Tout en cet homme était déconcertant, j'arborais son jeu et pénétrais dedans les pieds joints. Je me laissais enjoué par son regard et rentrait dans sa danse sans aucune honte. Malheureusement même si je tentais de m'enfuir j'étais déjà étreint de cet homme, il m'avait en tenaille et lâcher n'était sûrement pas dans son vocabulaire pourtant déjà assez riche.
D'un doigt farceur je titillais ma tasse et la faisait jouer d'un bruit agaçant, je n'avais pas été très bien éduqué, on ne m'avait pas appris à me tenir, mais ici, je prenais un malin plaisir à : à la fois me forcer de paraître le plus courtois possible mais aussi laisser surgir quelques-unes de mes chimères et les laisser prendre possession de moi.
Il ne cessait de me poser des questions, il m'assaillait de question, oui m'assaillait, c'était bel et bien ici un combat qui se déroulait, mais j'étais jeune et bien trop immature afin de pouvoir m'en sortir à un simple jeu de manipulation, d'identification et surtout de bienséances. En effet on m'avait beaucoup à entraîner à ceci durant mon enfance, mais lui était à un tout autre niveau. Un sourire se dessina pourtant sur mon visage et plissa mes yeux avant de l'assaillir à mon tour de quelques plaidoiries :
« Connaissance est depuis la nuit des temps une arme que les philosophes ainsi que les généraux utilisent afin de vaincre leurs adversaires. Loin de moi l'idée de vous combattre, je n'oserais pas telle chose, mais pourtant ma raison me dicte de vous connaître, de posséder une telle arme. »
J'attendais quelques secondes et scrutait son visage qui ne laissait transgresser aucune émotion. Il était froid, si froid que mon visage qui était très souvent plus froid que neige paraissait être un volcan en éruption en comparaison. Pourtant une idée me vint :
« Mais ne me redouteriez-vous pas ? *cette phrase fut moins forte que les autres comme si je me posais une question rhétorique malgré qu'elle ne soit clairement adressé à mon interlocuteur sans pourtant demander de réponse. Sinon, en parlant de connaissance, si vous commenciez par me donner votre prénom. »
L'idée était bonne, faire une entrée douce, comme avec une jolie demoiselle, pour ensuite tenter sa chance d'en savoir plus.