Sous la plume de Chikara Hikaru

Dans la vaste bibliothèque, Chikara Hikaru recevait ses lecteurs avec un calme serein, signant les exemplaires de son nouveau livre « Les Échos du Kakusei ».
L'auteur

La vaste bibliothèque embaumait l’odeur du papier ancien, mêlée à celle plus discrète de l’encre fraîche. Des rayonnages de bois sombre s’élevaient jusqu’au plafond, témoins muets de siècles de savoir, tandis que la lumière filtrée par de hautes fenêtres baignait la salle d’une clarté douce.

Au centre, une table recouverte d’un drap blanc avait été installée. Derrière elle, assis avec son calme habituel, se trouvait Chikara Hikaru, plume à la main.
Son regard, vif mais serein, se levait à chaque nouveau lecteur qui s’approchait, un léger sourire venant adoucir les traits de son visage.

Devant lui, une pile de son nouveau livre trônait fièrement. Reliure épaisse, couverture sobre mais élégante, le titre doré attirait immanquablement l’œil :

« Les Échos du Kakusei »
Chroniques d’un monde brisé et de ses renaissances


Les lecteurs, intrigués ou déjà passionnés, défilaient un à un. Certains lui demandaient une simple signature, d’autres s’autorisaient quelques questions sur ses inspirations, ses choix narratifs, ou le sens caché derrière ses métaphores. Hikaru, avec cette patience qui le caractérisait, répondait sans jamais presser le temps. Une jeune étudiante prit alors la parole d'une voix tremblante.

Dialogue de personnage
« Ce passage… où le silence semble plus bruyant que la guerre elle-même… Était-ce volontaire ? »

Hikaru leva les yeux, esquissa un sourire, puis répondit doucement :

Dialogue de personnage
« Le silence est parfois le cri le plus assourdissant, ne pensez-vous pas ? »

La jeune femme se mit à rougir. À chaque dédicace, sa main traçait des caractères précis, parfois accompagnés d’une phrase unique, destinée à son lecteur, comme un secret partagé.

Le monde était aujourd'hui si différent... Ni membre de l'armée ni opposant... Hikaru était un sympathisant pour les uns et un hésitant pour les autres. De nombreux Konohajins s'étaient imaginés qu'il s'opposerait à l'Empire, mais pourquoi quelle cause ? Il était un auteur reconnu depuis des années et il pouvait jouir d'une certaine liberté ainsi. Il aidait des anciens Konohajins dans le plus grand des secrets en transmettant le fruit de ses livres.

Il y a 3 semaines

L'auteur

Hikaru laissa échapper un bref soupir entre deux signatures, confessant que l’entraînement n’était plus sa priorité ; certes, il s’essayait encore parfois à de nouvelles techniques, mais il ne se prétendait plus au sommet de sa forme. Pourtant, ce n’était pas tant son corps qui lui faisait défaut que l’écrin dans lequel il s’était glissé ce jour-là : son costume sombre, choisi pour l’élégance de l’événement, se révélait plus contraignant qu’il ne l’aurait voulu. Serré aux épaules, trop ajusté à la taille, il restreignait chacun de ses gestes, comme si la tenue elle-même cherchait à rappeler qu’ici, dans cette bibliothèque, il n’était plus un guerrier, mais un auteur...

Hikaru se remémora alors sa discussion avec l’empereur actuel, un entretien rare auquel peu avaient le privilège d’assister. L’homme lui avait expliqué avec une clarté froide l’anormalité de son statut : le droit, presque sacré, de déformer la vérité dans ses romans et de transformer la réalité en fiction. Autrefois, les Shinobi avaient été admirés, presque vénérés, mais aujourd’hui, ils ne devaient plus incarner un idéal ou un symbole vivant. Leur héritage, leur gloire passée, devait s’effacer derrière l’encre et le papier : une personne ordinaire devait comprendre que ce qui était glorieux dans le passé n’avait de valeur que dans l’univers soigneusement inventé d’un livre.

Soudainement, un cri brisa le calme de la bibliothèque. Un homme surgit, brandissant un long couteau et hurlant que les derniers Konohajins devaient périr. Il fonça tête baissée sur Hikaru, déterminé à frapper.

