Plus tôt dans la matinée, un messager avait été retrouver Chikara Saori à son domicile, lui délivrant alors une lettre marquée d’un sceau. Celui-ci n’était pas n’importe lequel, puisqu’il s’agissait ni plus ni moins de l’emblème du département des Sciences, dont Mikito Tan, de son statut de Ministre, était responsable. La lettre lui donnait rendez-vous sur les coups de midi au sein du Daireikan.
De par leur amie commune, les deux femmes se connaissaient de vue, mais comme pour la plupart des gens, Tan restait une énigme. Saori savait néanmoins qu’elle et Kyoko se connaissaient depuis bien avant la fondation de l’Empire et qu’elle avait les avait rejoint peu avant le Kakusei. Outre cela, sa relation avec la Kitto restait curieuse. Elles ne paraissaient pas particulièrement proches au premier abord, mais passaient un certain temps ensemble. De plus, les rumeurs allaient bon train depuis l’arrivée de Tan au poste de Ministre deux ans plus tôt, certains affirmant que la jeune femme n’était qu’une marionnette au service de Kyoko, mais bien peu osaient contredire publiquement les décisions de l’Empereur.
Peu de temps avant l’arrivée de Saori, Tan s’entretenait avec un autre Ministre. Il s’agissait plus précisément d’un dénommé Kaïdo, qui était lui responsables des états-civils. Son rôle était important, puisqu’il était le lien entre le cœur de l’Empire et ses vassaux. Contrairement à d’autres de leurs pairs, Kaïdo était un homme modéré, qui préférait l’approche diplomatique à la violence. Un point commun qu’il avait avec Tan. C’était notamment grâce à lui que l’Assemblée n’avait pas prit de décision trop hâtive concernant les shinobis impériaux, comme Saori.
« En mon absence, et celle de Kyoko, il ne reste que vous pour éviter les massacres inutiles. Je n’ai que peu de confiance envers les autres Ministres. »
L’Empire était grand, l’Empire était fort… mais tout cela reposait sur une administration gigantesque. Et c’était là l’une des grandes qualités de Borodari, l’Empereur savait s’entourer de personnes compétentes et fidèles, capables de faire tourner les rouages d’une nation comme ceux d’une machine parfaitement huilé. L’Empereur décidait, les Ministres appliquaient.
Ces derniers conservaient néanmoins une certaine marge de manœuvre, un tel poste impliquait non seulement une grande responsabilité, mais signifiait également la confiance du pouvoir suprême. Les jeux de pouvoirs et les alliances étaient donc monnaies courantes, mais chacun veillait à ne pas fragiliser l’Empire.
« Je ferais au mieux pour contenir les foules, mais vous devriez savoir que… »
Kaïdo s’interrompit lorsqu’une servante arriva, avec à ses côtés Chikara Saori. Le Ministre, assis en face de Tan, se releva gracieusement, et souriant il ajouta :
« Hmm, il semble que vous ayez de la visite. Nous reprendrons cette discussion à votre retour, Mikito Tan. »
« Vous avez ma gratitude, Ministre Kaïdo. Et je vous retournerais cette faveur dès que vous en aurez besoin. »
Sur ces mots, Kaïdo commença à quitter la pièce. Saluant les arrivantes d’un simple signe de tête tandis que la servant tirait la révérence. Tan fit alors signe à cette dernière de quitter la pièce, et alors que celle-ci refermait la porte derrière elle, Tan regardait Saori et lui dit simplement :
« Entre, Saori. Mets-toi à ton aise. »
La ministre se rappelait alors sa dernière rencontre avec la Chikara, qui elle n’en avait probablement aucun souvenir. Elle avait, sans même poser de question, acceptée de sacrifier une partie de sa mémoire pour le bien de sa précédente mission. De fait, Tan la tenait non seulement en haute estime sans que cette dernière n’en soit consciente, mais surtout elle faisait partie des quelques rares personnes de confiance de la capitale.
« Nous n’avons jamais réellement eu l’occasion de discuter toi et moi, bien que nous suivions les idéaux de la même personne. Je sais une chose néanmoins, ta loyauté envers Kyoko est indiscutable. »
Tan ne savait pas les raisons qui avaient poussé Saori à suivre la Kitto. Elle n’avait pas été la première, et elle ne serait probablement pas la dernière à faire ainsi. Malgré elle, votre amie commune avait la capacité de susciter l’intérêt des autres, de gagner leur confiance et leur loyauté au point qu’ils étaient capables du meilleur comme du pire sans jamais remettre en cause les raisons derrière ses actes.
Une attitude dangereuse, mais qui avait finit par séduire Tan elle aussi. Sans parler d’un modèle, Kyoko avait agit comme une guide à plusieurs reprises, lui montrant un monde différent de celui qu’elle pensait connaître. Si elle émettait des réserves depuis toujours, et qu’elle n’avait jamais hésité à lui en faire part, Tan finissait toujours par se plier à la volonté de la Kitto.
« Je n'aime pas perdre du temps, je vais donc être plutôt directe, j’ai besoin de ton aide. Elle m’a confiée une tâche, mais je ne suis pas certaine de pouvoir l’accomplir seule. Il me faut donc une personne talentueuse et de confiance, c’est pourquoi je me tourne vers toi. »