Le village de l'Aumône, véritable sanctuaire pour les âmes perdues dans ces terres moins accueillantes qu'à l'est. C'est d'ailleurs avec l'aide d'une bonne partie d'entre eux que les fondations d'Awa Heiwa furent posées, m'obligeant à une dette éternelle envers le village et ses habitants demeurant actuellement comme les seuls véritables amis et partenaires commerciaux proches dont nous disposons. C'est donc dans le but d'entretenir ces relations que je pris l'habitude de passer les voir de temps en temps, amenant parfois quelques offrandes ou cadeaux avec moi. Pour ce qui est de la partie plus commerciale, Shonin en reste la seule et unique maîtresse à bord.
C'est donc ainsi qu'à l'aube, je pris la route en direction de ce fameux village se situant à à peine quelques heures du mien afin d'y passer la journée. Comme à mon habitude, je pris la route seul tant les autres ont bien assez à faire au village pour se permettre ces types de déplacements. Après tout, notre second hiver ici approche à grand pas et nous devons nous y préparer au mieux.
Une fois sur place, je pris soin de saluer chacun des villageois avec qui j'étais devenu proche au fil du temps tout en distribuant mes offrandes du jour à qui voudra : des petites sculptures en bois faites par nos anciens. Ce n'était jamais rien de bien impressionnant et pourtant, ces bibelots faisaient souvent des heureux chez les enfants voyant ici un nouveau jouet à découvrir.
« J'éspère que tout se passe au mieux chez vous, j'ai entendu dire qu'un petit groupe de brigands rôdait dans les environs. »
« C'est gentil de t'inquiéter Kano, pour l'instant tout va bien pour nous, de toute façon, je ne pense pas qu'ils s'éterniseront trop dans notre secteur, ces types en quête de richesse se rendront vite compte qu'il n'y à rien de valeur à trouver ici. »
En effet, par le biais de Shonin, rôdant souvent dans le secteur, nous avons appris il y a quelques semaines l'apparition d'un petit groupe de brigands aux abords de la toundra. Normalement, autant Awa que le village de l'Aumône n'ont rien à craindre, toutefois, mieux vaut rester sur ses gardes, on ne sait jamais de quoi des hommes désespérés ou affamés sont capables.
C'est en fin de mâtinée, une fois ces heures de discussion achevées, alors que je m'apprêtais à partir manger chez l'un de mes amis du village qu'une voix dans mon dos vint me figer sur place. Cette voix là, je la reconnus en un instant et sans le moindre doute. Je marqua alors quelques petites secondes d'arrêt avant de me retourner vers Liya, ma jeune élève que je n'imaginais pas avoir la chance de revoir un jour tant mon lieu de vie actuel était si reculé et exilé de tout.
« Liya ?? Qu'est ce que tu fais là ? »
Mon visage jusque là choqué se mua en un immense sourire, accompagné d'une petite larme de joie avant de venir enlacer ma jeune élève retrouvée.
« Qu'est ce que tu as grandie depuis ! Ca te fais quel âge déjà ? 16 ans ? »
J'étais véritablement euphorique face à cette soudaine apparition des plus plaisante.
« J'ai tant de questions à te poser. J'imagine que la route fut longue et difficile jusqu'ici, avant tout, viens partager ce repas avec moi, nous avons tant à nous dire j'en suis sûr. »
Je la guida alors vers une petite bâtisse où nous attendait un couple d'une cinquantaine d'années.
« Nous t'attendions Kano, le repas est prêt à l'instant. Oh, je vois que tu es accompagné, qui est-ce ? »
« C'est fort aimable ! Permettez moi de vous présenter Liya, c'est une très vieille connaissance à moi, pourrait-elle se joindre à nous exceptionnellement ? Je partagerais ma portion avec elle si il le faut ne vous en faites pas. »
« Voyons Kano, pas de manières entre nous ! Nous avons largement de quoi donner une autre portion à ton amie ! Entrez donc et installez vous. »
Après ce bon repas durant lequel Liya ne dit pas grand chose, bien trop occupée à dévorer ce repas comme le ferait une personne affamée, le couple dû s'absenter quelques instants, nous laissant donc seuls dans leur habitation, eux ayant une pleine confiance en moi pouvaient largement se le permettre.
C'est alors que je pris finalement l'initiative d'entamer la tant attendue discussion, souhaitant surtout apprendre ce qu'elle était devenue depuis tout ce temps.
« Alors, dis moi Liya, comment as tu fait pour te retrouver jusqu'ici ? As tu retrouvée ta soeur ? »