Entre deux verres et une trahison

L'enquête de Seijuro vire au cauchemar, révélant l'éloignement croissant de Konoha. Il se sent étranger, méconnu des dirigeants et des acteurs. Incapable de se reconnaître, il fuit dans une succession de missions, cherchant à échapper à sa propre existence.
Le Poing Divin

Dans un bar lugubre au milieu du désert, Seijuro attend, scrutant les ombres qui dansent autour de lui. Des bandits et des contrebandiers se mêlent à la clientèle, créant une atmosphère lourde de tension. Une information qu'il a payée cher lui a promis une rencontre avec une personne qu'il connaît trop bien, une personne qui pourrait changer le cours de sa vie. Seijuro commande un verre au serveur, son geste témoignant de son impatience mêlée d'appréhension.

Dialogue de personnage
« Un verre »

Assis dans l'obscurité du bar, Seijuro laisse échapper un soupir de frustration. Les murmures des autres clients se mêlent au bruit sourd de ses pensées tourbillonnantes. Konoha, autrefois son foyer, lui semble de plus en plus étranger, ses rues familières désormais peuplées d'étrangers. Les changements de politique et les nouvelles générations d'habitants l'éloignent davantage chaque jour. Il se sent dépassé, comme si le monde qu'il avait connu s'était envolé sans lui, le laissant seul dans les vestiges de sa propre histoire. La nostalgie de ce qui était autrefois son chez-lui est teintée d'un dégoût amer, un sentiment d'impuissance face à une réalité qui le dépasse. Il se sent trop vieux pour ce village qui a évolué sans lui, trop vieux pour comprendre les chemins tortueux de sa politique et les aspirations de sa jeunesse.

Le serveur s'approche, son visage usé par le temps et la saleté, une expression de dégoût gravée dans ses rides profondes. Son regard, dur et méfiant, semble demander de l'argent avant même que Seijuro ait pris une gorgée de sa boisson. Un léger rictus traverse le visage de Seijuro, révélant son mépris pour la manière dont les choses fonctionnent dans ce monde impitoyable.

D'un geste rapide, Seijuro sort une pièce de sa poche, la tenant entre ses doigts agiles. D'un mouvement précis, il la fait tournoyer dans les airs avant qu'elle ne retombe avec un cliquetis métallique dans la paume ouverte du serveur. Sans un mot, l'argent disparaît dans la poche défraîchie de la chemise du serveur, scellant leur échange silencieux empreint de méfiance et de désillusion. Au milieu du tumulte bruyant des bandits et des chuchotements secrets des Rihatsu, une femme se détache du tableau. Son allure plus raffinée et sa sérénité contraste vivement avec l'atmosphère brutale et chaotique du bar. Elle semble aussi étrangère à la mesquinerie et à la vulgarité du lieu que le Konohajin au cœur de ce repaire de contrebande. La femme, proche du Konohajin, sirote discrètement sa boisson, son comportement réservé trahissant un soupçon de nervosité. Un fâcheux tic la pousse à jeter des regards furtifs à gauche et à droite de temps en temps, comme si elle s'attendait à ce que quelque chose ou quelqu'un l'observe. Malgré ses efforts pour dissimuler son agitation, ses gestes trahissent une certaine vulnérabilité, une fragilité cachée sous une apparence de tranquillité.

Le plancher du bar, usé par le passage incessant des clients, présente des marques du temps écoulé. Ses planches disjointes et craquelées semblent narrer une histoire de lutte et de survie dans ce désert inhospitalier. Une fine couche de poussière recouvre la surface, soulevée par les mouvements incessants des pieds. Au milieu de ce chaos, un chien errant, maigre et puant, parcourt les allées de son allure maladroite. Ses pattes crottées laissent des traces sales derrière lui, tandis qu'il ignore superbement l'agitation qui règne autour de lui, comme s'il se moquait de l'effervescence humaine qui l'entoure.

L'homme soupire de plaisir en dégustant cet alcool de piètre qualité, laissant ses pensées vagabonder vers les semaines écoulées et le bain de sang qu'il a dû verser pour protéger un village civil contre une dizaine de monstres. Une tâche difficile et sanglante, mais nécessaire pour préserver l'innocence et la vie de ceux qui ne peuvent se défendre seuls. Malheureusement pour Konoha, malgré ses efforts, il ne revient qu'avec la moitié de ce qui lui était dû, une réalité amère qui pèse lourdement sur son esprit fatigué.

Publié le 17 Avril 2024 vers 16h