Vestige d'un monde

Cela faisait maintenant un moment que tu avais quittée la région de Tekunoroji. Une fois parvenue à faire ce que tu souhaitais là-bas, tu avais décidée de reprendre la route vers ton objectif initial. Tu recherchais un lieu précis, et celui-ci était supposé se trouver dans la région d’Ame. Il va sans dire que c’était pas la saison idéale pour partir à la recherche de ruines perdues depuis des siècles, le froid n’aidait pas et traverser ces terres était d’autant plus difficile. D’autant que, la région n’était pas très habitée, les gens avaient tendance à préférer le climat plus au sud. Ici, c’était bien plus humide, et le temps était plus rude.

C’est alors avec grande surprise que tu aperçue au loin ce qui ressemblait à un village. Et à en déduire par la fumée qui s’échappait des toits, celui-ci était bel et bien habité. Une aubaine, car tu n’étais plus très loin de ton objectif. Néanmoins, tu te demandais quand cet endroit avait-il était bâti ? Tu n’avais pas souvenir d’un village présent ici sur les cartes que tu avais consultée. Peut-être était-ce de nouveaux réfugiés ? Il n’y avait qu’un seul moyen d’en avoir le cœur net, et surtout, c’était le bon moment pour aller te réchauffer.

Ni une ni deux, tu te mis en route dans la direction du village. Et après quelques minutes de route supplémentaire, tu arrives devant ce qui ressemble vulgairement à une porte. Cette dernière était d'ailleurs ornée d'un symbole, une simple bulle. Lorsque les gens remarquèrent ton arrivée, nombreux furent les regards qui se tournèrent vers toi. Le visage encore écorché de tes dernières confrontations et ta tenue en piteux état faisait peine à voir, mais cela n’avait surtout rien de rassurant. Encore une chance que tes armes étaient cachées, tu ne voulais pas effrayer ces gens. Après quelques dizaines de mètres au sein du village, tu te décidas à aller t’adresser à l’un deux, tu choisis une personne qui elle n’avait pas particulièrement fait attention à toi, elle se contentait de travailler. Toussotant légèrement pour attirer son attention, tu lui demandas alors :

Comme à mon habitude, après avoir apporté mon aide auprès de ceux en ayant besoin, je me dirigea vers la place principale du village, là où la majorité de nos habitants passaient une bonne partie de leur journée. Souriant et prenant le temps de saluer chacun, ce fut finalement une bien étrange présence qui me stoppa net. A seulement quelques mètres de moi, une jeune femme à l'apparence et l'accoutrement drôlement singulier semblait essayer de discuter avec l'un des nôtres, bien trop effrayé pour pouvoir lui formuler une phrase compréhensible. Après tout, depuis notre installation sur ces terres, il y a de cela 1 an, aucune âme n'avait encore pénétrée aussi aisément dans notre village. Une certaine méfiance naturelle entourait chaque âme présente sur la place, créant une atmosphère pesante autant pour nous que pour cette étrangère.



Dis-je tout en affichant le sourire le plus naturel possible.

Bien entendu, à l'instar de mes congénères, la méfiance m'habitais clairement. Une personne visiblement amochée, seule et perdue en ces terres n'inspirais pas la plus grande confiance. Soit elle serait susceptible d'attirer le danger, soit elle en sera elle même à l'origine. Toutefois, il est toujours important de conserver le bénéfice du doute, peut-être que sa présence n'augure rien de mal après tout. C'est en tout cas cette pensée plutôt optimiste que j'essaya de garder tout en continuant de m'approcher de notre invitée surprise, m'arrêtant à un bon mètre d'elle, permettant ainsi à mon congénère apeuré de s'éloigner.



J'avais bien entendu sa question précédemment posée à mon congénère, toutefois, j'espérais être rassuré sur ses intentions avant de me permettre de lui offrir quoique ce soit. D'ordinaire, je lui aurait offert l'hospitalité sans discuter, toutefois, désormais, j'ai la vie de nombreuses familles entre mes mains, je ne peux me permettre d'accueillir un potentiel danger entre nos murs en ne me basant que sur ma bonne volonté.