Dialogue de personnage
« Ma femme est morte à cause de vous !! »

Sans perdre une fraction de seconde, Hikaru se leva. D’un simple lever de jambe, il bloqua la lame, la fit basculer hors de portée et désarma son assaillant avec une précision déconcertante. L’homme recula, stupéfait par la maîtrise de l’auteur, tandis qu’un silence tendu retombait sur la salle, ponctué uniquement par les respirations haletantes des témoins.

Oui, il ne devait plus être un Shinobi, le peuple ne le souhaitait pas comme tel. Ici, il n’était que le jouet des riches et des puissants. Il n’avait plus à manier la lame, mais à se soumettre, à disparaître derrière l’image d’un écrivain docile.

Hikaru tourna les talons, le pas lourd et mesuré, empreint de résignation plutôt que de volonté. La bibliothèque annonça la fin des dédicaces, malgré les cris désespérés de certaines jeunes femmes qui tentaient de le retenir. Dans le silence retombé, il savait que tout ce qu’il pouvait offrir désormais se limitait à l’encre et au papier, à des mondes imaginaires où les Shinobi pouvaient encore exister librement. L'empereur n'était pas dans le faux, Konoha avait fait beaucoup de mal à la population... Souvent involontairement...

Il y a 3 semaines


Tu n’étais qu’à quelques heures de ton départ, te baladant dans les rues de la capitale, la tête camouflée sous une capuche comme tu le faisais souvent ici. La célébrité était une chose, mais dans ton cas ton visage inspirait d’avantage la crainte que le respect. Les gens avaient fortement tendance à changer d’attitude en ta présence, non seulement car tu étais une impériale reconnue et proche de l’Empereur, mais surtout car à leurs yeux tu restais encore et toujours une kunoïchi.

C’est au simple détour d’une rue qu’une scène d’agitation suscita ton attention. Une petite foule s’était accumulée dans une simple bibliothèque, à tel point que celle-ci débordait jusqu’à l’extérieur. Les gens de la Capitale étaient d’ardents lecteurs, cela faisait partis des nombreux divertissements dont ils raffolaient. Tu ne pouvais pas leur enlever ça, ces gens avaient un véritable intérêt pour la culture. Bien que, comme chaque personne avertie, tu savais que les écrivains et les artistes en général devaient veiller avant tout à respecter la propagande impériale.

Tu étais néanmoins curieuse à l’idée de savoir qui était la star du jour. Loin de toi l’idée de faire partie des fans hystériques qui se trouvaient ici en grand nombre, mais lire était l’un des rares hobby que tu avais gardé depuis ton enfance, bien que tu ne trouvais pas beaucoup de temps pour en profiter. Tu t’approchas légèrement, simplement pour vérifier le nom de l’auteur, un geste que tu regrettas presque aussitôt. Un nom qui était loin de t’être inconnu se lisait très distinctement sur une espèce de banderole placée là pour attirer le tout venant.

Tu tâchais généralement d’oublier ton passé, tout ces gens que tu avais connue à Konoha, des amis, ta famille et pour d’autres un peu plus que cela. Chikara Hikaru avait été, pendant un long moment, ni plus ni moins que ton rival. Cette histoire remontait à l’académie, là où il avait été le seul capable de te tenir tête. Tu te comparais ainsi souvent à lui, parce qu’à tes yeux c’était l’un des seuls de votre génération qui en valait la peine. Cette rivalité finit par se transformer en amitié avec l’âge, bien que d’autres murmuraient qu’il y avait un peu plus. Mais, n’était-ce pas souvent le cas avec Hikaru après tout ? Tu te souviens même qu’une petite Gaikotsu était particulièrement attirée par ce dernier.

Un cri soudain te sortit de tes pensées, et tu te hâtas de bousculer quelques personnes pour pénétrer au sein de la bibliothèque. Lors de tes premiers pas, tu assistas à la scène, Chikara Hikaru – qui avait grandement changé – désarmant un civil agressif. L’arme de l’homme glissa jusqu’à tes pieds, tu ramassais alors celle-ci alors que le silence s’abattait sur la salle. Le temps que tu ne relèves la tête, le Chikara était déjà en train de partir tandis que la séance touchait à sa fin. Tu n’en fis alors rien, tu te contentas de ranger discrètement l’arme et de repartir au milieu de la foule pour ensuite poursuivre ton chemin.

