La mort dans la peau

Aïko n'était pas particulièrement à l'aise et le fait d'être convoquée seule n'était que rarement une réjouissante nouvelle au sein de ce nouvel Empire. S'était-elle faite trahir par les autres ? Ce n'était pas si improbable, ils craignaient tous la nouvelle Impératrice. Celle-ci n'était pas du genre à pardonner comme son frère et cette femme encapuchonnée était connue dans le village comme particulièrement active dans les prises de décision.

L'héritière était debout dans cette salle extraordinairement grande. Elle fit un signe à la Kaguya qui n'était que la gardienne de ce lieu, celle-ci ouvrit alors la porte. Shizuka ne fut pas spécialement bavarde et répondit le plus simplement possible :


Sans attendre, la sous-fifre s'en alla. Dans un coin dans l'ombre, la Prêtresse ne tarda pas à intervenir.


Shizuka se tourna alors :

Encore cette étrange vision... Kazuko tendait sa main vers la cage dorée où un bel oiseau y était enfermé. Elle venait à peine de revenir à la réalité, mais... encore une fois... elle lui est apparue... il lui est apparu... toute cette obscurité... tout était flou pour l'Okasan. Tout. Elle ne savait si elle dormait éveillée ou si elle était réveillée...

Gracieusement et lentement, elle se relevait de son zabuton. Elle était en train d'écrire une lettre importante, mais énormément raturée à cause de sa "crise". D'un pas de souris, elle sortait de sa suite afin de retrouver l'Impératrice dans la grande salle principale du palais. Mais lorsque la jeune arrivait, elle surprit sans le vouloir de son plein la conversation entre cette "femme" et Shizuka-sama. "L'héritier de la lumière" ? "Un élément important pour lui offrir la liberté" ? Est-ce que l'image de la clé dans la vision de Kazuko était liée ?

Elle ne pouvait rester bien là éternellement et feindre l'ignorance à la dernière minute. Alors, la femme à la chevelure longue et rose vint frapper trois fois à la grande porte pour annoncer son arrivée. Une stratégie risquée qui pouvait lui coûter le cachot ou bien la mort si l'Impératrice venait à découvrir que l'Okasan à écouter les quelques mots de l'autre côté de la porte.


Prononçait-elle d'une voix troublée, mais douce.

Le visage pâle, les regard comme absorbé par l'Avenir et la crainte de voir ses précieux enfants mourir définissaient parfaitement l'héritière. Depuis le départ soudain en mission de l'actuel Empereur, elle s'était imaginée jouir d'une liberté nouvelle et réconfortante, mais.. Elle se retrouvait finalement dans une énième prison. Sa vie d'aujourd'hui était-elle vraiment différente de celle vécue lors de son passé de captive ..? Kenketsu Hatsuharu était-il finalement un bourreau plus supportable que le poids de la vie ? Shizuka se torturait l'esprit nuit et jour pour une porte de sortie aux siens. Elle combattait son Destin, elle protégeait ses enfants comme elle le pouvait. Malgré ceci, elle ne pouvait plus ni les voir ni les aimmer une comme une mère aimante. Son fils était continuellement en mission et sa fille était bien plus occupée à souhaiter le retour de son père.

Intérieurement, Shizuka maudissait Masashi. Elle le maudissait d'avoir pu ignorer ses sentiments, elle le maudissait de vouloir prendre le bon rôle et surtout, elle le maudissait de tenter de vivre au présent. L'Impératrice n'avait pas ce luxe, elle devait constamment lever ses yeux vers l'horizon et surtout, elle était finalement la seule à prendre son rôle au sérieux. Dorénavant, les Kumojins acceptaient sa position et ce désir ardent de conquête. Pour Shizuka, il n'y avait malheureusement pas d'autre solution, l'Empire devait muter en quelque chose de plus grand avant qu'il ne soit trop tard.

