Les oreilles de Konoha

La discussion avec Gekido avait mis Kazami en forte réflexion. Les nuits étaient courtes, remplies de cauchemars les uns plus horribles que les autres. Elle avait beau retourner le problème dans tout les sens, aucune solution ne lui venait. Elle se sentait de plus en plus inutile, de plus en plus voué à un destin funeste.

Aujourd'hui elle avait décidé de se rendre à la section Eda. De la elle espérait tirer des informations quand à cette pseudo-rumeur de rébellion des Chikara. Peut-être trouverait-elle quelqu'un qui saurait l'aider ... De préférence, quelqu'un de neutre, un Kitto serait parfait. Kazami se méfiait beaucoup de Taram, la chef de la section Eda. Leur vision différente les mettaient souvent en opposition, parfois bien trop violente pour deux membres d'un même clan. Prudente, elle espérait de ne pas la croiser.

La section Eda était établie proche de l'entrée. Traversant les couloirs, Kazami semblait se balader tranquillement. Ce ne fut seulement lorsqu'elle vit une porte entrouverte avec quelqu'un à l'intérieur sans tignasse rousse qu'elle s'arrêta. Poliment, elle toqua à la porte.

        La salle des archives était au sous-sol dans le poste de police principal de Konoha, c’est-a-dire celui près des portes. Cela faisait plusieurs jours que Keisan se contentait de celui présent dans son quartier clanique, situé entre les quartiers Chikara et Uzumaki. Un lieu qui convenait particulièrement au supposé balafré, mais ses enquêtes avaient besoin d’être approfondies. Ils avaient tout reprit, depuis le commencement de la troisième république et mettait en parallèle les événements liés ou pouvant être liés. Les coïncidences n’existaient pas, seul des causes et des effets permettaient d’expliquer des enchainements de faits.

        Il avait signé de nombreuses décharges pour emprunt d’archive. La police avait des règles, et le quarantenaire ne pouvait tous les contourner. Celles administratives étaient obligatoires, mais les rapports sur terrain étaient facilement falsifiables. Keisan en avait déjà eut recours pour garder sous contrôle quelques situations lorsqu’il patrouillait dans les secteurs claniques, avec un peu de chantage. Promettre un rapport plus dure que la réalité, ou amoindrit, en fonction de l’évolution de la situation était une technique fonctionnant bien. Le chantage était une arme terrible contre les délits.

        Aujourd’hui, il venait rendre ses dossiers. Le barbu avait conclus plusieurs choses sur ces dernières années, mais une zone d’ombre venait toujours se glisser. Une enquête interne à Konoha ne suffisait parfois pas toujours. Dans certains cas, il fallait prendre en compte les événements externes au village, compliquant indéniablement l’avancé de l’étude. Il était loin d’en avoir fini. Remontant les escaliers, il pénétrait dans une pièce qui n’était nulle autre que la salle de repos. Se servant un café bien serré qui remonterait son taux d’énergie, l’ex-mercenaire entendait toquer.


        Finissant de remplir son simple mais imposant gobelet, le Kitto se retournait verre à la main avant de réaliser qu’il s’agissait de Kazami qui se tenait devant lui. Un peu désarmé face à la situation, un instant indécis parcourait l’homme. Hésitant aux mots à dire au bras droit de l’Hokage avec laquelle il avait déjà eut plusieurs différents, il hésitait entre proposer un café ou demander si elle s’était perdue. Ne savant sur quoi enchaîner, Keisan saluait simplement sa supérieure indirecte :

Une voix l'invita à entrer, ce qu'elle fit. Elle découvrit alors une personne qu'elle ne portait pas dans son coeur : Keisan Kitto. Un vieux ninja persuadé que sa philosophie devait être imposée à tout le monde, un ninja sans respect ni loi, bref, à l'opposé de la belle rouquine.

Haussant légèrement les sourcils face à la surprise, elle marqua un temps d'arrêt. Puis finalement elle s'avança, s'assit sur la chaise proche du bureau et fit :



Elle tourna alors son regard vers lui et lança :



Son ton insultant était probablement une vieille rancoeur, c'était sûrement sortit bien plus vite qu'elle ne l'avait pensé mais refusa de retirer ses phrases.

        Un malaise se dégageait entre les deux ninjas, par leurs simples présences. Le temps s’était arrêté et chacun s’observait, chacun se demandait du comportement à avoir. L’aura était électrique, et cela devenait une habitude que d’attendre le premier faux pas. Keisan avait opté pour une approche très indirecte, il évitait tout bonnement de s’adresser à elle. Vouvoiement. Tutoiement. Un fameux dilemme pour un homme que de s’adresser a sa supérieure qui pourrait être son enfant, mais avec laquelle de nombreux conflits naissaient. La bras droit du Hokage répondait à cette question. Le vouvoiement était de rigueur, comme a chacun des commencements de leurs rencontres.

