Le retour [ouvert]

        Il était venu. Il avait vu. Et il s'était pété les dents contre les jointures d'une jolie demoiselle.

        Tous s'entendaient pour dire que la jeune Kaguya n'avait pas été élevée dans la soie, plutôt dans la limaille de fer. Brute, grossière et stupide, cette guerrière au tempérament explosif n'était pas la plus douée, mais la plus coriace, ô ça oui.

        Depuis la désertion de son ancienne partenaire, cette jeune fleur aux épines bien prononcées n'avait fait qu'une chose : s'entraîner, s'entraîner et... se faire des beautés. Plus adroite, plus puissante, elle maîtrisait désormais mieux sa technique au sabre. Elle s'était d'ailleurs équipée d'une lame. Celle-ci, quoique abimée, n'avait d'utilité que de déchirer les chairs.

        Cependant, malgré toute sa force de caractère, la belle avait un défaut ; elle enviait ces femmes qui parvenaient à charmer les jolis garçons. Ainsi, elle avait jalousée son ancienne camarade, celle qu'elle surnommait affectueusement « planche-de-bois », pour sa confiance en elle. Car derrière le roc de sa beauté, se cachait une tendre pousse encore incertaine de ses qualités.

        Enfin... Ainsi recommençait la légende d'Aohime, le princesse au gros nénés !

Adossé à un mur dans une pose plutôt classe, le scientifique se faisait remarqué de son ancienne élève par une bien quelconque formule de politesse.



Il attendait de retenir son attention, enfonçait les lunettes sur son nez à l'aide son index et se détachait du mur avant de marcher en direction de la jeune Kaguya.



Il avait maintenu un ton neutre, bien qu'ironique, mais son air mystérieux avait soudainement disparu de son visage. Oui, il venait de charrier son ancienne élève au tempérament de feu. Il avait donc lui aussi changer un peu. Il n'était plus tout à fait l'homme de l'ombre, discret et effacé. Il avait prit de l'assurance en même temps qu'il avait prit de l'importance dans le village. Notamment grâce au Mizukage.

        Etsu fit sursauter la princesse bleue. D'un bond complètement loufoque, la belle fit volte-face et se mit en garde, la lame faussement sorti de son étui, dans son dos, et le pied levé en position martiale tremblotante. Lorsqu'elle reconnu le scientifique, aussitôt, elle changea d'air.



        Comme pour illustrer son point, la belle serra sa grosse poitrine entre ses bras et sortit les lèvres. Mais Etsu répliqua, neutre, ce qui déstabilisa la genin... le temps qu'elle comprenne l'insulte !





        Tout de même, Aohime prit un moment pour y penser. Puis, comprenant bien que cela n'était pas possible, elle se mit à glousser.
        Son attention revint sur Etsu.



        Son gloussement se transforma en petit rire narquois. Elle le savait, Etsu en avait toujours pincé pour elle.

Le scientifique était un peu déçu... Aohime semblait inchangée. Pas physiquement - car il était évident que sa poitrine avait encore gonflée - mais mentalement.



Etsu réfléchissait à voix haute.



Le sensei pouvait paraître dur avec son ancienne élève, mais son intention n'était autre que de tester sa réaction. Allait-elle s'emporter sans attendre - comme elle l'aurait probablement fait par le passé - ou allait-elle se montrer plus mature et prendre du recul ? Sans cette dernière qualité, son élève ne deviendrait jamais chuunin... Et son enseignement aurait été un échec.

        Elle écouta les compliments du binoclard puis d'un hochement de la tête, Aohime approuva tous ces dires. Puis elle secoua la tête vivement. Attends... j'suis plus belle ou pas ? se questionna la genin, en réponse aux faits qu'établissait Etsu... Puis il parla de combat, ce qui émerveilla son regard. Le belle pointa alors du doigt son ancien sensei et d'un ton de défi, lui lança :



        Elle recula, se mettant en garde. Elle tenait son sabre d'une seule main, mais tout de suite, l'on voyait qu'elle avait perdu toutes ces ouvertures d'autrefois. Aohime n'avait peut-être pas changé socialement, mais l'entraînement avait porté ses fruits.

