermé les yeux dès le commencement de votre duo. Tu te laissais transporter, au gré de tes émotions. La musique avait toujours été pour toi une grande source d'émotion, tant négative que positive. Tu t'offrais entièrement à ton instrument, n'existant plus que lui, loin du public pour lequel chaque artiste jouait. Tu étais dans un monde, ton monde. À tel point, que finalement, tu n'apportais guère d'importance à ce que produisait Hina. Tu savais seulement que cela était parfait, auquel cas tu n'aurais pas réussis à quitter l'instant présent.
La mélodie s'arrêta. Tes mains retrouvèrent leurs calmes, et ce, naturellement. Comme bien souvent, une larme avait perlé sur l'une de tes joues. Tu étais ému.



Tu redescendis de l'estrade. Ton pas était lent et gracieux. Et naturellement, en essuyant ton unique larme, tu revins prendre place dans ton fauteuil. Tu levas la main, comme tu le faisais si souvent lorsque tu ordonnais certaines choses à tes servants.



Tu te laissas tomber en arrière, dans ton fauteuil, alors que tu venais croiser tes jambes fines et longues. Était-ce de la curiosité malsaine ? Loin de là, tu appréciais les belles femmes, et tu appréciais les voir danser, mais pour autant, à cet instant, tu n'avais que pour seul rôle, être décisionnaire. Tu espérais simplement qu'Hina aurait le même talent pour la danse, que pour la musique...

Le moment avait plus, il était parfait magnifique, et Satoko avait l'air d'avoir ressenti la même chose, pour mon plus grand bonheur. Maintenant il était l'heure de danser, et je savais le faire également, beaucoup de danse, mais là je savais quel genre de danse était désiré dans cet endroit. Il fallait que ma danse donne envie aux clients d'aller plus loin dans les délices de Ahen, bien sûr, dans ce cas là je ne participerais pas. Enfin j'espérais que ce n'était pas une petit clause dans le contrat.

Je relevais mon chemisier pour le nouer en dessous de la poitrine, je laissais alors apparaître mon ventre plats et suffisamment musclé pour compter quatres abdominaux. La musique en fond sonore serait suffisante.

Je commençais une danse sensuelle et lassive en fixant Satoko dans les yeux avec l'air d'une lionne sur le point de dévorer sa proie. Je faisais bouger mes hanches, et réaliser une danse du ventre proche de la perfection.

Ceci dura de longue minutes, nos yeux fixais l'un dans l'autre, comme si elle était mon monde, que cette danse, chaque mouvement de mon corps, chaque respiration lui était dédié. Je voulais même lui faire regretté de m'avoir laissé au service et au ménage toutes ces années plutôt que de m'avoir mis sur scène. De la sueur perlé légèrement sur mon ventre, le tout dura de longues et délicieuse minutes, et quand la musique s'arrêta je dis légèrement essoufflé.



Même si certains événements de ma vie me coupaient des autres, je restais une véritable Miwaku dans ma culture, une véritable amoureuse de l'art sous toutes ses formes...

Tu observais, curieuse, Hina relever son chemisier et venir le nouer juste en dessous de sa poitrine. Tu admirais sa plastique parfaite. Un ventre plat, une musculature légèrement dessinée. Elle était totalement le genre de femme pour lequel tu pourrais craquer. Cependant, bien que la danse te plût, tu n'étais pas là afin de te rincer l'œil, et tu regardais davantage la perfection de la gestuelle que tu écoutais le désir qui aurait pu grimper en toi, il y avait des années de cela, avant de renoncer à toute pratique sexuel direct.
Cet instant dura de longues minutes, avant qu'Hina cesse de se déhancher et finisse par demander ton avis. C'était parfait. Tu étais persuadé à cet instant que la Miwaku ne verrait plus souvent le bar et se trouverait le plus clair de son temps sur l'estrade qui te faisait face, soit un instrument entre les mains, soit en train d'offrir une admirable danse. Alors, tu frappas dans tes mains à quelques reprises, un simple applaudissement.



Tu te redressais de ton fauteuil. L'entretien était fini, tu avais vu ce qu'il y avait à voir et tu avais été comblé par le résultat. Tu fis quelques pas en direction de la porte avant de te retourner.



Tu franchis alors la porte, sans prononcer un autre mot.