        Kazami savait ce qu’elle recherchait. Le barbu se disait qu’au moins il pourrait la rediriger ailleurs assez facilement, avant d’être piqué au vif... Cette fois, c’était le sourcil de l’ex-mercenaire qui dressait des poils. A cet effet, il y avait deux causes. La première, la notion de « vraie » enquête l’intéressait, ainsi que de sa nature puisque la rousse était soucieuse de la discrétion de son employeur. Cette idée le faisait rire intérieurement. Cela lui rappelait la signature des contrats durant son temps de mercenariat. Le climat lui semblait identique, dégageant la même ambiance, la même adrénaline.

        La seconde, le ton et la remise en cause de ses capacités déplaisait au Kitto. Plus encore, c’était le fait de dissimiler des basasses sous la protection d’une politesse apparente qui l’agaçait cruellement. Keisan avait vécu en dehors des murs de Konoha bien plus longtemps qu’il n’avait vécu dedans. S’il paraissait faire preuve d’impolitesse et d’irrespect, c’était simplement car il ne se donnait pas la peine de faire valoir toutes les mimiques des bienséances. Les mots restaient des mots, et même s’ils peuvaientt être forts, ils trouvaient leurs réelles significations dans les actes qui les accompagnaient. Le barbu se préférait homme d’action.

        Ses yeux, fatigués par les nombreuses recherches et rondes qu’il effectuait prouvait cette vérité. Il ne faisait guère attention aux horaires et son tour de garde, son organisme commençait à être détraqué et la faim et le sommeil se déréglaient de plus en plus. Apportant son énorme gobelet de café à ses lèvres, il profitait de la fumée si chaude et réconfortante pour son visage évincé, avant de siphonner le liquide. N’ayant pas assez de force pour oser tenir tête à la bras droit du Hokage, il lui adressait simplement un regard aux vaisseaux explosés, et aux paupières lourdes.

Elle observa la pièce. Plutôt petite, était-ce le plus petit bureau de la section ? Kazami n'en savait rien, mais elle n'imaginait pas Keisan comme quelqu'un de haut gradé à Eda.



Kazami avait une idée bien précise en tête. Comme toujours, tout était prévu avec elle. Elle n'aimait guerre se lancer dans quelque chose sans but, sans plan. La rouquine interrogea alors l'homme du regard, comptait-il la faire patienter combien de temps ?

        Le ton accusateur de la belle rousse quant à ses capacités de détectives perturbait Keisan, a nouveau. Cette fois, pas pour la remise en cause de ses compétences, mais plutôt pour ce qui semblait être une demande, très indirecte. Le bras droit du Hokage ne pouvait-il pas se dégoter un membre de l’Eda quand il le souhaitait ? Le barbu ne trouvait qu’une seule explication. L’enquête sortait des sentiers battus, et quoi de mieux d’un élément lui-même en dehors des accoutumes pour gérer une telle histoire ? Le quarantenaire écoutait la femme. Ses paroles sonnaient encore vides, prudentes, sur une défensive extrêmes. Cela devait être d’une importance affreuse. L’ex-mercenaire plongeait son regarde calme et perçant dans celui de Kazami. L’interrogation luisait dans les yeux de la demoiselle.


        Keisan n’était pas chef de la section Eda. Lui demander un membre pour effectuer une requête n’était en rien logique. Kazami demandait de lui confier une affaire. Elle le faisait simplement à sa manière étant donner de la relation accidentée qu’entretenaient l’homme et la femme.


        La pensée quant à un probable test traversait l’esprit de l’ex-mercenaire. L’Uzumaki avait-elle prévu cette scène de A a Z ? La curiosité du borgne s’éveillait.

Keisan posa ses yeux perçants dans ceux de la rouquine qui ne vacilla pas. Lorsqu'il eut finit, elle fit :



Kazami leva les yeux au ciel. Cette conversation commençait à l'agacer. S'il voulait continuer à parler de sous-entendu, qu'il le fasse mais Kazami allait y aller directement :



Elle posa son regard, simple, net, sur les yeux de Keisan.

        A la prise de parole de la belle rousse, l’ex-mercenaire souriait, marquant très légèrement son visage d’une pointe amusée. Le Kitto ne s’était qu’adapté a son interlocutrice qui elle-même avait retardé le sujet le plus longtemps possible. Leur discussion n’était pas engagée. Néanmoins lorsque le bras droit reprit la parole après un regard en l’air provocateur et empli d’ennuis, Keisan repérait un tournant dans leurs échanges. Du moins, superficiellement. Les paroles de Kazami ne dégageait aucune assurance, fait relativement contraire a l’accoutume pour être considéré comme important. Le borgne restait accrocher aux séduisantes lèvres rouges de la femme. Lorsqu’elle eut fini, il bu à nouveau le liquide noir à la caféine.


