Un jour parmi tant d'autre

Tu entrais dans le bois, silencieuse, comme tu l’étais désormais depuis deux longues années. La mousse au sol absorbait chacun de tes pas. L’odeur de l’eau et des fougères montait vers toi. Ici, tu étais seule. C’était voulu.

Tu retirais tes sandales, laissant le sol humide remonter dans tes os. Tu suivais un petit bras de rivière qui te mena rapidement à un étang entouré de hauts arbres. Tu posas tes affaires sur une pierre suffisamment imposante avant d’avancer dans l’eau jusqu’aux mollets.

Tu regardais, l’air absente, les cercles se former et mourir à la surface. Tes yeux se posaient sur ton reflet qui se découpait dans le miroir d’eau. Tu faisais cela, de temps à autre, pour croire, quelques secondes, apercevoir ta jumelle. Comme chaque fois, cela ne produisait qu’une colère noire. Destructrice, pour toi-même. Dans un sursaut de rage, tu frappas l’eau, brisant l’illusion. Tes mains heurtèrent les roches dissimulées dessous. La douleur remontait le long de tes bras. Tu laissais la brûlure s’installer dans tes phalanges. Alors, tu te laissas tomber les fesses dans l’eau et tu fermas les yeux. Tu t’imaginais que cette douleur qui te parcourait les avant-bras venait de ses coups. Sa main qui frappait sans trembler. Ces bleus qui finissaient par jaunir. Vous étiez un mécanisme. Parfait et malsain. Que nul autre ne comprenait. Maintenant qu’elle t’avait laissée, il ne restait pas seulement un manque, mais un trou béant.


Raika était en grande partie la raison pour laquelle tu avais décidé de déserter. Tu n’avais pas fui pour courir vers un ailleurs plus radieux. Tu t’étais échappée pour garder Raika intacte dans la tension de tes muscles, dans le froid que tu posais sur les choses. Le Hyoton, c’était la dernière chose qui te reliait à elle. Votre don unique. Votre don partagé. Tu refusais qu’on te vole la seule grammaire qui te reliait encore à elle.

Tu rouvrais les yeux et regardais ta peau marquée d’un millier de cicatrices en relief que tu suivais du bout des doigts ensanglantés.

Tu portais ce sang à tes lèvres et tu le goûtais, comme on vérifie une mesure. Tu te donnais une gifle sèche, du côté où elle frappait d’ordinaire, juste assez pour que l’eau autour de toi tressaille. Tu riais sans son. Ce n’était pas la joie. C’était l’alignement. Tu glissais la main sur ta cuisse et tu enfonçais les ongles dans la peau, cinq marques bien droites, parallèles, comme des barreaux. Tu serrais ensuite ta propre gorge avec la prudence apprise, deux doigts seulement, pas plus de cinq temps. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Tu lâchais. L’air revenait. Le monde retrouvait ses bords.

Tu repliais les genoux contre toi et tu posais le front dessus. Tu restais là, immobile, jusqu’à ce que la pulsation dans tes tempes s'atténue. Silencieuse. Tu n’avais rien à dire au bois. Tu t’assurais seulement que la mécanique tournait sans elle. Que la mesure tenait toujours. Que tu tenais.

Cela faisait maintenant plusieurs semaine que Kimino avait quitté le monde des vivants de manière officielle. La nouvelle de sa mort s'était répandue, l'empire l'avait utilisé comme une marque de puissance à travers le Yukan. Ils avaient eu le Hokage aux flammes vertes. La vérité était cependant toute autre, le jeune Uzumaki avait quitté son ancien campement pour venir se réfugier dans ce bois avec les siens. Le chef de la toute nouvelle force de rébellion avait prit l'habitude de venir méditer seule au bord de l'étang chaque matin, une manière pour lui se ressourcer, et de prendre les bonnes décisions sans laisser ses anciens démons dicter sa conduite.


En arrivant ce matin là, Kimino fut surpris de voir une jeune femme dépourvu de tout vêtements recroquevillée dans l'eau. Elle semblait aller mal, il mis rapidement sa capuche pour cacher sa chevelure, il détourna légèrement le regard et lui demanda.





La jeune femme détourna le regard en direction de Kimino, et il pu les voir. Deux yeux d'une magnifique couleur ambre. Une couleur ambre qui avait hanté ses nuits d'enfances. Un sceau se dessina alors sur le front de l'homme, la jeune femme en face de lui ne savait pas ce que celui-ci signifiait, mais elle pouvait deviner qu'elle faisait face à un Uzumaki.





Kimino était prêt à la tuer à tout instant, les prochaines paroles de la jeune femme allait être décisives pour son avenir.

Tu étais nue dans l’eau, jusqu’aux cuisses. Le froid de l'eau te faisais absolument rien. Tu relevais la tête sans hâte. Tu te redressais, l’eau dégoulinant de tes cuisses. Tu ne te couvrais pas. Tu étais à l’aise nue, offerte à la vue de cet inconnu, avec ce corps constellé d’un millier de cicatrices qui faisaient de toi un être unique.