L’homme que tu souhaitas interroger se mit à bégayer, pour une raison que tu ne comprenais qu’a moitié, ta présence semblait déranger les gens d’ici. Pour sûr, tu avais vu des lieux plus accueillants. Bien que ton accoutrement n’inspirait point la confiance, était-ce une raison pour agir ainsi ? Tu t’apprêtais à demander à cet homme ce qui n’allait pas lorsqu’un autre vint subitement t’aborder. Bien moins timide que son congénère, celui-ci te demanda rapidement la raison de ta venue ici. Tu remarquais rapidement le sabre accroché à sa ceinture, il avait certainement lui même remarqué que ce fut la première chose sur laquelle tes yeux allèrent se poser. Lui rendant son sourire faussement naturel, tu répondis :



Vous suscitiez de plus en plus les regards. Tu ne savais pas qui était cet homme, mais tu sentais qu’il faisait office de meneur pour eux, du moins un genre de lieutenant ou toute autre appellation dans ce style. Tu n’étais pas venue pour créer du grabuge, simplement te ressourcer et éventuellement obtenir des informations. Leur village était une opportunité que tu ne voulais pas manquer étant donné la proximité probable avec ce que tu recherchais. Tu ressentais néanmoins que tu n’étais pas la bienvenue, alors tu décidas d’aller droit au but. Tu passas ta main dans une poche arrière avant d’en sortir un genre de carte des environs accompagnée du dessin d’un étang que tu tendis vers l’homme. Ton bras tendu soulevait légèrement ta cape, laissant facilement entrevoir malgré toi les deux sabres que tu portais. De quoi rendre ce type encore plus suspicieux. Tu dis alors :

Les roues de la roulotte s'écrasent dans la terre. Bruyamment, nous avancions avec mes juments dans cette légère brume d'automne, le cargo remplit de nombreuses choses. Cela faisait un bon mois que je voyageais au travers de la contrée voisine d'Ame afin de ravitailler notre village. Bientôt, à quelques pas à peine d'Awa Heiwa, je contemplais ce doux paysage invitant les voyageurs à faire demi-tour pour ceux qui ne connaissaient en rien l'existence de ce petit coin "paisible".

A ma grande surprise, pensant que nous n'avions nulle visite, une silhouette se tenait proche de mon meilleur ami, Monsieur Kano. J'étais si heureuse de le revoir après tout ce temps passé en dehors de notre village de la brume. Paysans et villageois n'osaient réellement sortir de leur chaumière, cela devait être lié à la présence de l'inconnu. Il était difficile pour eux de faire confiance. Cela ne m'empêchait pas de saluer au loin avant d'arriver jusqu'au duo.



Je plongeais mon regard émeraude dans les yeux améthyste de la jeune femme.





Ma nature Sekken prenait le dessus, je me devais d'offrir l'hospitalier aux voyageurs qui venaient se perdre dans notre immense région. Il n'était pas simple de se repérer, mais en tant que marchande ambulante j'avais l'expérience nécessaire pour être un bon guide.

Cela faisait déjà plusieurs semaines que Liya était installée dans le village. Elle n'avait aucune idée de quoi faire ensuite, elle n'avait plus aucune piste et puis honnêtement elle n'avait pas non plus envie de bouger quelque part. Elle était juste bien ici, la vie y était douce, elle s'était liée avec les personnes qui vivaient là. D'ailleurs, en ce doux moment elle jouait avec le bébé d'un couple qu'elle aimait bien.

La vie était simplement douce, les légers bruits du bébé étaient mignons, et puis elle était toujours heureuse de rendre service, posée sur le porche de leur maison. Mais soudain, l'ambiance changea un petit peu, une voyageuse, visiblement amochée, était entrée dans le village. Mais Liya n'en avait que faire pour être honnête, elle se contenterait de continuer à faire rire l'enfant.

Elle était assez loin de la porte d'entrée du village, mais elle voyait bien que la vie s'était simplement figée.

La Chikara allait simplement attendre, cela ne pouvait rien être de grave. Elle n'observait même plus la scène et continua à faire ce dont elle avait envie.

Alors à l'écoute face à la future réponse de notre invitée surprise, ce sont bien deux sabres précédemment cachés sous sa cape qui se dévoilèrent légèrement, réveillant subitement les soupçons que j'essayais d'enfouir. Cette vision ne m'avais pas franchement plu, me faisant légèrement froncer les sourcils sans pour autant le faire remarquer oralement à mon interlocutrice.