        En se remémorant la partie ainsi que l’échange d’idéaux et de mot, l’ex-mercenaire terminait sa phrase étouffé par une certaine joie. L’anecdote comique avait été utilisée en argument, et Keisan ne savait pas lui-même ce qui l’amusait. Rappeler à Kazami son existence, ou penser au si amical Kitto Seijuro.


        Le Kitto ne pouvait pas espérer meilleure mission venant du bras droit de l’Hokage. Celle-ci s’inscrivait parfaitement dans ses travaux personnels. Cependant, plusieurs questions brûlaient la langue de l’ancien vagabond, mais il se décidait a n’en poser qu’une seule :

Un jeu ? Cet homme prenait sa vie de ninja pour un jeu ? Qu'y avait-il d'amusant ? En avait-il quelque chose à faire de ses responsabilité, de son honneur ? Cela dégoûtait un peu la jeune femme loyale qu'était Kazami. Elle retenu une grimace de dégoût et ne fit aucune remarque : elle n'avait pas de temps à perdre de rentrer dans un duel sans fin avec ce chunin aigris qui n'avait probablement aucune famille près à écouter toutes les bêtises qu'il débitait.



Il lui demanda alors s'il pouvait lui poser des questions. La première réponse -dans son esprit- fut un non clair et net, elle avait autre chose à faire que de répondre à des questions probablement sans intérêt de la part de cet homme. Mais elle retenu ses paroles et fit finalement :



Ce qui constituait un réel effort de la part de la junin. Elle avait une place de bras droit à tenir à présent et clairement elle ne pouvait se permettre d'ignorer un des konoha-jins de cette façon.

        L’ex-mercenaire souhaitait en découvrir plus sur le bras droit du Hokage. La jeune femme ne semblait pas savoir de quoi voulait-il parler. Pourtant, ces questions étaient reliés a la discussion qu’ils venaient d’avoir. Du moins, pour la plupart. Il ne voulait être trop brutal dans sa dérivation progressive :


        Il attendait la réponse de Kazami, avant d’enchaîner sans laisser de temps mort, piégeant le temps et l’attention de la jeune femme :


        Sa question était évasive, mais collait avec la scène. Il venait de recevoir une mission d’une haute importance, et leurs relations n’avait pas été une barrière suffisante pour la distribuer a une autre personne. Il devait y avoir des raisons. Et Keisan voulait les connaître.

Keisan semblait commencer son interrogatoire dès à présent. Kazami souleva un sourcil. Qu'attendait-il comme réponse ? Pensait-il vraiment qu'elle allait déclarer sa non-confiance en ce clan ? Pensait-il qu'elle était stupide ?



Elle haussa les sourcils avec un léger sourire en coin puis se leva. Elle se mis à faire les cent pas dans la pièce tout en expliquant :



Elle lui jeta un coup oeil pour le mettre au défit de cette mission risquée.

        Quel vilain mensonge pensait le quarantenaire. Non seulement, Kazami était venu le voir pour demander si un membre de l’Eda avait l’étoffe nécessaire pour une enquête. Mais il était également persuadé qu’elle n’en avait jamais rien demandé à Uzumaki Taram. Keisan trouvait cela important. D’autant plus que la belle rousse parlait de la destituer pour mettre le barbu a la tête de la section. Kazami souhaitait s’en débarrasser a ce point ? Quels genres de relation entretenaient la chef de section Eda et le bras droit de l’Hokage. Une rivalité ? Une adversité ? Uzumaki Taram se matérialisait comme une gêne dans l’esprit de l’ex-mercenaire, et il voulait savoir en quoi. Cette réponse n’aurait pas sa réponse aujourd’hui, mais il s’y pencherait.

        Le discours qu’elle tenait sur Konoha rassurait néanmoins Keisan. Il était vrai qu’au final, la belle femme avait choisi un shinobi neutre dans ce conflit. Leurs visions, pour la première fois, semblaient s’approcher lorsqu’elle se qualifiait de gardienne de la paix. Leurs méthodes étaient ô combien différentes par leurs êtres si différents. Il était étrange que cependant, la quarantenaire se projette vingt années en arrière et se voit en Kazami. Elle semblait résolue en ce qu’elle pensait et prête à tout pour le défendre. Même si leurs pensées divergeaient…

        Ce fut sa seule réponse face à toute l’énergie de la tirade de l’Uzumaki. Trop économe et radin, peut-être. Keisan se dirigeait vers la porte pour l’entrouvrir, signant la fin de l’échange. Pourtant, il relançait une dernière fois.


        Il attendait une réaction de la kunoichi. Si elle ne répondait pas, il se contentait d’un :