La femme au grand coeur

Alors que Kyoko est à la recherche du lieu indiqué par Masashi, une tempête l'oblige à solliciter l'hospitalité dans une habitation isolée.

Cela faisait deux jours que tu avais quitté le train emportant les Kumojins. Habillée d’une tenue faisant penser à une vulgaire vagabonde tu te mis en direction des Bois de Konoha, car c’était là-bas que Masashi t’avait dit que tu trouverais de nouvelles réponses. Tu ne prenais que peu de repos, obsédée par ce que tu allais pouvoir trouver là-bas, mais hélas la nature se mit sur ton chemin. Alors que le soleil ne tarderait pas à se coucher, une violente tempête éclata. Un orage comme on en voyait peu, amenant avec lui un véritable déluge. Tu étais au milieu de nul part, n’ayant nul endroit où t’abriter, te forçant à voyager pendant plus d’une heure sous la violente du temps avant de finalement trouver quelque chose. Une lumière dans l’obscurité, une simple torche qui éclairait l’intérieur d’une vieille chaumière.

Tu n’hésitas qu’un très court instant avant d’aller frapper à la porte. Tu ne t’imaginais pas passer la nuit dehors par un temps. Cela faisait bien longtemps que tu n’avais pas du chercher l’hospitalité chez un habitant isolé, cela n’était pas sans te rappeler tes années de vadrouille à travers le continent… Des souvenirs qui te paraissaient aujourd’hui si lointains.
En quelques secondes à peine, la porte s’ouvrit à moitié, laissant entrevoir le visage d’une vieille femme qui, dès qu’elle te vit, ouvrit la porte en grand.

Dialogue de personnage
« Bon dieu mon enfant ! Tu dois être frigorifiée, entre vite ! »


En dépit de ton accoutrement, tu avais visiblement encore une allure amicale, suffisamment pour qu’elle te laisse entrer sans crainte. Tu eus à peine le temps de faire un pas dans la maison que la vieille dame essaya de commencer à retirer tes couches de vêtements trempées par la pluie. Une attention délicate de sa part, que tu n’eus étrangement pas à cœur de repousser. Te tirant par le bras, elle ajouta alors :

Dialogue de personnage
« Ce n’est pas un temps à se promener dehors, allez hop ! Près de la cheminée pour se réchauffer pendant que je prépare une bonne soupe ! »


Tu étais… subjuguée. Cela faisait longtemps que quelqu’un ne t’avait pas traité de la sorte. Tu avais l’impression d’être face à ta propre grand-mère qui était aux petits soins pour toi. La seule différence était que tu ne connaissais pas cette dame du tout, ce qui rendait la situation quelque peu étrange. Tu ne sus qu’à peine répondre alors qu’elle t’installait près du feu.

Dialogue de personnage
« Je… C’est trop aimable, merci à vous. »

Il y a 3 jours


Les minutes passèrent, dans un silence uniquement ponctué par le bruit régulier de la cuillère de la grand-mère touillant la soupe. Tu observais l’endroit, c’était modeste, quelques portraits parsemaient le mur, tu y reconnaissais la vieille femme, un homme qui était probablement son mari et trois enfants. La famille typique, mais tu devinais néanmoins que la dame était désormais seule aujourd’hui. Cette dernière brisa d’ailleurs le silence en te posant une question tandis qu’elle t’apportait de quoi te sustenter.

Dialogue de personnage
« Alors, dites-moi, jeune femme dont j’ignore le nom, que faites vous dans notre belle région du monde ? Vous comptez vous rendre au sein de la forêt ? »


Tu remercias immédiatement la femme d’un geste de la tête et tandis que tu plaçais le bol de soupe sur tes jambes, tu répondis calmement :

Dialogue de personnage
« Je m’appelle Kyoko, je vous remercie encore de m’accueillir. Et, je ne fais que passer dans les environs, je… disons que je cherche quelque chose »


La vieille dame n’écouta qu’à peine la fin de ta phrase. Son visage s’était comme illuminé lorsque tu prononças ton prénom. D’un ton qui laissait transparaître une certaine joua, elle s’exclama alors :

Dialogue de personnage
« Ooooh ! Je savais bien que ton visage m’était plus que familier, cela faisait des années que nous ne nous étions pas vues, Kyoko ! »


Tu restas quelque peu gênée, car bien que tu la regardais dans les moindres détails, tu ne parvenais pas à te remettre son visage. Tu devinais qu’elle était une connaissance de longue date, sans doute une… Konohajin ? Tu demandas alors, gardant un ton de voix assez faible en essayant de ne pas paraître impolie :

Dialogue de personnage
« Pardonnez-moi mais… je peine à vous reconnaître. »


La vieille dame se mit alors à rire et répondit :

Dialogue de personnage
« Oh, je me doute que tu ne me reconnais pas. J’ai pris quelques rides depuis ! Je m’appelle Kitto Aïma. J’étais l’une de tes voisines lorsque tu n’étais qu’une gamine. Je vous ai même gardé plusieurs fois ta sœur et toi lorsque ta mère partait en mission. Comment vont-elles d’ailleurs ? La disparition de Konoha a du être un choc pour elles, surtout pour ta mère elle était une femme très investie… »


