La nouvelle génération

Depuis quelques jours, je m'intéressais de plus en plus aux anciens élèves de l'académie. Organisant des rencontres sur mes heures de libre, j'essayais de prendre de l'importance aux yeux des autres. Je ne comptais pas rester éternellement l'étranger du village. En cette journée, j'avais donné rendez-vous à deux Shinobi de Konoha. Le lieu était le Yūhodō, un restaurant reconnu au sein de Konoha. Il était relativement bondé en temps normal, mais le mauvais temps semblait rendre la visite plus ou moins simple. Y pénétrant, je réserva une table afin de m'y asseoir.
Je connaissais les deux personnes de visage à l'aide des archives. Ils n'allaient malheureusement pas pouvoir me reconnaître... Voyant un homme avec une crête entrer dans le village, j'en concluais qu'il étais le fameux Kitto aveugle.



Comment un aveugle pouvait arriver ici ? La question est bonne, les hommes de ce genre sont plutôt rares au sein de Konoha. Une fois suffisamment proche, je repris :



Ne sachant que faire de mon argent, je préférais le gaspiller bêtement et économiser pour rembourser Gekido de mon éternelle dette.

La journée était douce, bien qu'humide et c'était peu de le dire. Néanmoins, c'est avec un certain délice qu'il déambulait sous la pluie, la laissant le recouvrir et lui rendre en écho chaque impact de la pluie sur les rues ruisselante, rendant les choses presque... visible à ses sens. Son bâton, autant votif qu'adjoint à sa marche, n'avait pas autant besoin d'être martelé que les jours de beau temps, les trombes lui servant de radar plus qu'elle n'obturait son ouïe.

On lui avait donné rendez vous, ou plus particulièrement, on l'avait invité à déjeuner. C'était un fait rare pour être appréciable et il lui avait été difficile de trouver une raison valable à la refuser. Mais voila qu'il traînassait, profitant de l'intempérie comme un être commun se plairait en plein soleil. Pour sa part, il aimait tout autant l'un que l'autre. Une voix presque inconnue tonna son nom soudainement, il devait être arrivé à destination. Konoha était son village natale et sa tare physique l'était tout autant.

Il avait apprit à vivre sans la vue et parvenait plus que de mesure à donner le change, donnant parfois l'impression qu'il pouvait voir les paupières close, ce qui était probablement le cas. Souriant, radieux malgré la pluie, il se dirigea vers celui qui devait être Shimazu, un membre du clan Uzumaki, s'il ne se trompait pas. Parvenu à hauteur de l'homme, il le salua... Du moins, il salua son voisin par mégarde et sans s'en rendre compte.



Et il était parfaitement sincère. Quoi de plus agréable comme rencontre que ce genre là ? Il se réjouissait d'avance de partager un moment avec des pairs, un frère et une sœur des feuilles.



Décidément, cette journée débutait sous les meilleurs auspices.

Riant joyeusement, je gardais au coin de l’œil l'entrée. Je n'espérais qu'une chose ; Tsubasa. Réunir les clans était une bonne chose pour le village. Il était nécessaire que celle-ci compose cette entente prochaine. Inutile de se fourrer dans la haine, il était temps de lancer cette génération de Shinobi.



Cet homme semblait parfaitement calme. Les Kitto possédaient généralement cet attrait. Des êtres purs et impressionnants. De son statut, pouvait-il utiliser le pouvoir de son clan ? Être aveugle ne devait pas être simple...



Je repris mon fou rire.

Un Uzumaki, un Kitto et une Chikara entrent dans un restaurant... Ça commence comme une blague, ne trouvez-vous pas ? Pourtant, cette histoire est tout ce qu'il y a de plus sérieux. Tsubasa avait reçu une invitation à manger de la part d'un certain Uzumaki Shimazu, dont le nom ne lui évoquait rien de plus qu'une touffe rouge de plus dans le paysage. Une de plus. Oh, n'allez pas l'imaginer partisane de cette gue-guerre stupide opposant son clan à cet autre, si différent. Les Uzumaki ne la dérangeaient pas le moins du monde, tant qu'ils gardaient leurs distances et ce sens de la diplomatie qui leur est propre. Diplomatie. Ce n'était pas vraiment un propos qui aurait pu la qualifier, elle et son caractère de cochon, elle et son manque certain de tact, elle est son impatiente... Mais tant pis.