Il avait demandé ce qu’une Hattori faisait si loin. Tu répondis net, sans fioriture.



Tu te penchas, fouilla dans l'eau calmement. Tu ramassas quatre galets et un éclat sombre. Tu te mordis l'intérieur de la lèvre jusqu'au sang, puis tu écrivis en rouge sur les galets avant de les aligner sur le bord de l'étang.

Question.
Ordre.
Gage.
Stop.
Noir.

Voici ce qui était écris sur les gallets.




Tu levais deux doigts.



Tu désignas les pierres, une à une.



Tu ajoutas, calmement.



Tu pris la pierre Question entre deux doigts et la posas devant lui.


Tu tournas la joue, présentas les côtes, puis la cuisse balafrée.

Tu relevas le menton afin de plonger ton regard dans le sien.

Kimono regardait la jeune femme, et il comprenait qu'il avait à faire à une folle. Elle se mit à débiter des histoires à propos d'un jeu auquel elle aimerait jouer avec lui. Ce jeux pour le moins sadique semblait être une invention de la Hattori, Kimino se questionnait à propos de nombreuses choses, déjà sur sa présence en ces lieux, sur son comportement, et surtout à quel moment elle pouvait s'imaginer que l'Uzumaki allait accepter de jouer à ce jeux aussi sadique que débile.


Elle était en train de débiter une suite de règles et de mots, et Kimino attendait le moment où elle allait enfin se taire, mais ce moment ne semblait jamais vouloir arriver. Alors qu'elle continuait son laïus, il fit des mundras.





Kimino sembla utiliser les propres règles du jeu de cette folle des forêts, alors qu'il avançait vers elle, il posa ses mains au sol et un dome de pierre servent forma tout autour de la Hattori.





Le dome dans laquelle la jeune femme était maintenant enfermé aspirait son énergie spirituelle, Kimino voulait savoir à qui il avait à faire et si elle etait suffisamment puissante, elle réussirait à sortir. Dans le cas contraire le monde serait debarassé d'une Hattori

Un dôme de pierre se créa rapidement autour de toi. Tu te retrouvais, piégée dans l'obscurité. Le rouquin avait refusé de jouer à ton jeu. Tu riais dans le dôme. Court, rauque. L’eau clapotait à tes chevilles, froide.



Tu sentais ton énergie quitter doucement ton corps. À cette époque, c'était une situation dangereuse, mais... Le danger, c'est ce que tu aimais, et jouer avec les limites était ton jeu favori.
Tes doigts enchaînèrent les mudras. Nets. Précis. Tu visualisas où tu avais vu pour la dernière fois ton ennemi du jour. Tu pris le goût du sang sur la lèvre.



L’impact arriva d’un seul coup. Le dôme éclata comme une graine sèche. La pierre partit en gros éclats, l’eau jaillit en nappe, les piliers de glace traversèrent droit, sans chercher, vers, tu l'espérais, l'Uzumaki. La clairière reçut le choc. Des arbres éclatèrent en morceaux. Tu ne sus pas ce qu’il advint de l'homme. Le silence retomba trop vite à ton goût.

Tu restas debout au milieu des débris, faible, vide, souffle court, mais droite. Tu riais sans son.



Tes cuisses tremblaient et tu posas un genou au sol. Tu relevas le menton, calme, un sourire tiré, un peu fêlé, au coin.

Le dôme de Kimino ne mit que très peu de temps à éclater en morceaux, mais c'est ce qui le fit éclater qui montra à Kimino qu'il n'était pas tombé sur n'importe quelle Hattori dans cette forêt. Lors de son temps comme Hokage, il avait entendu des rumeurs sur des jumelles qui parcouraient le Yukan et qui maîtrisaient le Hyoton. Tout à coup les choses devinrent différentes dans l'esprit de Kimino qui esquiva de justesse un bloc de glace qui vint lui frôler l'épaule, causant tout de même une vive douleur et une blessure légère. Il avait eu beaucoup de chance que ce jutsu n'était pas dirigé spécifiquement sur lui, car il en serait sorti avec plus de dégâts, il avait été trop confiant de ses capacités, choses qui pourraient lui poser problèmes. Par chance, cette fois le jutsu de la jeune femme, couplé à sa perte d'énergie dans le dôme, était suffisant pour l'avoir faire vaciller.

Kimino commença à courir en direction de la jeune femme, elle avait les jambes tremblante, et elle tombat à genoux, alors qu’il s’approchait d’elle, de l’énergie spirituelle s’échappa du corps de Kimino, simplement quelques secondes, juste le temps d’assèner un violent coup de genoux sur le coté du visage de Reika. Bien que la puissance de ce coup fut destructrice, il retint légèrement son coup afin de ne pas tuer la shinobi, elle avait cependant dû ressentir la violence de ce coup dans l’intégralité de son système nerveux. Puis il fit rapidement des mundras et l’attrapa par le cou, alors que sa main devenait de plus en plus brûlante.



