La jeune fille refusait d’obéir, l'envie de fuir pour rejoindre les siens brûlait en elle. Elle rêvait de protéger sa mère, d'aider son frère, et de retrouver son père pour échanger avec lui. Elle enviait les autres enfants qui menaient une vie normale, loin des mystères familiaux qui entouraient chaque aspect de son existence. Elle n'était plus une enfant, et le moment était venu de prendre ses propres marques, de revendiquer son pouvoir.
Le ton de sa voix, ferme et résolu, trahissait une colère dirigée contre les siens. Chizue n'était pas prête à laisser les envahisseurs triompher; elle s'était jurée de gouverner cet Empire. Son éclat de voix attira des gardes masqués au visage blême, les fameux gardes de probité, soldats de sang pur voués à obéir sans question. Peu nombreux et rarement visibles, ils étaient de véritables machines de guerre.
« Tout cela est à moi. L'Empire est faible ! Comment tolérons-nous que des impuretés foulent notre sol !? »
Les gardes, saisis d’admiration et d’effroi, virent en elle celle qui avait la force de recentrer Kumo. Sa grand-mère tenta d'intervenir, mais Chizue, l’interrompant, déclara :
« Que dis-tu ? Vous n'êtes que des lâches, incapables de croire en les vôtres. Vous vous cachez derrière la protection, mais c'est l'égoïsme qui vous guide. La lâcheté détruit notre Empire. Mère vous déteste, et pourtant, elle vous ressemble tant. »
Elle se dirigea vers sa chambre, laissant sa grand-mère stupéfaite, incapable de répondre à cette jeune fille jadis si douce.