Alors que la vieille femme nous invitait à dîner je la regardais peu à peu et semblait ne voir qu'une esquisse un peu plus vieille de l'ancienne femme que j'avais auparavant vu. J'étais jeune, j'avais environ seize-ans peut-être un peu plus, qu'en sais-je, lorsque je suis venu la voir pour la dernière fois. Elle était radieuse, elle devait avoir un peu plus de la vingtaine et bien moins que la trentaine, je l'adorais. Elle m'avait recueilli dans ce pays de misère, elle m'avait nourri sans pouvoir parvenir elle-même à ses besoins, mais elle l'avait fait.
Sa générosité était celle d'un dieu et sa gentillesse était celle d'un ange. Pourquoi était-elle née dans ce taudis,... je ne savais pas. Mais avec le temps j'imaginais que tout ceci n'était pas arrivé par hasard, pourquoi avais-je rencontré une si belle personne dans un taudis ? Pourquoi avais-je quitté un pays que j'adorais et décidé de voyager à travers le monde ? Il y avait des raisons à tout ça et je pensais que j'avais rencontré cette femme pour donner raison à mes idéaux, pour être poussé par sa gentillesse afin qu'un jour, je puisse espérer revoir son sourire dans une maison qui ne laissait pas des gouttelettes tomber sur le sol.
Je suis un homme niais, je suis un homme très idiot et candide, il y a bien des choses qui font de moi un piètre révolutionnaire, mais il y avait aussi tant en moi qui me poussait à aller de l'avant. J'étais idiot, niais et candide justement parce que seulement un abruti pouvait croire qu'il pourrait changer le monde ! C'était là qui j'étais, l'abruti du siècle, celui qui mourrait sûrement en premier, mais comme dit un philosophe même quand un homme meurt, l'idée ou l'image qu'il représentait n'en devient que plus forte et demeure dans l'éternité ! Je veux être ce genre d'Homme, je veux me battre pour le faible, je veux être le Robin des bois de ces pauvres gens... Mais pour cela il me faudra bien un petit Jean à mes côtés et peut-être même un frère Tuck ! Finalement je ne veux pas seulement être cet Homme, je le serais !
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La jeune femme, moi et Jin discutions à table comme de petits fous, elle était gentille, adorable et acceptait Jin comme un petit frère de ma personne. Celui-ci avait déjà laissé tombé sa timidité pour s'apprêter au jeu de cette dernière, peut-être lui-même commençait-il à l'apprécier... Je savais que j'avais bien fait d'amener ce gamin ici, après tout il ne pourrait qu'en sortir plus fort et de plus je serais là pour l'aider à relever la tête si jamais cette dernière venait à regarder le sol une nouvelle fois....
C'était une belle journée de misère, magnifique....