Dans les tréfonds de la terre

Alors que la lumière semble s'atténuer, son visage semble enfin se montrer. Vulgairement, je l'appelle "Rabbit". Il est ma chose. Il est l'héritage de la pitié de mon père. Bien que je suis un Hattori croyant, je ne peux pas croire en une telle chose. Je ne peux pas accepter que père ait pu l'accepter. Il est bien trop tard pour lui reprocher un tel crime. Alors que le silence est à son comble, les yeux jaunes de l'être déformés semblent de plus en plus visibles. C'est ce que je préfère de lui. D'une voix froide et calme, je pris la parole avec un air hautain :



Les choses étant clarifiées, il est vrai que je ne peux qu'attendre des nouvelles importantes. Je l'observe avec une certaine sévérité, que pouvait-il bien répondre ? Espérait-il vivre dans une certaine tranquillité ? Si c'est le cas, il rêve. Il est et restera mon chien de l'ombre. Il doit faire le sale boulot, il doit m'aider à m'améliorer... Non, il n'est pas mon bras droit mais, un simple pion. Rien que ça.

Ahh !! Cette noblesse ! Toujours un air arrogant, toujours cette richesse et parfois cette pitié ! Ahhhh la noblesse !

Mes yeux jaunâtres sont quasiment camouflés par ce masque hideux. Je dois le garder car, ce masque est mon nouveau visage ! Son père me laissait me balader sans dans mon propre laboratoire. Le bambin s'y ferra ! Oui, il s'y ferra ! Hahahahaha ! J'ai toujours aimé cette famille, elle est plutôt intéressante. Elle semble croire à un idéal mais, elle est capable d'agir contre celui-ci



Les Hattori le sont tous, macabres...

Encore et toujours des suggestions. Cet homme demande du temps, un temps inexistant. Je ne peux m'empêcher d'observer ce masque. Cette chose, mon invention, semble être le seul moyen que j'ai trouvé pour ne pas le tuer. Malgré ça, je ne peux m'empêcher de lui mettre un visage... Bien que le fait de le sortir a toujours été chose impossible, ce masque semble lui offrir une minime liberté. Ceci n'est pas encore au goût du jour mais, tester la véracité de son engagement pourrait me permettre de savoir si son ambition est réelle.
Je le dévisage et j'essaye de me souvenir. C'est difficile, c'est vague. Comment était-il adolescent ? Je l'ai connu sans le connaître. Je ne savais pas qu'il était... ça! Père lui offrait du colorant du mont Pichän, un élément assez rare et assez coûteux... Je n'ai jamais pu décider de la même chose. J'ai préféré le cacher et lui mettre cette chose. Ainsi, son intelligence reste mienne mais, je n'ai plus à le supporter... Non, je n'ai plus à le faire...

Je place mon regard vers le seul lieu véritablement éclairé du laboratoire. Une sorte de lumière verdâtre semble en sortir... Ce tube permet de le tenir dans un état d'inconscience. Bien sûr, il était d'accord. Il est le seul être à avoir atteint un tel niveau. Ce qu'il secrète est indéniablement la chose la plus puissante qu'un Hattori peut créer. Je ne peux pas le nier, cet homme renouvelle ma génération.

Il aurait tout de même pu m'apporter quelques carottes... J'en ai marre de cette bouffe affame, je ne sais même pas ce que je mange. En plus, le gars qui me l'apporte n'est pas très bavard, c'est un Hattori en somme ! Sans réellement l'exagérer, j'évite de fixer l'homme se trouvant devant moi, j'ai peur de le décevoir ou de le vexer. Il semble toujours un peu énervé, je préfère éviter la patate.

Assez intéressant. Le dernier Tama livré ne veut pas s'échapper. Pourquoi ? La crainte doit lui faire peur, il doit vouloir y survivre. Habituellement, les patients sont ingérables, les droguer reste l'alternative la plus simple. Alors, pourquoi ? Il est le dernier... Il en veut peut-être à sa nation, c'est sûrement ça. Il n'avait donc pas réalisé qu'il y passerait ? Crétin. Les Kirijins sont de foutus traîtres. Ils sont incapables de survivre en milieu hostile, ils préfèrent se cacher dans un lamentable village. Il préfèrent la peur au combat. Lâches.
J'observe Rabbit. Ce crétin en a dans sa caboche, il comprendre moi initiative.


Je me retourne avec calme. Rabbit me semble apte à sortir. Il le doit. Il a besoin de comprendre le monde extérieur, comprendre le danger. Bien sûr, le risque est grand. Mais, un homme bien entouré tâchera de jouer avec sa laisse. Il n'osera rien. Du moins, il sait qu'il peut mourir à chaque instant et que dehors, ce risque s'accroîtra.
Pauvre Rabbit, tu aurais pu naître dans un corps plus sain... Par amusement, je me retourne avec un petit sourire aux lèvres :


Je remonte. L'ascension est toujours longue mais, c'est le prix à payer pour cacher un tel lieu. Les personnes connaissant cet endroit sont bien rares...

Hum... Ce patient est donc intéressant. Hum... Je m'en doutais. Le dernier Tama... Bien que quelques semblables soient ici, il n'essaye pas de communiquer avec eux. Ils sont dorénavant fous, ça semble un peu inutile, hahaha ! Ce type a donc le droit au "respect" de sa seigneurie. Pourquoi ? Il veut sûrement s'en servir comme un toutou, bonne idée ! Oui, très bonne idée ! Magnifique, même ! Pourquoi récupérer son pouvoir quand on peut se servir directement du porteur ! C'était le but premier du poison neurologique d'ailleurs... Hum... Je me suis un peu foiré il me semble. Alors que l'homme s'engouffrait dans les escaliers me cachant du jour, je pris la parole (entre le cri et la parole) :

Ce lieu est ma prison. Ce lieu, je ne le déteste pas tant. Mais, ce lieu me fait peur. La nuit, je rêve de ce lieu. Le jour, je ne fais qu'y vivre. Quelle est la différence ? Mais, ce lieu est ma seule maison...
Hum... C'est intéressant d'être une sorte prisonnier bien aimé.. Je ne l'ai pas toujours été mais... C'est un statut un peu spécial ! Du moins, j'avais l'impression de ne pas l'être.
Hum... Je l'ai toujours été. Son père était juste meilleur pour cacher les choses. J'aime la franchise. Oui, ça me fait mal mais, je préfère ça !