Sur une petite île escarpée, à quelques encablures de la Crique de Kagenami, le vent marin soufflait en rafales, projetant des embruns sur les rochers glissants et les herbes rabougries. Les falaises abruptes étaient ponctuées de fissures où l’eau de mer s’infiltrait, et quelques buissons coriaces, pins maritimes et fougères luttaient pour survivre sur cette terre battue par les éléments. Le sol, parsemé de graviers sombres et de fragments de corail poli, offrait juste assez de nourriture pour subsister temporairement, et les courants changeants rendaient tout accès depuis la mer périlleux.
Manjirō, agenouillé sur un amas de pierres glissantes, s’acharnait contre un crabe obstiné qui s’était réfugié entre deux blocs. Il grogna :
Frappant à mains nues les rochers qui ne bougeaient évidemment pas d’un millimètre. Le crustacé, impassible, semblait presque se moquer de lui, reculant à chaque tentative de saisie.
La raison de sa présence ici n’était pas seulement un caprice : Kaguya Emi, sa sensei, l’avait envoyé en épreuve de survie. Cette île isolée constituait un terrain idéal pour tester son endurance et sa débrouillardise. Et, accessoirement, cela lui permettait d’éviter Yu, qui aurait très certainement transformé ce moment en une partie de ninja incessante. Manjirō devait se débrouiller seul, trouver de la nourriture, et apprendre à survivre dans un environnement hostile…
Un craquement sec retentit au-dessus de lui. Sur une corniche étroite et balayée par le vent, une silhouette se détachait : Hattori Hidemi. Drapée dans un manteau sombre qui flottait au vent, ses yeux brillaient d’une froide intensité, parcourant l’île de son regard perçant. Traqueuse de l’Empire et de la Royauté, elle était chargée de scanner les lieux pour référencer les ninjas du secteur. Sa mission était claire : observer, signaler… et si nécessaire, éliminer.
Sa voix fendit l’air salé et le tumulte des vagues :
« Tu penses pouvoir survivre combien de temps comme ça, Konohajin ? »
Manjirō leva la tête, les yeux écarquillés, et répondit sans la moindre hésitation :
« Je chasse du crabe, salope, c’est interdit ? »
Le ton était brut, vulgaire, mais franc. Hidemi cligna des yeux, son expression inchangée, comme si ce langage ordurier ne l’atteignait pas. Le vent fit tourbillonner le sable et les feuilles autour d’eux, ponctuant l’instant d’une tension étrange entre absurdité et danger.