La Okasan ne tarda pas à déclarer son attente, Shizuka n'hésita pas :


La prêtresse ne disait rien. Elle savait ce qu'elle avait à faire...

L'Okasan entrait dans la salle.


La jeune danseuse à la mine déconfite s'avançait à petit pas jusqu'à l'Impératrice avant d'y effectuer sa révérence. Elle se relevait d'un geste habile et léger, comme si le vent la portait.




Kazuko expirait presque essoufflée de donner toutes ces informations.


Elle s'arrêtait de parler subitement, fixant cette "femme". Une étrange sensation de déjà vu en observant la silhouette fine de cette étrangère. Son altesse allait certainement faire preuve d'impatience, Kazuko le réalisa et s'empressait de reprendre le court de sa phrase.

Il ne manquait plus que cela... Une vision de la part du clan Miwaku. Celle-ci n'était sûrement pas universelle, mais Kazuko était reconnue pour sa sensibilité avec ce phénomène inexplicable. Ce rapide constat obligea l'Impératrice à écouter la suite. Bien qu'elle se sentait dirigée par une mission divine, Shizuka était une femme très sensible et les mots de Kazuko perturbèrent quasi instantanément la femme à la coiffure sombre. Concernant sa faciès, l'Hattori s'inspirait de son mari absent en ne bougeant pas d'un cil. Elle s'approcha alors de la Miwaku et posa sa main sur son épaule droite.


Certains diront qu'elle parlait à la jeune Miwaku comme à un enfant, mais ce n'était pas exactement cela. Pour Shizuka, Kazuko était jeune et naïve et il fallait ainsi la protéger du monde des hommes... Dans un certain sens, oui, Kazuko était comme sa jeune fille qu'elle devait protéger des immondices de ce monde.


De nombreuses personnes étaient assez idiots pour penser que Shizuka était une femme simplement sur le déclin... Une femme qui se fichait des autres et qui ferait tout son possible pour sauver les siens. Ce n'était ni vrai ni faux. L'Hattori était surtout une personne qui était capable de croire en tout pour sauver son village. L'Impératrice avait pu souffrir pour plusieurs vies et cela suffisait amplement à la motiver à prendre les décisions difficiles.

Bien évidemment, son altesse ne se contenterait pas de cette simple vision à demi-interprétée. La jeune femme à la chevelure rose devait fouiller dans sa mémoire pour pouvoir décrire ces individus... Par qui commencer ? Pour mieux se concentrer, Kazuko s'abstenait de prendre la parole fermant ses yeux. Il lui fallut quelques instants pour enfin parvenir à apercevoir quelques détails sur les visages de ces "êtres venus d'un autre monde". Une inspiration profonde pouvait être entendue et c'est à ce moment précis que la demoiselle prit une nouvelle fois la parole. Toujours les yeux clos.


Et comme foudroyer de ce regarde, Kazuko sentait d'avantage cette pression. Quelqu'un s'amusait-il à jouer avec sa vie ? Ou n'était-elle que la messagère choisit pour ses visions ? Était-ce plus l'appréhension de la réaction de Shizuka-sama qui lui filait ce drôle de ressenti ? Elle n'y croyait pas.


Inconsciemment, l'Okasan venait de plonger une nouvelle fois dans ses visions. Elle ne se rendit pas compte qu'elle était à moitié consciente.


Ces derniers mots étaient étranges. Elle répétait pourtant ce qu' " il " lui disait.


Ce message était dédié à une personne dans cette pièce. Kazuko ouvrit enfin les yeux avant de poursuivre comme-ci de rien ne s'était passé.


Alors que pour l'Okasan, le peu qu'elle a pu voir lui faisait étrangement penser à la femme derrière Shizuka-sama.


La jeune femme était un peu honteuse, mais elle gardait son visage impassible et ses traits de visage fatigués.