Ça faisait un moment qu'Etsu avait envie de se tester en matière de combat. Ce n'était pas du tout sa spécialité, mais il avait malgré tout quelques compétences. Après tout, il avait lui aussi connu les bancs de l'académie ninja. Aohime n'était pas très maligne, il serait probablement assez facile de la battre.. Etsu gagnerait ainsi davantage confiance en lui, et peut-être qu'il pourrait partir en quête d'un meilleurs adversaire. Devant l'invitation de son élève, il remontait ses manches et redressait une nouvelle fois ses lunettes. Puis il composait une série de mudras :



Il disposait désormais d'un sabre lui aussi. Il se positionnait en garde et attendait que son ancienne élève fasse quelque chose de stupide avant de mettre un terme à ce combat en deux temps trois mouvements.

        Aohime eut le sourire, voyant que son ancien maître décidait de montrer ce qu'il savait faire. Il était vrai qu'elle ne l'avait jamais vu combattre ! Peut-être lui réservait-il une surprise... Tant qu'il se comportait en gentleman, et qu'il ne tentait pas de la toucher comme Bakura aimait faire, tout se passerait bien. Pour lui. Aohime ne lui briserait pas les lunettes. Et le nez. Et la tête. Bref.



        Aohime recula le pied gauche, afin de se propulser de la droite. Elle se mit en garde lentement, puis releva subitement la tête ! Soudain, elle s'élançait !



        Aohime n'avait jamais réussi à se départir de sa manie des cris de guerre... Pourtant, ce n'était plus une gamine sans cervelle qui fonçait tête baissée. Son trajet fut d'abord rectiligne, puis lorsqu'elle arriva à distance sécuritaire d'Etsu, elle bifurqua soudainement sur le droite. De là, elle balança un grand coup de lame, de dos à chuunin. Sa lame ne demandait qu'à mordre une chair tendre !

Etsu souriait intérieurement. La gamine n'avait pas changé d'un pouce ! Des hurlements. Des coups prévisibles. Décidément son attaque était sans surprise. Le scientifique s'attendait à ce que ce soit facile, mais pas à ce point ! Il espérait qu'elle ait quand même progressé.. Et au dernier moment, alors qu'il se tenait prêt à parer la lame d'une facilité déconcertante, Aohime fit quelque chose de totalement imprévisible : Elle bondit sur la droite de l'homme à lunettes avant de l'attaquer. Surpris - voir choqué - par la feinte de son élève, il mit du temps à réagir. Il essayait tout de même de se tourner pour rester face à elle et esquiver, mais il s'était laissé avoir comme un bleu. Et maintenant, c'était trop tard... Il avait à peine eu le temps d'amortir le coup d'Aohime ; Son flanc était plus que touché. Le sang s'était répandu rapidement sur sa blouse blanche. Sûrement une chance qu'elle ne l'ait pas coupée en deux ... Il constatait sa plaie et positionnait sa main machinalement dessus...



Il devait se soigner maintenant, il ne pouvait pas poursuivre le combat.

        Aohime resta béate. Elle avait défait Etsu si rapidement... L'avait-il sous-estimé ? Où était-il réellement mauvais ? Peut-être que ses lunettes s'étaient embuées ?



        Puis la princesse éclata d'un rire machiavélique. Ainsi était la force de son ancien professeur ? Elle qui l'avait cru puissant, son entraînement avait donc réellement porté ses fruits ! Elle se pavana, bombant le torse pour exhiber encore plus ses arguments. Elle planta son sabre devant elle, s'appuyant légèrement vers l'avant. La trouvait-il belle ?

Etsu restait plusieurs secondes abasourdi. Il était sous le choc de son échec. Il se sentait même un peu humilié. Certes, il n'avait jamais été un grand combattant, mais Aohime n'était pas une ninja des plus puissantes... Et il avait été forcé d'abandonner après la première action de la jeune femme. La honte ! Sans vraiment écouter la teneur des propos d'Aohime (il avait simplement compris qu'elle se moquait de lui en riant à plein poumons), il rétorquait avec un brin de colère dans la voix :



Il jetait un nouveau regard sur sa blessure.



Et puis il s'en allait sans rien ajouter de plus. La situation était déjà suffisamment gênante comme ça.