Environs du désert de Kaze | 11h20
Au petit matin, la petite équipe ne tarda pas à reprendre son chemin. Ils n’étaient plus qu’à quelques kilomètres du point de rendez-vous et avaient encore de longues heures devant eux pour y parvenir. Mais la Kitto souhaitait y arriver en avance, afin d’examiner les lieux et de planifier son coup. Elle redoutait la réaction du fameux contrebandier lorsqu’il se rendrait compte qu’il avait été dupé, par une Konohajin qui plus est.
Après deux petites heures de marche, les deux Konohajins trouvèrent enfin le lieu qu’ils souhaitaient. Une petite bicoque située à la lisière du désert, presque en ruine, dont le toit ne demandait qu’à s’effondrer. Le lieu semblait, à première vue, abandonné depuis longtemps, mais certaines traces laissaient penser qu’il y avait toujours du passage dans le coin. La Kitto ne douta pas longtemps, il s’agissait du coin de passe dont on lui avait parlé.
« Nous y sommes, notre contact ne devrait pas tarder à arriver. »
Uzume observa l’extérieur, le lieu était particulièrement exposé. Peut-être leur fameux contact les avaient-ils déjà repérés depuis bien longtemps. Alors, comme à son habitude, il ne tarda pas à questionner les ordres de sa supérieure.
« Vous êtes sûre de votre plan ? S’il n’est pas seul le terrain n’est pas vraiment à notre avantage. »
« J’ai « promis » un objet assez rare, assez pour que tout contrebandier avisé garde son existence pour lui même tant sa valeur est inestimable. Je doute donc qu’il se fasse accompagner, la concurrence est rude dans ce genre de métier paraît-il. »
Un plan basé sur des « il paraît » et des doutes… voilà qui était des plus surprenant aux yeux du Kitto. Bien qu’il soit d’un naturel optimiste, il redoutait fortement que la situation ne vienne à se retourner contre eux.
« C’est un pari plutôt risqué… Je pensais que vous étiez plus… perfectionniste sur les détails d’un plan de ce genre. »
« Parfois, les idées les plus simples sont les meilleures. Fais moi confiance un peu, veux-tu ? »
Uzume hocha alors simplement la tête avant d’aller se placer dans la pièce adjacente où il était supposé attendre. Hegi quant à elle, resta dans la pièce principale de la bicoque, assise dans l’ombre, sur un vieux tabouret décrépit, elle commença à attendre patiemment…
Deux heures passèrent lorsque du bruit se fit finalement entendre à l’extérieur. D’abord un hennissement, puis des bruits de pas frottant dans le sable. Il se passa alors quelques secondes de silence avant que la porte à moitié défoncée ne s’ouvre enfin. Un homme seul pénétra au sein de la bâtisse, très vite il remarqua Hegi assise dans la pénombre.
« J’imagine que c’est vous que je dois rencontrer ? »
Il ne fallut pas plus d’une seconde pour que les deux Konohajins ne remarque que l’homme en question n’avait rien d’un combattant. Ni arme, ni protection, c’était sans compter son âge qui approchait facilement de la cinquantaine… En outre, il n’avait rien d’un contrebandier non plus. Pour autant, Hegi ne préféra ne rien laisser au hasard. Elle s’approcha alors de l’homme, révélant très clairement sa tenue et ce bandeau facilement identifiable par quiconque.
Demanda en bégayant l’homme qui semblait plus que surpris. Mais il n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait qu’Uzume apparu subitement derrière lui. Un coup de pied dans le genou suivi d’un kunaï sous sa gorge, et le pauvre homme était déjà à la merci des deux shinobis.
« Arrêtez ! Qu’est-ce que vous me voulez ? Je n’ai rien fais ! »
« Simple mesure de sécurité, n’y voyez rien de personnel. J’ai quelques questions à vous poser, vous faites bien parti du clan Rihatsu de Koya n’est-ce pas ? »
L’homme resta sans voix quelques instants. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et la panique commençait à prendre le dessus. Mais son instinct de survie était bon, suffisamment pour que le stress lui délie la langue aussi facilement que l’on retire une sucette à un enfant.
« Non ! Je travaille simplement pour eux. Je fais l’intermédiaire, des courses pour gagner de quoi survivre. Pitié, je n’ai rien fais de criminel ne me tuez pas ! »
Uzume, sans doute par pitié, retira le kunaï qu’il avait placé sous la gorge du pauvre homme avant d’aller se poser non loin de la sortie. Bien qu’Hegi ne lui en avait pas donné l’ordre, il jugea que l’homme n’avait rien d’une menace et qu’ils n’avaient l’air que de simples criminels à agir de la sorte. Pour autant, la Kitto ne dit rien et continua son interrogatoire comme si de rien était.
« Je recherche une fille, une kunoïchi, cheveux noirs, légèrement violacés tout comme ses yeux. Cela vous dit quelque chose ? »
L’homme écarquilla les yeux et sembla soudainement plus calme lorsqu’il reprit la parole :
« Attendez attendez, vous parlez de Kyoko n’est-ce pas ? Je me disais justement que votre visage m’étais familier, bien sûr que je la connais. Elle nous a aidé ma femme à plusieurs reprises lorsqu'elle se trouvait à Koya. Une gentille fille assurément, mais elle à disparue depuis bien longtemps maintenant. »
« Vous n’avez aucune idée d’un endroit où elle aurait pu se rendre pour se cacher ? Ou même des personnes qu’elle connaissait qui auraient pu lui venir en aide ? »
« Hélas non. Mais pour être honnête avec vous madame, même si je le savais, je ne la trahirais pas. Je sais qu’elle à fuit votre village, et bien qu’elle ne nous en ait jamais expliqué les raisons, je refuse de croire qu’elles aient été mauvaises. »
Ajouta discrètement Uzume. Une nouvelle fois, la Kitto fit l’impasse sur son comportement plus qu’agaçant. C’est alors qu’Hegi sortit un kunaï de sa sacoche. Elle s’agenouilla alors devant l’homme, et tout en regardant son arme, elle ajouta :
« Vous avez raison, elle à fuit le tyrannique village de Konoha. Et vous savez ce que les Konohajins comme moi font à ceux qui refusent de nous aider ? Nous les torturons, nous apprécions les regarder se vider de leur sang et nous supplier de mettre fin à leurs souffrances. Ensuite, il nous arrive souvent d’envoyer une partie du corps du condamné à sa famille, histoire que le message passe bien, vous comprenez ce que je veux vous dire ? »
Toujours dans son coin, Uzume leva un sourcil. Il avait du mal à croire ce qu’il était en train d’entendre. La Kitto tentait-elle vraiment d’intimider un simple civil avec ces histoires sordides et pleines de non-sens ? Il se retenait d’intervenir, torturer psychologiquement ce pauvre homme était au-delà des limites que devait atteindre un shinobi. Mais sa supérieure n’était visiblement pas du même avis. Peut-être avait-il tort finalement, peut-être même cette femme était-elle capable de se laisser submerger pas ses émotions. Pourtant, il n’en fit rien, il se contenta pour l’heure de continuer à regarder ce triste spectacle…