Quand les morts font de meilleurs croyants


La nuit est silencieuse au cimetière, comme retenue par un souffle sacré. La lune, blême et sévère, projette une lueur spectralement douce sur les pierres tombales alignées. Le voilà qu'il s’avance lentement, presque en procession, ses pas si légers qu’il semble flotter au-dessus des pavés. Ses doigts frôlent chaque tombe, dans un geste rituel, comme s’il puisait dans les souvenirs de chaque âme en sommeil.

Arrivé devant une pierre ancestrale sans nom, il s’agenouille, son front effleurant le sol avec révérence. Sa voix, basse et haletante, se perd dans le vent nocturne, qui semble, pour une fois, s’attarder sur ses paroles.

Dialogue de personnage
« Ô toi, Prêtresse... lumière cachée dans les ténèbres, guide de l’aube nouvelle... Ils ont oublié. Ils sont aveugles, plongés dans un sommeil d’ignorance… »


Ses yeux, vifs et fiévreux, se posent sur le ciel, comme s’il cherchait dans la nuit la lueur d’une réponse. Son visage se durcit, non d’hostilité, mais de détermination inébranlable. Il parle à voix haute, mais c’est à lui-même qu’il s’adresse, comme pour trouver en lui l’inspiration qu’il attend depuis des années.

Dialogue de personnage
« Konoha n’est plus que l’ombre de ce qu’il pourrait être. Ils se trompent de voie… Mais je les guiderai, Prêtresse. Je leur rappellerai les miracles que tu nous as laissés, la vision que tu as éveillée en nous. »


Un frisson lui parcourt l’échine, comme s’il sentait une présence répondre dans un silence ancien et solennel. Il ferme les yeux, et dans la noirceur de son esprit, il imagine une procession, un rituel sacré, des mots gravés dans le cœur de chaque membre du clan. Une façon de raviver leur foi, d’insuffler la certitude que la Prêtresse reviendra.

Dialogue de personnage
« Je sais ce que je dois faire... »


Il se redresse, le visage illuminé d’une ferveur calme mais implacable. Ses mains, légèrement tremblantes, se joignent en une prière intime.

Dialogue de personnage
« Si je dois être le premier, alors qu’il en soit ainsi. Je me prosternerai jour et nuit pour qu’ils le comprennent. Peut-être qu’ils se riront de moi, me châtieront pour mes futures actions… Peut-être que mon chemin sera celui d’un solitaire… Mais je ne faillerai pas à ma tâche. »


L'homme reste prostré encore un moment, les lèvres murmurant des paroles indéchiffrables. Un sourire presque enfantin éclaire son visage, tandis qu’il contemple la mission qu’il s’est donnée. Il n’est plus seul, il en est sûr. Il a un rôle, un but plus grand que sa simple existence, et il le servira, jusqu’à son dernier souffle.

Dialogue de personnage
« Que les voix de nos ancêtres me guident, et que Konoha se souvienne… La Prêtresse n’est pas un souvenir ; elle est une promesse qui doit renaître. »


Le cimetière est plongé dans une tranquillité nouvelle, comme si le silence lui-même bénissait cet homme fou d’espoir, de foi, et de pure dévotion qui bientôt s'apprêterait à retourner terre et terre. Figuré comme propre...

Publié le 01 Novembre 2024 vers 17h


22h00 plus tard...

La nuit enveloppe le cimetière d'un voile impénétrable : chaque ombre recèle un secret des temps les plus anciens ; chaque souffle de vent raconte une histoire que le monde a oubliée. Jetant tout cela dans une lueur diffuse, pâle et presque timide, elle danse sur les pierres tombales et donne au lieu un caractère spectral. C'est dans cette atmosphère lugubre et presque théâtrale qu'apparaît le vieil homme, silhouette austère et résolue, une pelle aux reflets métalliques serrée dans sa main. Ses pas, lents et rythmés, font écho comme les battements assourdis d'un cœur inhumain à la marche cadencée qu'il institue vers une tombe modeste, presque sans importance parmi les autres. Tombe de Kitto, usée par le temps, dont la mousse et l'humidité rongent les lettres gravées dans la pierre tombale. À première vue : rien ne distingue cette tombe des autres ; discrétion, modestie, une pierre parmi des centaines dans la mer des morts. Mais, tout à coup, sous le regard aigu de cet homme en délire, elle semble déverser son poids insoupçonné.