Toutefois, je saisis tout de même le dessin que l'on venait me tendre, le scrutant attentivement et écoutant les précisions qui m'étaient apportées. Malheureusement, bien que je sois désormais un habitant d'Ame, je suis loin d'en connaître tous ses recoins et ses secrets. Après tout, depuis notre installation, je ne limite mes déplacements qu'à des allers-retours vers le village de l'Aumône et un ou deux hameaux familiers. La seule potentielle piste qui me venait à l'esprit était une petite zone au nord de la toundra où l'on avait fait une courte escale avec Shonin lors de notre première traversée en ces lieux. J'ignorais si cet endroit était celui recherché, mais je n'avais aucune autre idée en tête.





Soudainement, ma chère amie et équipière, Shonin fit son entrée sur la place du village, nous rejoignant rapidement tout en m'interpelant.



Dis-je tout en troquant mon air sérieux contre un sourire bien plus naturel.

Dans l'esprit de notre clan et avec une méfiance bien moins grande que moi ou nos autres congénères, mon acolyte s'immisça dans la discussion, apportant un peu de bienveillance dans notre échange précédent bien plus neutre en émotions.

Je tendis alors le dessin à la jeune Sekken.

Shonin et Kano étaient donc le nom de ces deux individus. Le second n’avait pas l’air d’avoir d’idée quant au lieu que tu recherchais, c’était donc une aubaine de sa congénère n’arrive en cet instant. La région était plutôt vaste, et même si la carte semblait indiquer les environs, cela pouvait se trouver à plusieurs kilomètres d’ici. Tu dis alors :



C’était une éventualité en réalité peu probable. Si ces lieux étaient restés cachés aussi longtemps ce n’était pas pour rien. À l’instar des Paradis, il fallait savoir quoi chercher pour les trouver. C’était, à ta connaissance, un savoir inconnu de la plupart des hommes. Néanmoins, il était possible de ressentir indirectement leur présence : une soudaine facilité à user du chakra, un climat ou une flore anormale… nombreux étaient les indices pouvant indiquer la présence des ruines que tu cherchais, fallait-il encore y prêter attention. Alors, tandis que tu regardais autour de vous, tu ajoutais :



Tu étais curieuse quant à l’existence de cet endroit. Ce n’était pas si souvent que des indépendants s’installaient sur le Yuukan et encore moins dans une région telle que celle-ci. Par cette question tu espérais découvrir si ce Kano était lui même l’un des vôtres, ou s’il n’était qu’un simple guerrier ordinaire. Auquel cas, tu serais plutôt inquiète quant à l’avenir de cet endroit.

Après une courte réflexion, ce lac était-il celui des légendes mentionnés dans des comptines pour enfants ? En tant que grande marchande ambulante , je m'aventure régulièrement dans le Yuukan évitant les recoins les plus sombres et dangereux.




Mon souhait était de ne pas démoraliser cette femme à l'allure d'aventurière. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, cela reviendrait au même. Cela restait quand même mystérieux. Pourquoi une jeune femme venue de nulle part cherchait-elle à gravir les monts et les mers pour ce lac ? Et que voulait dire par "cet endroit dégage une quantité anormale d'énergie" ? Est-ce que cela avait un rapport avec les privilégiés du "don" ?




Un petit récit pour faire comprendre l'existence de ce nouveau village perdu dans les terres d'Ame.




J'invitais la femme à venir constater par elle-même. Il y avait de bien nombreux produits : riz, orge, millet, sarrasin, blé, patate douce, châtaigne, marrons, noisettes, amandes, curry, poivre, sel, cannelle, clou de girofles, yuzu, tofu... mais encore du lait, des oeufs, des algues, du poisson entreposer dans un très grand coffret pour le garder frais, diverses viandes et bien d'autres mets.

Liya, constatant que l'arrivée de cette inconnue provoquait plus de réaction qu'elle ne l'aurait pensé, la Chikara rendit le bébé à sa mère et puis partit en direction du grabuge. Quand elle arriva elle se rendit compte qu'une femme aux cheveux chatains et aux yeux verts était présente, il s'agissait probablement de Shonin. C'est la personne dont Kano lui avait parlé. Elle n'avait pas pu la voir depuis son arrivée au village il y'a quelques semaines, mais la voici ! Mais elle se présentera sûrement à elle dans des circonstances plus... calmes.