Kazuko en avait-elle trop dit pour "eux" ? Elle sentit son cœur faiblir et son corps la lâcher en l'espace de quelques secondes. De manière gracieuse et avec la gestuelle apprise par coeur, la femme à la longue chevelure rose prenait son mouchoir rangé soigneusement dans la ceinture de son kimono, puis vint tapoter son front et son cou avant de le remettre à sa place.

Shizuka peinait à ne pas agir afficher le moins faciès d'étonnement, la vision de la Miwaku était plus claire qu'il ne le semblait pour l'Impératrice. Bien évidemment, elle connaissait le danger de suivre une femme encapuchonnée dans un délire digne d'un mauvais conte. Bien sûr qu'elle se savait être considérée comme manipulée... L'Impératrice était peu inquiète par le regard des autres, une seule chose obnubilait ses nuits ; ses enfants. Elle ne pouvait guère espérer offrir un avenir sombre et funeste ou une vie similaire à la sienne à ses deux enfants. Non, elle ne voulait pas forcer sa fille à épouser son fils et être enfermée dans une pension. Shizuka se fichait de mourir pour offrir un monstre plus réaliste aux siens et bien qu'elle semblait s'endormir sur ses lauriers, elle réunissait le nécessaire pour doubler cette Prêtresse. Tandis que la Miwaku reprenait son souffle, la femme se mit alors à parler à voix basse en souriant :


En la vouvoyant, Shizuka souhaitait lui transmettre une certaine amitié tout en ironisant cette situation. La gestionnaire de l'Empire Hattori connaissait bien l'identité de la femme dans la vision de la Miwaku, c'était sûrement la Prêtresse en personne. D'après un espion Kumojin, la force de l'Est était bien souvent pointée du doigt dans l'Histoire du monde civil. Pour être honnête, elle avait toutes les raisons de croire que quelqu'un s'était amusée à opposer les hommes aux utilisateurs du Chakra. Comment ? Via de nombreux accidents reportés, Miwaku Nobuhisa avait été clair à ce sujet, Kumo était accusé illégitimement de nombreux crimes. Pour la fille d'Hattori Sakurako, il n'y avait pas de doute à ce sujet et une personne très capable s'était jouée du monde ninja. Bien évidemment, la Prêtresse ne disait pas tout et elle était liée à de nombreux complots.

Concernant la vision, Shizuka était aussi rassurée de ne pas connaître l'identité de la femme, cela pouvait signifier qu'elle avait encore sa chance de retourner les cartes en son avantage. Toujours souriante, elle ajouta alors :


Bien qu'elle n'en pouvait être certaine, l'Hattori était surprise d'avoir une description si précieuse du DIeu... Cela signifiait que dans l'état actuel des choses, ce dernier pourrait bien prendre vie. Shizuka ne pouvait pas prendre ce risque d'être dépendant de la volonté d'un autre. Son objectif était simplement d'utiliser son énergie et pas de converser avec lui. Elle saisit alors une main de la belle Miwaku et dit alors :

Cela interpellait Kazuko. L'impératrice sembla peu inquiète, ou alors ne le montrait-elle tout simplement pas ? Pour le moment, elle ne chercha pas à s'interroger plus que ça sur la question. Elle se contentait de la bienveillance de son altesse.


Y avait-il un lien supplémentaire avec cette femme ? Les visions étaient-elles des messages dont la belle Shizuka-sama se devait d'être informée au point d'en avoir plus et des détails plus précis en sa présence ? Ou était-ce celle de cette femme encapuchonnée ? L'Okasan tentait de chasser toutes ces questions et se contenta de répondre poliment à l'invitation de sa grandeur pour le thé.


Elle s'inclinait gracieusement, fermant ses paupières et abaissant la tête. La femme ce sentit honoré et pourtant, elle avait un mauvais pressentiment. Un véritable paradoxe, n'est-ce pas ?


À l'annonce de l'heure, Kazuko usait de son genjutsu pour y faire apparaitre des pétales et sortir de façon spectaculaire en jouant de ses éventails. Un remerciement envers celle qui semblait se soucier de son état actuellement.