Alors que tu allais porter le bol de soupe à tes lèvrres, l’énonciation du nom « Kitto » te stoppa net. Tu portas vers elle un regard intrigué, et ton compte se mit à battre légèrement plus vite. C’est à cet instant que les souvenirs commencèrent à te revenir et le choc se lisait sur ton visage. Tu n’aurais jamais pensé trouver une Konohajin ici, encore moins une personne t’ayant servie de nourrice étant enfant… Sans réellement savoir pourquoi, tu commenças à paniquer, et tu ne sus dire la vérité :

Dialogue de personnage
« Elles… Elles vont bien. Le Kakusei à été un moment difficile et la vie n’est pas facile pour e-… pour nous au sein des frontières impériales, mais pour l’heure tout va bien. »


La femme soupira, et secoua la tête. Comme d’autres, elle était probablement exaspérée des conflits incessants. En revanche, elle ne semblait pas particulièrement stressée, elle devait pourtant savoir que les anciens ninjas n’étaient plus en odeur de sainteté sur le continent, et qu’elle comme d’autres étaient traqués.

Dialogue de personnage
« Aaaaah… Ces histoires d’Empire, de shinobis et de pouvoir… Cela n’arrêtera donc jamais. Je suis bien contente de vivre ici, à l’extérieur de tout cela. »


Dialogue de personnage
« Personne ne vient vous poser de problème ici ? »


Demandas-tu. C’était curieux, bien qu’avec du recul tu avais déjà réponse à ta question. Après tout, tu n’avais pas soupçonné un seul instant que cette femme puisse être une kunoïchi.

Dialogue de personnage
« Non non… Parfois quelques patrouilles viennent se reposer dans le coin, mais ils ne voient en moi qu’une vieille dame inoffensive hihi. »


Dialogue de personnage
« Je vois… Je suis contente pour vous, il n’est pas facile de vivre en paix. »

Il y a 3 jours


Ton comportement te surprenait toi même, il dénotait complètement avec celle que tu étais habituellement. Cet endroit était comme une sorte de bulle dans laquelle tu retournais des années en arrière. Cette dame n’avait rien d’une menace et plus tu regardais les photos sur les différents cadres ornant la maison, plus tu ressentais un sentiment de culpabilité. La Kitto remarqua rapidement que tu n’étais pas dans ton assiette, aussi avais-tu à peine touché au bol de soupe qu’elle t’avait servie.

Dialogue de personnage
« Tu dois être exténuée après avoir voyagé par ce temps, je vais te préparer des draps propres et tu pourras profiter d’un bon matelas pour la nuit ! »


Dialogue de personnage
« Je n’en demande pas tant, c’est déjà très aimable à vous de m’accueillir ici le temps de quelques minutes, je ne voudrais pas m’imposer. »


Dialogue de personnage
« Allons allons Kyoko ! Ne raconte pas n’importe quoi, tu es comme de la famille, tu es ici chez toi ! »


Pouvais-tu seulement refuser son offre ? La pauvre femme semblait vivre seule ici, et un peu de compagnie ne lui ferait sûrement pas de mal. Quant à toi, tu ne perdais rien à te reposer dans un endroit confortable, surtout compte tenu du temps qui était peu clément. Tu finis alors par accepter, au grand plaisir d’Aïma. Tu passas quelques minutes supplémentaires en sa compagnie avant de finalement aller te coucher…

~~ Au lendemain… ~~



Tu te réveillas de bonne heure, et presque sans surprise Aïma était déjà debout. La vieille dame semblait se lever aux aurores pour s’occuper de tes tâches quotidiennes. Il ne devait pas être aisé de vivre seule à son âge, et tu ne pouvais pas t’empêcher de ressentir une certaine pitié à son égard. Alors, tandis que tu profitais de la boisson chaude qu’elle t’offrit au réveil – comme si tu n’étais encore qu’une gamine –, tu lui posas finalement la question :

Dialogue de personnage
« Puis-je vous demander ce que vous faites seule ici ? Pourquoi ne pas être partie dans un village ou une ville ? »


Son visage jusqu’ici souriant se ferma peu à peu. Ce n’était peut-être pas une bonne question à poser après tout. Une chose n’avait pas changé chez toi, tu étais toujours aussi maladroite. Finalement, ce n’était peut-être pas plus mal que tu ne cherches plus à faire la conversation d’ordinaire.

Dialogue de personnage
« C’était le cas… Jusqu’à ce que les gens appellent le Kakusei… »


Dialogue de personnage
« Le cataclysme m’a tout prit, ma maison, mon mari, mes enfants… Ils sont partis ce jour là, avec cet homme, celui qui était Raikage autrefois, puis ils ne sont jamais revenus… »


Tu sentis un frisson te parcourir l’échine, tu avais réellement lancé le mauvais sujet de conversation. Le Kakusei était pour toi aussi un évènement source de souvenirs marquants, mais pire encore, tu étais partiellement responsable de tout cela. Bien qu’il aurait probablement eu lieu avec ou sans toi, le contexte aurait pu être bien différent… Tu te sentais responsable de la mort de ceux qui avaient péris. Leur mort était « nécessaire », un petit sacrifice pour sauver le plus grand nombre, et tu aimais te convaincre que c’était la bonne chose à faire en dépit de l’échec de ton ambition. Mais pour la première fois depuis longtemps, tu ressentais du doute, et tu savais que tu ne saurais jamais capables de te pardonner le mal que tu as pu faire d’une manière ou d’une autre.