Hikaru avait choisit de vivre ainsi, de se plier aux règles. Et contrairement à d’autres cas, tu fis le choix de ne pas intervenir. Sans doute était-ce mieux ainsi pensais-tu, être un ancien shinobi était suffisamment difficile et avoir la possibilité d’arrêter de se battre était la meilleure option à tes yeux, même si elle n’était pas la tienne. Il était de ceux qui avaient comprit comment retirer le meilleur de cette nouvelle vie, tout le monde ne pouvait évidemment pas être un auteur renommé, mais tout le monde pouvait accepter de tirer un trait sur son passé.

T’impliquer dans sa vie revenait à le ramener vers son passé, ce qui te poussa, comme tout ceux que tu considérais autrefois comme des proches, à garder tes distances avec lui. Une décision qui n’était pas sans te rappeler pourquoi tu avais commencé tout cela. C’était pour eux, tes proches, les Konohajins, que tu avais voulu changer les choses, leur ouvrir les yeux quant aux actes de leur propre village. Mais tout cela s’était effondré avec le reste, Konoha avait refusé de t’écouter, puis le Kakusei arriva et tout changea. Tu faisais de ton mieux pour éviter à tes anciens camarades le triste destin de l’enfermement ou de la mort, et tu étais déjà heureuse de voir qu’au moins certains d’entre eux étaient parvenus à se trouver une place. Idéale soit-elle ou non.

Il y a 3 semaines

L'auteur

Quelques minutes plus tard, dans l’arrière-boutique plongée dans une semi-obscurité, Chikara Hikaru attendait. Officiellement, il s’agissait de le protéger, d’évaluer les risques après l’attaque, mais en réalité on jaugeait son cas : avait-il franchi une limite ? Fallait-il le juger ? Il savait pertinemment que non. Les témoins étaient nombreux, il n’avait fait que se défendre, sans excès. Pourtant, un sentiment de dégoût le rongeait. Non pas la peur d’un procès, mais l’amertume d’être prisonnier de sa propre condition.

Il n’avait jamais vraiment trouvé sa place et, à cet instant, il en avait la certitude : ici n’était pas la sienne. Mais où donc aurait-elle été ? Avait-il le droit de se plaindre ? Après tout, il vivait entouré d’influents mécènes, de nobles et de lettrés qui lui offraient une existence confortable.
Seulement, le prix de ce privilège lui paraissait chaque jour plus lourd. Était-ce son âme qu’il avait vendue ? Sa liberté ? Son rôle se réduisait bien souvent à celui d’une attraction mondaine, un auteur brillant que l’on exhibait, que l’on encourageait à fréquenter quelque noble bien née pour parfaire les apparences.

Et dans ce silence forcé, il se sentait plus que jamais étranger à lui-même.

Face à son reflet, Hikaru resta un instant immobile, les yeux rivés sur l’image qu’il n’aimait pas. Puis, dans un élan de rage sourde, il frappa le miroir. Le verre se fissura, éclatant en éclats tranchants. Ironie cruelle : lui, manipulateur du verre par le passé, se retrouvait blessé par cette même matière. Une fine entaille se dessina sur sa main, et il observa le sang couler lentement le long de la glace brisée, comme un rappel silencieux de sa propre fragilité.

Il savait qu’il devait rester. Ici, il avait l’argent, et avec lui, la possibilité d’aider les siens à se cacher. Non, il ne s’opposait pas à l’Empire, mais il n’était pas assez naïf pour ignorer qu’il se trouvait là où il pouvait sauver le plus grand nombre… quitte à vendre son âme pour acheter leur survie.

Un soupir s’échappa de ses lèvres, amer, presque amusé malgré lui :

Dialogue de personnage
« Midori-san va m’en vouloir… »

La bibliothécaire lui pardonnerait, il le savait. Elle l’avait déjà vu sombrer, plus d’une fois, dans ces instants de dépression. Pourtant, ce geste restait un aveu de plus : il ne trouvait jamais réellement sa place.

Soudain, on frappa à la porte arrière. Trois coups secs. On lui faisait signe de partir. Comme toujours, aucun garde ne l’attendait, aucune escorte ne veillait sur lui. C’était son choix, sa manière de rester insaisissable. Il serra sa main blessée, inspira profondément, puis quitta l’arrière-boutique sans un mot, emportant avec lui ce silence plus lourd que n’importe quelle arme.

Il y a 3 semaines