Shizuka avait toujours été pour la vipère un objet de désir, au même titre que Masashi. Mais si le Raikage était d'avantage un objectif, un roi qu'il fallait détrôner qui le charmait tant qu'il le terrifiait, Shizuka, elle, était plus du domaine du mystère. Car chaque fois que le fils de Chihiro plongeait ses yeux dans les siens — action qu'il s'évitait habituellement de faire — il ressentait une émotion étrange et contraire à l'être qu'il était : un être mal-aimé et égoïste. Et Raiko n'était pas dupe, il savait comment il pouvait à la fois susciter chez Shizuka-dono à la fois le dégoût et la... compassion ?
La vipère était quelque peu déstabilisé, silencieux devant la première femme Hattori. Il était vrai que le bellâtre n'avait pas encore repris toutes ses couleurs, et les dernièrs événements s'étaient enchaînés si vite qu'il n'était pas parvenu à prendre une pause. Peut-être que cette entrevue le lui permettrait...
« Shizuka-dono, je vous remercie de vous inquiétez. S'il était prévisible que l'Okasan nous quitte, je ne pensais pas qu'elle succomberait réellement à la maladie. Je l'avais toujours cru forte et... immortelle. »
Sa voix était devenue grave, car triste. Mais cette même tristesse qui l'avait tant ravagée un peu avant les funérailles, il avait appris à composer avec. Désormais, elle le rendait plus fort. Plus malin. Elle avait aiguisée ses sens, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Peut-être que Chihiro l'avait toujours contenu dans un carcan de fils et qu'aujourd'hui, il se laissait réellement aller !
Ciel, voilà qu'il se mettait à parler comme Genichi...
« Mais vous, Shizuka-dono, comment fut l'accouchement ? Avons-nous là une future reine pour le petit Rin-sama ? »
« Je suis désolé qu'Asae-chan ne puisse être là pour vous féliciter en personne... »
Raiko eut un moment de silence. Par habitude, il n'aurait pas osé exprimer un tel commentaire, mais face à Shizuka...
Des émotions étranges et contradictoires.