Il commençait à se faire tard, observant l’horizon depuis le balcon de la chambre qui t’avait été attribuée au sein du manoir Sōmu, tu étais pensive. Tu avais passé ces dernières semaines à Shinkiri-jima où tu eus l’occasion de constater par toi même la quiétude de l’île. Il était indéniable que la présence des Hattori et de l’Empire avait été bénéfique pour les habitants de l’Archipel, tu n’avais eus l’occasion de voir Kiri qu’une seule fois dans ta vie, et cela n’avait rien à voir avec ce que tu avais aperçu en voyageant ici. Kaguya et Gaikotsu avaient visiblement perdus complètement leur influence, au point que s’il n’existait pas des vestiges de part et d’autre de l’île, leur histoire aurait pu être complètement oubliée.
Ton calme fut alors troublé par le bruit d’une porte, suivis de quelques pas que tu reconnaissais désormais parfaitement sans avoir à te retourner, ceux de l’hôte de ces lieux.
« Je suppose que vous avez entendu la nouvelle ? »
Te demanda-t’il, ce qui n’eut pour effet que de te faire soupirer. Bien évidemment que tu avais entendu, car les nouvelles du continent n’étaient pas rassurantes.
« Difficile de faire autrement, tout le monde ne parlait que de ça aujourd’hui… »
« Des « rebelles », attaquant un train et brûlant des habitations de la capitale… on dirait que vous êtes plus proche d’obtenir cette alliance que je ne le pensais. »
L’existence du groupe de Kimino était officielle désormais, et surtout vous étiez désormais véritablement en guerre contre l’Empire, car il était impensable qu’il ne reste sans réagir. Une chose que Akihiro ne tarda pas à confirmer.
« Ces attaques ne furent pas sans conséquences comme vous vous en doutez. Mais il semblerait que nous ne soyons plus les seuls à savoir qu’Uzumaki Kimino est en vie. Vous aimerez également jeter un coup d’œil à ces affiches, nous les avons reçues ce matin avec ordre d’en coller partout. »
Il te tendit alors un certain nombre de bout de papiers, d’un seul coup d’œil il fut alors très simple de deviner ce dont il s’agissait : un nom, un visage, un prix, il s’agissait de primes, ni plus ni moins. Presque chaque membre des rebelles s’y trouvait, comme Kimino, Jiken, Seishiro, Eiko… et même toi. Il y avait en revanches d’autre individus, hors de votre cause mais dont l’ancienne réputation allait jouer contre eux aujourd’hui. Des gens perdus de vu depuis longtemps tel que Uzumaki Shimazu ou Kitto Kotaro faisaient parti de ces noms, entre autre.
« Tss… Certains d’entre eux ne sont même pas des nôtres. À quoi pensaient-ils ? Leurs actes viennent de condamner beaucoup d’innocents… »
Le visage d’Akihiro montra alors une certaine surprise en écoutant ta réaction. Tu n’étais pas au fait de cette initiative, et il va sans dire que tu aurais été contre. Il y avait beaucoup de moyens de lutter, mais en agissant ainsi ils confirmaient ce que la propagande impériale racontait depuis des années : les ninjas sont des terroristes.
Était-ce donc cette image que Kimino voulait donner aux siens ? Tu savais pertinemment qu’il était loin d’être la bienveillance incarnée, mais tu ne l’imaginais pas non plus accomplir de telles attaques gratuitement.
« Ils ? Vous n’étiez donc vraiment pas au courant ? C’était un assaut d’envergure, j’aurais pensé que cela était préparé de longue date. »
Tu secouas légèrement la tête, et dans tes yeux se lisait ton incompréhension couplée à une certaine dose d’inquiétude. Tu réfléchissais, essayant de comprendre ce qui avait mené à tout cela car votre avenir s’annonçait désormais bien plus dangereux et compliqué.
« Non… Il a du se passer quelque chose les forçant à agir, du moins je l’espère. Puis-je vous demander une dernière faveur ? »
« Mon navire j’imagine ? »
Répondit-il immédiatement, comprenant sans doute l’urgence de la situation. Tu hochas alors simplement la tête, tu devais retourner immédiatement auprès des autres. Daiki allait alors devoir gérer seul la situation à Hirui-Shima, même si une partie de toi espérait qu’il était déjà rentré.
« Oui. J’en ai assez vu ici, je comptais rejoindre Hirui-Shima mais il semble que les affaires du continent soit plus pressantes désormais. Je ferais part à Kimino de votre proposition, nul doute qu’il devrait y montrer un certain intérêt. »
« Je ferais donc préparer le navire pour un départ aux premières lueurs de l’aube. Cependant, puis-je me permettre de vous demander ce qui vous a fait reconsidérer notre proposition ? Vous y étiez plutôt réticente à votre arrivée. »
Tu eus ce réflexe habituel, celui de hausser un sourcil, non sans dédain. Tu n’avais pas réellement changé d’avis, c’était plutôt les circonstances qui rendaient la situation compliquée. C’était comme tu l’avais estimé, les gens d’ici n’avaient pas besoin d’indépendance, et leur trio voulait probablement juste une opportunité de gagner en pouvoir et en contrôle. Une histoire vieille comme le monde finalement. D’ordinaire, tu aurais jugé que ce n’était pas votre rôle d’interférer, que vous aviez déjà suffisamment de problèmes sur le dos, mais les choses venaient de changer.
« Et je le suis toujours. Ces gens vivent en paix et vous n’allez leur apporter rien d’autre que la guerre et le chaos. Mais je sais aussi qu’avec ou sans nous, cela arrivera, alors il vaut mieux maximiser vos chances de réussite. De plus, maintenant que les miens sont ouvertement en guerre avec l’Empire… il leur faudra un endroit sûr. Si l’Archipel peut-être un nouveau départ pour nous, alors soit. »
