Réaffectation stratégique

C'était sans un mot que Nakatsu avait accepté de suivre son Kage hors de ce bâtiment miteux, froid et sombre où il avait été affecté. Tant pis pour la relève, de toute façon, les prisonniers n'allaient pas se sauver, vu leur état et la résistance des barreaux. Et puis, il n'était pas le seul garde. 
La clarté du monde extérieur l'avait ébloui lorsqu'il avait enfin mis pied dehors. Depuis combien de temps était-il dans ce trou à rats ? Pas bien longtemps comparé à certains résidents mais il avait l'impression de redécouvrir la chaleur des rayons lumineux, la douceur de la lumière et le souffle du vent. L'Hokage avait continué sa route et Nakatsu l'avait suivi jusqu'à son bureau, épiant les rues marchandes d'un regard enjoué et les enfants Chikara jouer avec leurs camarades. Tant que ce n'était pas des Uzumaki, il s'en foutait. Le village de Konoha était agréable, malgré tout. Calme, vivant, beau. C'est dur d'imaginer, lorsqu'on voit tous ces gens marcher, se croiser, se saluer... Que la moitié d'entre eux ne se supportent clairement pas. Dur d'imaginer et avouons le, assez impressionnant.

Quelques minutes plus tard, ils se retrouvaient dans le bureau de l'Hokage. Nakatsu ne fit pas attention aux détails de cet endroit. De toute façon, il les connaissait déjà les lieux. Il regarda donc son Kage, attendant une explication, un ordre, quelque chose. C'était une personne assez sombre, calme. Sa prestance avait quelque chose de mystérieux, presque intrigant. 



Le silence, il n'aimait pas ça. Nakatsu était une personne énergique, vive. Une personne active. Tout ce qui était réflexions sages et stratégies, il préférait les laisser à ses collègues plus compétents. Pas qu'il était idiot ou quoi que ce soit, non. Il était juste un peu trop nerveux, trop hâtif. Bien sur, rien de tout cela ne se lisait sur son visage. Pour l'heure, il préférait garder un visage sérieux, beaucoup plus dans les tons du lieu.

        Notre « périple » nous avait conduit jusqu'à mon bureau. Le bordel ambiant était plus que perceptible, ici et là des papiers traînaient, s'accumulant, formant des piles assez impressionnantes. Bien sur, j'aurais pu faire appel à une des nombreuses femmes de ménage que nous avions à notre disposition mais j'étais un homme ombrageux de nature, et cette méfiance palpable m’empêchait de placer ma confiance en de vulgaire civil. Trop d'informations se trouvaient ici, susceptible de faire tomber une nation ou de soulever des révolutions.

        A peine arriver, voilà que Nakatsu me questionnait déjà, un homme impatient à l'évidence. Je choisi de ne pas répondre pour l'instant, laissant sa question de côté, nous la traiterons plus tard. Je me levais du siège ou je venais de m'installer pour attraper un épais dossier dans un des immenses placards mural qui tapissait mon bureau. Alors Nakatsu, voyons ce que mes fiches pouvais me dire sur toi.



        Bien, maintenant j'en savais un peu plus sur l'homme que j'avais en face de moi, un chien enragé, tout ce que je recherchais, parfait ! C'est maintenant que la tache se compliquait, il allait falloir l'éduqué, le formater, effacé de sa tête tout ce qui pourrait nuire à son développement, à la victoire finale ! De nature plutôt taciturne, il allait pourtant me faire volubile pour l’amener à se découvrir.

Le digne Hokage du village de Konoha ne répondit pas et se plongea dans ses papiers en silence. Nakatsu s'impatientait, bien évidemment. Il avait tellement à faire et pourtant, il était là, à regarder les mouches voler. Après quelques minutes, le chef des Chikara sortit son nez de ses papiers et reprit enfin la parole. Ses propos étaient assez intéressants : il avait vu juste pour le caractère du blond : impétueux et nerveux. Mais quand la jeunesse enflamme votre cœur, elle peut aussi bien être un avantage qu'un inconvénient. Quand on sait s'en servir, évidemment. Il acquiesça alors d'un mouvement de tête et reprit son calme.
Les questions de son maître demandèrent quelques secondes de réflexion avant une hypothétique réponse. Cette alliance n'avait aucun intérêt flagrant, a par attiser habilement la haine des membres des deux clans. En tout cas, c'est ainsi que beaucoup de ninja comprenait ce partenariat. Mais derrière, il y a avait une histoire de pouvoir, de peuple et de force.