Dialogue de personnage
« Je me réconforte en me disant qu’ils ont réussis ce qu’ils étaient partis faire, mais pas un jour ne passe sans que je regrette de ne pas y être allée moi aussi… »


Dialogue de personnage
« Je suis… Désolée… »


Tu avais la mine basse, les yeux portants dans le vide. Tu ne pouvais décemment pas dire la vérité à cette dame, elle ne méritait pas de subir un tel affront. Tu préférais qu’elle garde cette image de toi, et ces excuses, aussi faussent pourraient-elles sonner, étaient tout ce que tu avais malheureusement à lui offrir.

Dialogue de personnage
« Ne le sois pas ! Ce n’est pas comme si tu y étais pour quelque chose. »

Avant-hier vers 19h


Ses mots te transpercèrent le cœur. Elle te regardait non sans affection, cette dame avait de l’estime pour toi et te traitait même comme sa propre fille. Mais méritais-tu tant ? Tu sentais ta poitrine se resserrer, tu étais à peine capable de faire face à la situation bien que tu ne comprennes pas réellement pourquoi. Jusqu’ici tu étais parvenue à avancer sans te retourner, continuant dans la voie que tu avais choisie, persuadée que c’était la bonne. C’est alors, lorsque tu portas une nouvelle fois ton regard vers les portraits, qu’une scène revint à ton esprit…

FLASHBACK

~~ Quelque part, au milieu du chaos du Kakusei ~~



Dialogue de personnage
« Si tu ne fais rien pour aider ces gens alors tu ne vaux pas mieux que ce que tu prétends combattre ! Tu peux arrêter ça, alors aide moi ! »


Dialogue de personnage
« Ils sont déjà perdus, le demi-dieu les contrôle. La seule aide que je pourrais te donner c’est de te débarrasser d’eux et vous pourriez ainsi rejoindre le reste des forces… Mais, c’est trop tôt. »


Dialogue de personnage
« Trop tôt pour quoi ?! Tu comptes les laisser s’entre-tuer sans rien faire ?! »



La bataille du Kakusei avait été tragique, à pleins de niveaux. Le Demi-dieu avait des pouvoirs dépassant complètement les vôtres, il transcendait tout ce qu’était un être vivant lambda, et sa capacité à manipuler les esprits n’avait pas été sans conséquences. Au milieu du chaos, les forces coalisées en étaient arrivées à se battre en elle, car l’entité avait le contrôle sur leur esprit.
Et tu t’en souvenais parfaitement, car c’est à cet instant sur le champ de bataille que tu croisas le chemin de ta mère. Elle voulait sauver ceux qui étaient contrôlés, ce que tu refusas, choisissant de les observer se battre entre eux. Mais le visage de ces gens étaient profondément ancrés dans ta mémoire, et tu en étais presque sûre, certains d’entre eux n’étaient nuls autres que le mari et les enfants de cette dame.

Dialogue de personnage
« Tu es bien silencieuse, je devine que le Kakusei fut une épreuve pour toi aussi. Tu étais là-bas ce jour là, pas vrai ? »


Tu avais les yeux légèrement larmoyants, ressentant des émotions dont tu avais presque oublié l’existence. Tu passais souvent de longues heures à penser à tout ceux qui avaient péris, que ce soit de par tes propres actes ou indirectement, tu avais aujourd’hui beaucoup de sang sur les mains, bien plus que tu ne l’aurais jamais imaginé. Tu ne laissais en revanche que peu de place aux regrets, il était trop tard pour cela, mais aujourd’hui tu étais confrontée directement aux conséquences de tes actes, te mettant dans une position où l’on te prenait pour une victime alors que tu étais certainement l’une des plus coupables.

Dialogue de personnage
« Oui… J’étais là le jour où le monde a changé. Je regrette Aïma, j’aurais pu faire plus. J’aurais du faire plus. »


Dialogue de personnage
« Voyons Kyoko, tu n’as rien à te reprocher. Je ne vois pas ce qu’une jeune femme comme toi aurait pu faire de plus à l’époque. Je suis déjà très contente que tu ais survécu. »


Tu n’avais toujours pas à cœur de dire la vérité, c’était trop difficile à assumer et tu ne t’étais jamais sentie aussi honteuse qu’aujourd’hui. Toi qui avais généralement toujours réponse à tout te retrouvait à te terrer dans le silence, parce que rien de ce que tu pouvais dire n’arrangerais les choses, et rien n’était excusable. Tu étais en grande partie responsable du malheur de cette femme, et ton comportement était d’une hypocrisie sans nom, tout ce que tu aurais voulu faire à cet instant c’était fuir, loin de son regard que tu pouvais à peine supporter.

Hier vers 06h