La Chikara s'approcha doucement de Kano pour lui esquisser un signe de tête en guise de bonjour. Mais elle se rendit également compte que la femme était dans un sale état. Il était rare d'avoir des visiteurs, mais des visiteurs cicatrisés alors... Mais Liya se contenta simplement d'écouter la conversation qu'elle avait repris en cours de route. Une chose était sure, cette femme était bizarre. Kano semblait garder son calme, mais sa disciple n'était pas persuadée qu'il était en sérénité à l'intérieur.

Tandis que Shonin repris la main sur cet échange, je n'arrêta pas de fixer notre invitée, essayant tant bien que mal de jauger cette prétendue aventurière semblant suffisamment sûre de ses capacités pour voyager seule en ces lieux si austères. C'est alors qu'un de mes sourcils se leva lorsque fut évoqué le chakra, ce mal gangrénant lentement notre continent. Il est clair qu'elle n'étais pas étrangère de toutes ces notions de chakra et de shinobi, pourrait-elle d'ailleurs être une ? Ne souhaitant pas trop provoquer pour le bien des miens, je me permis de garder mes évidente suspicions pour moi, laissant ma seconde gérer cet échange d'une manière remarquable.

Quoiqu'il en soit, je sais bien que seul une partie d'entre nous jouit encore de ce "don" ou plutôt cette malédiction et à l'instar de la jeune Shonin, tous les membre de notre clan ne bénéficient plus systématiquement de cette énergie.

Avant que la discussion entre Shonin et l'aventurière ne passe à l'achat de provisions, je me permis d'intervenir brièvement.



Puis, pointant vers sa ceinture dissimulée, j'ajouta.



Puis, laissant les deux femmes échanger auprès du stand improvisé de ma chère Shonin, je me tourna vers les quelques villageois encore plantés là, fixant la discussion d'une manière inquiète.



Finalement, j'aperçu la jeune Liya, précédemment mêlée au groupe de curieux. D'un simple regard, je cherchais à savoir comment la jeune Chikara percevait la situation.

La première fois, tu étais tombée sur un endroit similaire par le plus grand des hasards. Certains appelleraient ça le destin, toi tu étais convaincue que cela aurait pu être le sort de n’importe qui d’autre. Ces lieux oubliés étaient tout aussi, voir plus anciens que l’humanité elle-même. Il n’était donc pas étonnant que l’on retrouve certaines traces même dans de vulgaires contes pour enfants. Quoiqu’il en soit, s’ils n’étaient pas capables de te fournir plus d’informations, un peu de recherche allait s’imposer.



Tu levas un sourcil devant la demande suivante de l’homme, tu étais d’abord réticente, puis alors que tu poussais un soupir, tu allas décrocher tes deux sabres avant de les jeter à ses pieds. Puis, tu allas également te saisir du tanto également caché dans ton dos, ainsi que de la besace contenant tout un tas d’outil que tu balanças également par terre.



Ton regard se porta alors sur une jeune femme, qui, bien qu’elle n’ait pas rejoint la conversation, était venue se mêler au groupe. Ses traits te semblèrent étonnamment familiers, si bien que tu la fixas pendant quelques secondes avant de détourner à nouveau tes yeux en direction de l’autre femme.



En d’autres termes, tu demandais poliment la possibilité d’un bon bain chaud. Vagabonder et profiter de sa vie sur le Yuukan était certes merveilleux sur le papier, mais il n’était pas toujours possible de subvenir à tout ses besoins. L’eau chaude était l’un de ces luxes que tu n’avais pas eu l’occasion d’avoir depuis ton départ de Tsuyo, et cela commençait à faire un bon moment… Avec un peu de chance, ce petit village avait déjà mis en place des sources chaudes… Quoi ? N’as-ton pas le droit de rêver ?

Je m'occupe en premier de la partie commerçante. Les produits frais seront préparés pour passer l'hiver. Il faisait de plus en plus frais ces temps ci, ce qui annonçait son arrivée glaciale.


En constatant d'un peu plus prêt l'état de la jeune femme, je ne pouvais discuter de paiement pour l'instant. Sa requête allait être acceptée par mes soins, mais avant cela...