Plus que perplexe. On ne savait pas grand-chose sur cette femme, hormis qu'elle était sage et pacifiste. Décidément, on ne trouvait plus que ça, par ici. Où étaient les combattants féroces dont les légendes parlent ? Et ces guerriers féroces... Bien loin. Et cela, à cause des Uzumaki.

        « cette pretresse la » Ah… La prêtresse, la bien nommée ! Une personne mystérieux, toujours plein de contre sens, de métaphore alambiqué, de silence mordant. J'avais l'impression de bien la connaître et en même temps tellement peu. Nakatsu avait raison sur son implication dans cette caricature de paix qui faisait loi a Konoha. Mais derrière cela, il y avait tellement d'enjeu, militaire, stratégique,…



        Je marquais un court silence, comme pour voir la réaction de mon interlocuteur. Ces mots pouvaient être difficile à comprendre, mais ils faisaient un bonne introduction pour la suite de l'histoire, plus sombre et bien plus importante.



        Tel était la réalité, nous n'étions plus qu'un pion sur l’échiquier mondial et les menaces grandissaient de toute part. C'était de notre faute, il fallait réagir.

Nakatsu savait être un bon orateur. Il savait employer quelques beaux mots pour parvenir à ses fins et comprenait donc le côtémanipulateur qu'expliquait son dirigeant. Mais la différence entre ses deux hommes était l'émotion. Peu importe les efforts qu'il pouvait faire, Nakatsu est Nakatsu. Ses mots peuvent être doux, tranchants, légers, son être entier ne criera que la vérité. Son regard, ses sourcils, ses lèvres, son nez, sa posture, ses mains... Tous ces détails trahissaient ses paroles. En revanche, leKage était un maitre dans ce domaine. Rien ne se dégageait de lui. Rien de bon, rien de mauvais, rien de faux, rien de vrai. Non, il était là, et il parlait d'un ton monocorde.
Les séduire. Ce terme le répugnait au plus au point. Des guerriers, des être forts, réduits à des messes basses, réduit à faire ami-ami avec la pire espèce qui soit. Mais les faits étaient là.Konoha était devenu faible alors que Kumo ne cessait de se développer. Quant à Kiri... Plus rien ne parvenait jusqu'à leurs oreilles sur ce sujet. C'était dur à se faire une raison mais ils avaient besoin des Uzumaki le temps que tout revient en ordre.




Non, ils n'avaient pas le choix. Nakatsu ressentait sa situation comme un piège qui enserrait tout le clan Chikara. Un piège qui se resserrait toujours un peu plus. Quand on pense qu'a une époque, un marché avait été mis en place avec les habitants de Kumo et... Eh, attendez un minute ! pourquoi ne pas..



Ses phrases étaient inappropriées et le risque qu'il passe pour un idiot était élevé mais il s'en foutait. Nakatsu n'aimait pas les Uzumaki, et c'est tout.

        Je m’arrêtais, pensant à toutes les conséquences qu'une alliance avec les Hattori impliquerais. C'était en réalité impensable. Une alliance n'est jamais éternel,surtout quand elle est conclu avec quelqu'un de plus fort que soit. Le but est d'avoir un ascendant constant sur ses amis pour vaincre ses ennemies. Malgré leur naïveté et leur manque d'ambition, les Uzumaki était les alliés parfait. Je reprenais.



        C'est vrai que le clan Kitto et leur putin de pouvoir était un réel frein à toutes actions contre les Uzumaki. Il fallait mieux les garder avec nous, jusqu'à trouver comment les contrer. Mais la vrai menace, celle qui pèse le plus dans la balance, c'est Kiri. On ne sait rien de ce village a part sa haine envers les Hattori qui les force à leur livrer une partie de leur homme. Ils feraient des alliés de taille contre Kumo, pourquoi se les mettre à dos ?

