Le singe a bien révisé son histoire. Il n’ignorait pas le passé des Sekkens et il ne se trompait pas sur leur réussite pour survivre. Vivre sous le joug d’un village qui vous a anéanti doit être une épreuve presque insurmontable. Au fond, même si le clan persistait, n’avaient-ils pas tout perdu en se cachant de la sorte ? Sans famille, sans même savoir si leur nom persiste… une bien étrange sensation parcourait tout mon corps et je me retrouvais à avoir de l’empathie pour ces hommes et ces femmes. Quelle malédiction !
Demandais-je en réponse à mon accompagnateur.
Une nouvelle fois, le Gaikotsu au masque effrayant jouait la carte de la chance. Nous cherchions une aiguille dans une botte de foin, à l’image de son vieil ami perdu dans l’immensité du Yuukan. Pour autant, son désir de parcourir les plaines d’Hana n’était pas sans sens. Les rumeurs vont bon train et beaucoup parlent de Sekken dans cette région. Ils sont si discrets et peu bavards, que cela reste à l’état de rumeur.
« J’veux pas dire, mais on s’balade encore sans le moindre indice. »
Affirmais-je avec ma moue habituelle, cette fois-ci accompagné d’un haussement d’épaule.
« Sérieux, on va devoir se taper toutes les fermes du coin ? »
Le regard de Red, malgré qu’il soit caché, en disait long et me glaçait toujours autant le sang.
« M’regarde pas comme ça, tu fais vraiment flipper! C’est bon… j’ai rien dit! »
Dans notre interminable ascension de cette pente herbeuse, nous nous retrouvons dans une petite ferme qui paraissait inhabitée. Alors que nous parcourions cette gigantesque ferme, nous ne pouvions que constater les enclos vides. Pas l’ombre d’une vache, de moutons ou encore de poules. Non loin de ces derniers se trouvait une habitation de fortune dont la porte était restée entrouverte comme si son propriétaire était partie à la hâte.
« Regarde là-bas, il y a peut-être quelqu’un ? »
Calmement et sans geste brusque, je décide de partir en direction de la maison. D’un geste délicat, je pousse la porte et entre en m’annonçant.
Aucune réponse. L’intérieur est en pagaille et montre des signes de déménagement hâtif. Laissant mon esprit curieux me pousser vers les deux autres pièces de l’habitation, je remarque que l’une des chambres est celle d’une petite fille. Ces chambres sont vides et présentent les mêmes signes que le reste de la maison.
« Il faut croire que tout le monde est parti, ici. »
Dis-je à Red. Il faut croire que cette première étape ne sera pas couverte du succès.
« Tu devrais fouiller la chambre, il y a des jouets de gamine. »
De mon pouce, je désignais la chambre qui se trouvait dans mon dos.