« C’est en toi, Natsumi… »
Ses paupières se soulevèrent d’un coup, et la jeune fille eut l’impression de flotter, comme si son corps n’avait plus d’ancrage. L’air lui parut lourd, saturé d’électricité. Tout autour, le monde vacilla : jour… nuit… jour… nuit… Comme un soir d’orage en montagne, les éclats de lumière aveuglaient sa vision et martelaient son esprit.
Les sons se brouillaient, tantôt étouffés, tantôt stridents. Au loin, les vagues frappaient les récifs avec plus de force qu’à l’accoutumée. Les pêcheurs de la côte ne manqueraient pas d’apercevoir ce phénomène : ces clignotements du ciel ne passaient jamais inaperçus.
Une chaleur soudaine lui envahit la nuque, suivie d’un contact ferme : une main venait de se poser sur ses épaules. Sa respiration s’emballa, chaque inspiration déchirant sa poitrine comme si elle avait couru des heures.
« CALME-TOI, NATSUMI !! »
La voix résonna en elle comme une injonction violente. Son corps se crispa et s’écrasa contre le futon posé au sol. Le tissu rêche de la natte sous sa joue lui rappela brutalement la réalité, mais ses poumons refusaient de ralentir. Haletante, elle suffoquait presque, les doigts agrippant instinctivement la couverture.
Un souffle court, un appel perdu dans la tempête intérieure. Puis le silence. Oppressant, presque assourdissant, comme si le monde retenait sa respiration en attendant la suite. L'hiver prenait fin, mais la situation s'empirait de jour en jour...