Kimino le savait, le monde avait changé, si elle avait vraiment déserté, avoir une shinobi aussi puissante dans les rangs de la rébellion n’était pas négligeable, mais avoir une shinobi aussi dangereuse était également un projet. Il devait tout de suite établir le rapport de force avec elle, et être sûr dès véritable raison de son départ du royaume Hattori. La main de Kimino était brûlante, la peau de la Hattori n’allait pas tarder à cloquer, et l’ancien Hokage était loin d’imaginer qu’elle allait sans doute adorer chaque moment de leur échange.

Tu te pris le genou de cet homme en travers du visage. Instantanément, tu sentis ta peau céder au niveau de l'arcade. Une douleur sourde et pure t'envahit. Tu sentis le sang couler jusqu'à ton œil, brouillant ta vue. Ton corps nu fut projeté dans l'eau alors que tu riais à cœur joie. Ta mâchoire avait craqué, probablement que certains de tes os s'étaient fracturés. Le goût du fer envahit ta bouche et déborda de tes lèvres. Tu vins l'essuyer d'un coup de langue alors que tu laissais ton corps flotter sur l'eau, offerte à cet homme. Tout ton crâne était douloureux. Ton cerveau était déboussolé, le monde tournait autour de toi. Mais toi, instinctivement, tu laissais le plaisir de la douleur parcourir ton échine.

Peut-être allais-tu mourir dans les minutes qui suivaient. Cela t’allait. Mourir dans une douleur franche, sans détour. Tu ne t’étais jamais imaginée tomber sous la main d’un autre. Tu te croyais au-dessus. Mais là, après des mois de manque, tu préférais goûter.

L'homme revint face à toi et t'agrippa la gorge de sa main puissante. Ton sourire ne quittait pas tes lèvres ensanglantées. La chaleur grimpa, d'abord sourde, puis aiguë. Alors, tu laissas ton crâne partir en arrière, offrant davantage ta gorge. Seconde après seconde, la douleur se fit de plus en plus vive. Tu vins poser ta main sur l'avant-bras du rouquin. Non pas pour le repousser, mais pour être certaine qu'il ne lâche pas sa prise. Tu voulais que ce moment dure, encore. Tes cuisses tremblaient, mais cette fois, ce n'était pas de faiblesse. C'était de plaisir. Une onde qui passait et laissait derrière elle les traces d'un plaisir oublié. Tu avais attendu de ressentir une telle chose depuis si longtemps.



Tu accueillais la chaleur comme on accueille un vieux ami. Tu te savais marquée de sa main désormais. Mais tu aimais la promesse que la peau garderait demain. Tu n'avais pas honte. Tu avais faim. Faim de cette douleur. Tu laissas échapper un rire qui n'était pas de la moquerie. Simplement laisser sortir la pression accumulée depuis trop longtemps. Ton crâne pulsait depuis la violence du coup encaissé. Des flashs lumineux pulsaient devant tes yeux. Cela faisait depuis trop longtemps que tu cherchais des mains qui décidaient, et les siennes le faisaient en ce moment même. Tout ton corps répondait.



Tes jambes nues vinrent s'enlacer autour de lui. Ta gorge restait dans sa prise, volontaire. La brûlure se creusait. Cela faisait des mois que tu n'avais pas atteint ce point. Tu souriais, un peu fêlée, mais comblée.

On pouvait le dire, Kimino ressentait pas mal de dégoût face aux réactions de cette Hattori, mais il voyait également en elle une arme capable de renforcer ses rangs. La voir convulser de plaisir sous la pression de sa main ne plaisait pas à Kimino, il eut d'ailleurs le réflexe de la lâcher lorsqu'il vit sa réaction. La jumelle Hattori était maintenant marquée à vie par la trace de la main de Kimino autour de son cou, la symbolique était grande face à cela. Kimino la saisit par les cheveux afin de monter la tête de la jeune femme au niveau de son visage avant de dire.

Tu ne devrais t'approcher de personne d'autre dans le camp !

Comprenant comment elle fonctionnait et comment la manipuler, l'ancien Hokage la tenait avec une forte pression au niveau du cuir chevelu. Cependant, il ne voulait pas qu'elle vienne à pervertir les plus jeunes, ou à entrer dans un jeu comme celui qu'elle avait annoncé avec des shinobi comme Eiko, Daiki ou Ichihime qui n'était sans doute pas affûté moralement pour ce genre de personne.



La position dans laquelle ils se trouvaient était pour le moins intime, et Kimino ne voulait pas que quelqu'un débarque en s'imaginant qu'il était en train d'un peu trop sympathiser avec cette Hattori. Il sortit alors de l'emprise de ses cuisses, et la traîna par les cheveux hors de l'eau et la jeta au sol vers ses vêtements.