Sous l'arbre au sang

Dans cette partie isolée de la forêt, près des marécages, la végétation est à la fois étrange et fascinante. Des fleurs de Chakra, rares vestiges d'une époque révolue, émergent du sol, offrant aux voyageurs une minuscule réserve d'énergie spirituelle s'ils osent les consommer. L'humidité omniprésente, alliée à la densité de la jungle, rend toute progression difficile. De temps en temps, des campements abandonnés apparaissent, témoignant des passages de brigands ou de nukenin, souvent marqués par un squelette sinistre. Les créatures qui peuplent cet endroit sont particulièrement redoutables, exigeant une vigilance constante. Pour un Hattori, cependant, cela n’a rien d’étonnant. Dans ce terrain impitoyable, un serpent peut facilement tuer un homme distrait.

Les deux congénères marchent depuis plusieurs heures. Bien qu'ils échangent parfois quelques mots, ils savent aussi apprécier le silence. Masashi, peu enclin aux longues conversations, préfère se concentrer sur son environnement, toujours attentif au moindre bruit. Il n’est pas du genre à se soucier de la vitesse, se contentant de suivre le rythme. La jeune femme, quant à elle, est particulièrement curieuse et s'intéresse profondément à la vision du monde d'un senseur. Lors de la dernière nuit, l'Hattori lui avait expliqué de nombreuses choses, mais le sommeil lui avait échappé. Il n'est jamais à l'aise lorsque quelqu'un est trop proche de lui pendant qu'il dort, toujours sur le qui-vive.

Il reconnaît alors l'arbre de sang, lieu de rendez-vous indiqué par les Tanuki. L'Empereur a encore beaucoup de mal à estimer qu'il est sérieusement en train de suivre des indications de tels êtres... Pour autant, il ne peut le nier, il en sait bien plus sur le monde grâce à eux.


Il le savait, il allait bientôt faire face à un véritable Konohajin. Il était probable que ce dernier devine son identité, ce qui pourrait représenter un risque majeur pour l'Empire. Cependant, Masashi était bien trop absorbé par sa quête de connaissances pour y accorder une véritable attention. De temps à autre, des insectes géants tentaient de l'attaquer, mais les éclairs qui l'entouraient les réduisaient en cendres avant qu'ils n'aient le temps d'agir. Il ressentait chaque mouvement autour de lui, invulnérable et concentré.


Kitto Kyoko savait tout cela, l'Hattori l'avait informée par le passé. Il veillait simplement à ce qu'elle ne commette pas une grave erreur en attaquant l'individu. Il s'adossa à l'arbre pleureur, observant le rouge de ses feuilles, un signe inquiétant.

Même pour une Konohajin, la forêt demeurait un endroit dangereux dans lequel il fallait se montrer prudent. Si ce n’était pas la faune, c’était la flore qui aurait raison de vous. D’ordinaire, tu aurais préféré éviter cet endroit, c’était sciemment chercher les problèmes que de s’y balader. Chaque pas et chaque rencontre pouvait s’avérer mortel, et il n’y avait finalement rien d’étonnant à ce que l’homme que le Kumojin cherchait ne se trouve ici. Une personne sensée ne viendrait pas le chercher, et même Konoha ne s’aventurait que rarement aussi loin dans ses frontières. L’individu, dont le Hattori s’était tenu de révéler l’identité jusqu’ici, était très certainement un ancien déserteur, comme ces squelettes que vous croisiez sur le chemin.

De ton côté, bien que tu étais particulièrement curieuse à ce sujet, tu te contentais de suivre et d’écouter, ce qui était assez notable pour être souligné. Peut-être était-ce l’aura de cet homme qui te rendait naturellement plus calme, ou était-ce simplement ton instinct qui te protégeait inconsciemment. Tu avais beau le fréquenter depuis un moment, tu ne savais pas grand-chose sur lui, si ce n’était qu’il recherchait sensiblement la même chose que toi : des réponses. Difficile alors de parler de confiance, mais ce sentiment était probablement réciproque, un simple intérêt mutuel, et ponctuel.

Ne profitant pas des mêmes talents que l’Hattori pour te prémunir face aux dangers, tu étais en permanence sur le qui-vive. Ta main ne lâchait pas ton sabre un seul instant, et tu suivais le Kumojin d’un pas peu assuré, ne comptant que sur tes réflexes pour réagir en cas d’attaque. Après une longue marche, vous arriviez finalement à un endroit pour le moins atypique, pour ne pas dire sinistre. Impossible de manquer le gigantesque arbre aux feuilles écarlates qui se posait là au milieu de tout. Vous vous arrêtiez non loin de celui-ci, et tu distinguais d’un rapide coup d’œil le liquide rougeâtre qui s’écoulait de l’écorce elle-même, comme si l’arbre saignait. Ce liquide s’écoulait par terre, laissant apparaître une flaque suffisamment grande pour que tu puisses apercevoir ton reflet dans celle-ci. Tu restas silencieuse et pensive tandis que l’Hattori s’adressait à toi. Tu avais des questions, mais les réponses n’allaient probablement pas tarder à arriver. Lorsqu’il annonça alors l’arrivée du Konohajin tant attendu, ton regard se porta immédiatement dans sa direction…