« Respire, expire. Souffle, contrôle toi. Contrôle-toi. Contrôle-toi. Arretes de stresser comme ça, tout va bien se passer. De toute façon, tu n'y es pour rien. Tu as fait ton possible, tu as fais de ton mieux. Calme toi, tout va bien se passer. Tout va bien se passer. Tout va bien se passer...
»
Les yeux rivées sur cette porte d'un blanc immaculé, Tsubasa marmonnait, comme toujours. Elle tentait de se convaincre de son innocence alors que son petit palpitant tambourinait à une vitesse folle. Elle avait pourtant l'habitude, elle avait pourtant appris à gérer son stress depuis le temps. Pourquoi est-ce que ça lui faisait toujours cet effet même après des années ? Et pourquoi cette fichue porte ne voulait pas enfin s'ouvrir ?! Merde !
De l'autre côté de cette fameuse porte, une salle, probablement blanche elle aussi, puant le désinfectant et les médicaments. Puant le sang et la mort. Une salle d'opération dans laquelle elle n'avait jamais pu mettre un pied. Pourquoi l'entrée n'était-elle réservée qu'au personnel de l'hôpital ? Et pourquoi ce crétin qui lui servait de collègue n'avait pas repoussé ce loup sur le chemin du retour ? Et pourquoi était-il ivre, encore une fois ?
Pourquoi se baladait-il seul et désarmé hors du village à une heure pareille ? Quel idiot. Quel idiot. MAIS QUEL IDIOT.
Le soleil disparaissait un peu plus à chaque seconde qui défilait pourtant avec une lenteur extrême, étirant alors un drap noir sombre sur le village de Konoha. Elle devrait être rentrée chez elle depuis un moment déjà, elle devrait être affalée sur un fauteuil, un verre à la main et un sourire aux lèvres. Mais non. Elle ne pouvait pas. Il était hors de question de quitter cet endroit sans nouvelles de son partenaire qui subissait encore cette sale opération. Son regard se posa sur ses mains, encore tachées de sang. Son sang. Qu'est-ce qu'elle déteste ça, le sang.
Dans son esprit, la scène se rejouait inlassablement à un rythme effréné. Elle revoyait les crocs de ce loup qui lui semblait immense, elle revoyait la nuque de Kitto se brisait un peu plus sous la pression de cette mâchoire animale. Elle se revoyait encore chasser la bête et porter son ami qui puait la vinasse de mauvaise qualité, elle entendait son souffle frénétique, sa respiration saccadée et lourde. Elle sentait encore le sang couler sur son épaule, les larmes perler dans ses yeux. Elle se souvenait de l'effort qu'elle avait fait pour ne pas pleurer. On ne pleure pas pour un crétin.
La porte s'ouvrit enfin et ses pieds qui jusque-là refusaient d'obéir se soulevèrent presque instantanément. L'opération était-elle enfin finie ? Tsubasa dévisagea la jeune femme à la chevelure rouge qui s'extirpa de la pièce, suppliant une bonne nouvelle de ses prunelles chocolatées.