C'était un fait. Nakatsu n'avait jamais rencontré ni même aperçu un Hattori. Il n'avait qu'entendu des histoires à leur égard, vantant la force qu'ils possédaient ou la cruauté dont ils faisaient preuve mais rien ne lui avait jamais vraiment rien prouvé. Mais si un homme de ce rang en parlait de la sorte, c'est qu'il ne fallait pas sous-estimer leurs forces. Mais au moins, il avait éclairci ce sujet-là. Pour lui, c'était un plus. Quant aux Uzumaki, ils ne les craignaient pas mais les Kitto étaient si volages, si lunatiques. Impossible de prévoir quel seraient leurs camps.
Ils n'avaient donc véritablement pas le choix. Nakatsu poussa un soupir, agacé à l'idée de ne faire qu'attendre. Attendre et supporter. 
En revanche, la demande de son Kage le réanima en un instant. Il voulait quoi .! Le laisser s'en sortir, comme ça, sans rien .! Alors qu'il méritait clairement de payer son acte et de pourrir plusieurs mois en isolement ou de subir divers châtiments .! C'était aberrant, révoltant, vexant ! Et plus encore. La bouche entrouverte, Nakatsu cherchait dans le regard de son interlocuteur une lueur de malice qui démontrerait que tout cela n'était qu'une plaisanterie de mauvais goût. Mais non. Son regard était sérieux, comme toujours.




Tout ceci n'était que stratagème pour attirer la sympathie des Uzumaki mais cette idée de laisser cet avorton ne rien payer pour ces crimes était... dure à encaisser. Très dure. Il fallait donc qu'il s'assure que le gamin comprend bien la leçon même sans punition et pour cela, un seul moyen : lui faire manger le sol et montrer la supériorité du clan Chikara pendant le combat. Il allait devoir se donner à fond, et plus encore. Une défaite serait parfaitement intolérable... Non, la défaite n'était même pas envisageable.

        Comme je l'attendais, ma requête fut mal accueilli par le jeune Chikara et c'est normal, je lui demandais en quelque sorte de se trahir. Mais la noblesse de notre clan allait bien au-delà de ça ! Nous avancions tous dans le même sens, animé par se désire de vaincre,et Nakatsu savait que si fallait en passer par la pour réussi, il devait le faire.

        Voilà donc notre affaire qui était plié, il ne manquait plus qu'une chose maintenant, la victoire ! Pour cela, je ne pouvais plus rien faire, c'était l'affaire du Chunin, il devait se concentrer et s’entraîner, il n'y avait plus de place pour la discussion.


        Sur ces mots,je me retournais, m'orientant vers la fenêtre, regardant l’horizon. L'avenir était si proche à présent, j'en trépignais d'impatience, le monde allait changer..

Dans quelques jours, ce point noir dans la vie de Nakatsu serait enfin effacé. Dans quelques jours, le clan Chikara imposera une nouvelle fois sa force et sa noblesse d'âme au peuple de Konoha. Ce n'était plus qu'une question de temps et le blond était partagé entre l'excitation et l'anxiété. Les deux Hokage seront présents lors du combat, c'était maintenant une certitude. Il allait devoir redoubler d'efforts pour réussir son entrainement et chaque minute comptait désormais. Ce qui le fit regretter un peu plus le temps qu'il avait passé à croupir en prison, à jouer au portier. Il aurait pu s’entraîner pendant ce temps-là. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Acquiesçant à la demande son supérieur, Nakatsu prit la direction de la porte avant de se vanter une dernière fois.



Il ricana légèrement, excité à l'idée de cette affrontement et se prépara à passer la porte du bureau dès qu'il aurait eu l'approbation de son supérieur.

...

Il ne mit pas longtemps avant de quitter le bâtiment des Hokage. Son regard se posa alors sur les rues de Konoha, si vivantes, si conviviales. Il ne put se retenir de sourire en voyant au loin un groupe d'enfants aider un vieillard à transporter ses affaires pendant que d'autres jouaient aux ninjas et escaladaient les murs des maisons. Lui aussi à une époque faisait cela. Mais le temps des jeux s'était éteint lorsque le clan Uzumaki avait décidé d'attaquer Konoha pendant la nuit et avait tué l'âme des joueurs, sinon les joueurs eux-mêmes. Nakatsu secoua lascivement sa tête. Tout ceci était le passé, désormais, il devait se concentrer sur son avenir. Yasuo Chikara semblait avoir des projets en tête pour notre jeune ninja, et ceci ne pouvait que plus le motiver encore.