L'homme reste un moment immobile, inspire, et laisse son regard parcourir la pierre avec une étrange passion. Entre les rangées de pierres, une brise froide souffle et soulève les bords de son vêtement, fait frémir les feuilles sur le sol en un chant muet. Tout le cimetière semble retenir son souffle, cloué au sol par une force invisible, divine, comme si les croyances de ce vieil imbécile étaient vraies. Enfin, d'un mouvement lent, presque cérémoniel, il lève la bêche et l'enfonce dans la terre. Le premier coup est assourdi, une résonance qui se répand par vagueslettes dans le sépulcre du silence. La terre noire cède doucement, exhalant un parfum mêlé de terre humide et de racines déjà sèches. Silencieux, discret, l'acte est digne d'un rite antique ; un acte plein de gravité, que seul un fanatique peut comprendre. Le ciel, pour ne pas rendre cela visible aux étoiles, se voile encore davantage et plonge toutes choses dans une obscurité plus complète encore. Seule la pâle lumière de la lune parvient à filtrer à travers les nuages, caressant le visage du vieil homme d'un regard froid et indifférent. Des traits durs, sculptés par une volonté implacable. Sa respiration se fait plus lente, plus profonde, comme s'il inhalait l'essence même du lieu, se nourrissant du silence et du sacrilège qui l'entourent. Un corbeau, perché sur une branche d'orme tordue, émet un cri rauque qui semble résonner dans l'air, allégeant la solennité du moment. Mais le fou ne bronche pas ; le regard fixé sur la terre il se déplace, ses gestes circonscrits, chargés d'une intensité quasi cérémonielle. Prend l'apparence d'un acte enveloppé de mystère, le cimetière, figé dans son immobilité, s'étale autour de lui, comme si la nuit elle-même suspendait son souffle pour arriver à connaître le secret enfoui qui a poussé cet homme à profaner le sommeil des ancêtres Kitto.

Dialogue de personnage
« Je sais ce que je dois faire... »

Publié le 03 Novembre 2024 vers 05h


3 jours plus tard...

La lune poursuit son ascension, toujours aussi impénétrable, tandis qu'une fois de plus la silhouette du fanatique disparaît dans les entrailles du cimetière. L'excursion nocturne fastidieuse qui a commencé avec des mouvements plutôt hésitants s'est maintenant transformée en une cadence régulière et robotique qui semble à l'abri de toute interruption. Chaque nuit, il s’approche des tombes comme un acteur répétant une scène où il est le seul à en saisir le sens. Les gestes sont presque chorégraphiés. Il pose la pelle dans le sol, la main ferme mais discrète, et enfonce le métal dans la terre, chaque coup accompagnant le rythme de son souffle. Ses mouvements sont calmes, précis, chargés d'une lourdeur que seule la répétition peut créer. Le fou sait qu’il doit avancer sans brusquerie, prendre le temps de déterrer ce que le sol cache, dans une lente progression vers l'bbjectif que lui seul connaît...

Au petit matin, alors que la lumière de l’aube commence à se glisser entre les branches, il retourne discrètement à sa demeure. La fatigue le tenaille, la nuit lui pèse sur les épaules et ses yeux alourdis. Mais malgré cette lassitude, une routine s’impose à lui. Les mains toujours tâchées de terre, il se dirige vers la salle de bain pour une douche rapide, presque purificatrice. Sous le jet d’eau glacée, il se frotte frénétiquement, comme pour éliminer la souillure invisible que les ténèbres de ses expéditions nocturnes lui laissent. Cette habitude de se laver est devenue un acte indispensable. Il le fait avec une sorte de dévotion, un soin presque maladif, comme si chaque goutte d'eau effaçait une part de ses secrets. Une fois propre, il s'effondre sur le canapé miteux, la fatigue le happant enfin, le contraignant à ne quitter ses draps qu'à la nuit tombée. Au fil des jours, le voilà qu'il s’efface un peu plus des yeux du village. La fatigue est visible, les cernes creusent ses joues et les mots lui échappent parfois. Mais chaque soir, comme une pulsion irrépressible, il retourne au cimetière.

Dialogue de personnage
« Je sais ce que je dois faire... »

Publié il y a moins d'un mois