Elle ferait un effort pour contenir tout préjugé le temps d'un repas, le temps d'une discussion autour d'un verre, le temps de refaire le monde avec de belles paroles et de beaux « et si... »

        Vêtue de son accoutrement habituel, ses cheveux délicatement maintenus en une sorte de queue courte par un ruban assorti, elle se dirigea donc vers le lieu du rendez-vous, un restaurant récent mais non moins réputé pour autant : le Yūhodō.
On dit que l'on peut y trouver toutes sortes de mets issus de la culture des trois clans, que tout y est délicieux et agréable et que tout le monde finit toujours par y trouver son compte. Pour sa part, elle n'y avait jamais mis les pieds. Pas le temps, pas l'argent, pas envie d'y aller seul... Elle aurait bien invité Len mais il l'aurait charrié tout le long du repas... Et puis, une fille n'invite pas un garçon ! Il pouvait bien aller se brosser s'il espérait pouvoir se remplir le bide sous le compte de la demoiselle et repartir la bouche en cœur ! Non mais.

Piétinant et esquivant du mieux qu'elle pouvait les gouttes d'eau qui s'écrasaient sur son chemin et menaçaient ses cheveux lisses de rebiquer, elle finit par arriver à destination. Quelques courageux étaient déjà là, cherchant un abri le temps de laisser passer la pluie mais tout cela ne l'intéressait guère vraiment. Son regard parcourait les visages, les chevelures diverses et variées comme si elle s'attendait à une révélation presque divine de la face de l'homme qui l'avait convié. C'est alors que les bribes d'une discussion lui sautèrent à l'oreille.



La tentation étant trop grande, elle ne put se retenir de chercher la personne qui venait de prononcer ses paroles et le repéra assez aisément. À quelques mètres derrière elle, un rouquin -probablement un Uzumaki- et un homme aux cheveux bleu azurés échangeaient des paroles matures et pleines de bon sens. Elle les dévisagea un moment, muette, se demandant si elle avait vraiment le droit d'épier ainsi les gens et finit par détourner vivement la tête avant d'être repérée et jugée comme une fouineuse irrespectueuse. Ce qu'elle était, certes, mais qu'elle n'assumait pas toujours.

Chaleureux. L'aura que cet homme dégageait était incroyablement douce et rassurante. C'est avec un pieu silence que Takuan s'abreuva de ses mots et de ses rires, se laissant bercer par son ton et sa joie dégagée, malgré certains de ses propos tristes, mais dont il ne voyait rien de pessimiste, au contraire même.



Autour d'eux, les passants ne faisaient guère attention à leur échange. Ils s'agissait simplement de deux hommes traitants d'idées agréables, rien de plus après tout. D'apprendre que Shimazu était le frère de la tempétueuse Kazami accru le sourire déjà franc du moine aveugle. Il ne la connaissait pas personnellement, mais avait déjà pu entendre nombreux de ses faits d'armes et elle semblait totalement différente... Non, cela allait bien plus loin que ça... Opposée à ce garçon.

Puis au cœur de la foule, quelqu'un s'arrêta, la pluie répercutant l'écho de sa présence. Intéressé par leur conversation ou prêtant une oreille hasardeuse, il ne pouvait guère le savoir, n'étant pas télépathe. De ce que son sens lui retournait, il ne s'agissait pas d'un être fort en chair. Ses appuis différents et significatifs, attestèrent de son genre à la "vue" du moine. Ainsi, il annonça d'une voix enjouée et parfaitement audible à leur discrète invitée :



Il clôtura sa tirade d'un rire joyeux, sans pour autant se retourner vers l'opportune auditrice.

Tsubasa Chikara... Je n'étais pas expert, je ne reconnais ce visage que partiellement. Une photographie n'était jamais un témoignage fiable. Je l'observais ainsi du coin de l'oeil.



Sourire aux lèvres, je n'hésitais pas à mouvoir mes membres. Un véritable enfant en action, je semblais prendre un malin plaisir à raconter la chose.



Reprenant un air plus sérieux, je me remémorais ce moment. Un acte de paix. Cette femme savait parlait. Malgré tout, je n'avais pu m'empêcher de la craindre. Mais... Mais... Je ne sais pas, je ne peux douter d'elle. Il est bien trop tard pour cela. Je repris :



Je pris un certain sourire ironique pour ensuite éclater bêtement de rire :



En tant que Senseï, je possédais une belle palette d'informations sur les ninjas du village. Ils étaient potentiellement les maîtres des élèves de demain, ceci est ainsi logique de les connaître...