Lorsqu'elle était devenue Genin il y'a cinq ans, elle avait cru qu'elle aurait enfin du temps pour elle, que l'on lui laisserait s'aérer l'esprit, qu'on la féliciterais pour cet accomplissement et qu'elle pourrait s'accorder une pause afin de s'adonner à sa passion dévorante pour les œuvres toujours si nombreuses de la bibliothèque familiale. Cela s'était révélé un doux rêve inaccessible. Ses parents voyaient si grand en elle.
Elle avait eu des résultats élogieux, mais selon ces derniers, il n'y avait rien de plus normal, puisqu'elle était leur progéniture et qu'ils n'avaient pas compté les finances pour lui fournir les meilleurs précepteurs et professeurs. Le ruban du village n'avait eu aucune importance, elle avait du tout redonner à nouveau pour mériter le titre de Chuunin.
Deux années avaient fallu pour qu'elle l'obtienne avec les honneurs, mais cela n'avait pas encore suffit. Elle n'essayait même plus de savoir ce que l'on attendait d'elle, étudiant la majeur partie de son temps. Accueillant les visiteurs et entretenant les rayonnages de plus en plus vastes de nouveaux documents, les traitant, les archivant... Et les consultant autant qu'elle le pouvait, quand il lui restait un semblant de temps libre.
Ce jour là, elle allait enfin pouvoir se rendre à ses petites escapades mentales bienvenues, si bien qu'elle en souriait presque par avance, lorsque l'on vint se présenter à l'entrée des archives. Son engouement s'évanouit comme une flammèche soufflée par le vent. Elle s'enferma derrière son masque d'impassibilité, profondément déçue. Néanmoins, Yukiko ne s'était pas attendue à trouver à l'accueil une toute jeune adolescente, douze... Peut être treize ans... Déjà très belle.
Gaikotsu. Une évidence. Elle fouilla dans sa mémoire. Les listes, les photos des shinobis du clan. Elle entendit sa demande. Cela aussi, une évidence. Les documents traitants de Faust étaient plus nombreux que les étoiles dans un ciel nocturne sans nuages et les membres du clan courraient après ses légendes. Les vérités étaient indécelables autour des faits les plus romanesques et les plus idéalisés de cet ancêtre prestigieux. Pour sa part, Yukiko étudiait ce personnage méticuleusement, mais ne souhaitait pas s'en accaparer le savoir.
Il n'y avait rien de beau dans l'art de soulever les morts. Mais elle ne souhaitait aucunement entraver les vœux de ceux qui voulaient en connaître d'avantage. Le savoir était un pouvoir. Cette partie là était réservée aux Gaikotsu et... Ah ! Elle s'en souvenait à présent : Bakura. Une enfant douée. Digne représentante du clan, tout à fait légitime pour l'analyse de ces archives privées, interdites aux Kaguya eux-mêmes.
« Bienvenue aux archives, Bakura-san. Votre droit sur ces documents est total, tant qu'ils restent dans les murs de cette demeure. Néanmoins, il n'y'a pas de critère de temps, une chambre vous sera allouée si vous souhaiter demeurer ici plus longtemps et nos serviteurs pourvoiront à vos besoins durant votre séjour. Je suis Yukiko Akimi Kurohime Gaikotsu, héritière de la maisonnée, enchantée de faire votre rencontre. »
Pure politesse que tout cela. Elle exécutait déjà son demi-tour pour mener la jeune fille dans la salle dédiée aux études de leur illustre aïeul à tous.
« Si vous voulez bien me suivre. »