Le borgne et la sainte.

Journée pluvieuse, comme la plupart du temps. Un temps pareil c'est un peu la routine à Kiri, le village militaire principal du pays de l'eau. Mais l'heure n'est pas à la discution de la pluie ou du beau temps, à dire vrai aujourd'hui mon objectif était de m'exercer au peaufinage de mon art. En effet, d'après mon père je suis encore beaucoup trop '' faiblard '' , je devrais prendre exemple sur lui, qu'il me répète à longueur de journée... Et pourtant, il est lui même récuremment surnomé au sein du clan '' le faible ''. Alalah, j'ai vraiment le don de m'égarer.



Les région cotière de Kiri, tôt le matin il y est visible un levé de soleil éblouissant, mais lorsqu'il est question d'affronter un temps monotone tel quel, le ciel y est déchiré par une pluie envahissante bien que légère, l'horizon, est quand a lui masqué par l'épaise brume maîtresses des lieux. L'endroit y est désert et spacieux, l'idéal pour s'entraîner sans encombre.



J'entamais tout d'abord une séance de musculation, composé d'une centaine de pompes, d'abdos puis course d'endurance, suite à quoi j'enchaînais une méditation ayant pour but de renforcer le contrôle de mon chakra. Toutefois, discret, accompagné d'un pas gracieux, ce qui semblait être un inconnu s'approchait, lentement.

La nouvelle pluie était le signe d'un changement à venir, et pourtant elle n'avait rien de différent des précédentes. Peut-être était-ce lié à la rencontre nouvelle qu'elle avait pu faire ? Peut-être était-ce lié au climat lui-même qui instaure à de rares occasions des prises de décision. Une douceur, une chaleur... Des pluies à l'image de la nature s'ébranlant dans une tristesse de constat... En sa toute grandeur, c'était ce ciel même qui déversait les larmes de son corps à la vue du peuple qui compose son support. Depuis trop longtemps et pour trop longtemps encore, le village de Kiri demeurera le témoin de cette triste désolation.

Sani marchait en accord avec cette mélancolie naturelle tapissant le ciel, un lit blanc obscurcissant les terres, lorsqu'elle croisa cette homme qui ne tarda pas à lui adresser un mépris impropre et indigne. Elle le connaissait... C'était un Kaguya, dont on disait du père qu'il n'était que le reflet de l'ombre du clan. Elle ne pouvait juger du paternel, mais à en voir les propos du fils, il ne méritait peut-être pas vraiment plus de considération.



C'était une réaction de surprise... Etait-ce bien à elle que ce jeune impétueux s'était adressé ?

Comment ? Une petite fille. Kaguya qui plus est. Me mentirait-elle ? Pourtant, ses cheveux nacrés étaient présents afin de rappeler l'origine de notre clan, toutefois, ce contraste qui, très souvent a pour habitude de conférer cet air farouche et violent aux membres du clan Kaguya était ici surplombé d'une innocence naïve, enrichie de ses grands yeux bleus plongeant quiconque oserait s'y perdre, dans une sorte de bienfaisance inexplicable. Paradoxalement, j'étais partagé entre la haine dont j'ai pour habitude d'éprouver envers quiconque oserait pénétrer brusquement, dans la zone d'intimité que j'ai développé au fil du temps mais également entre un sentiment de sérénité flegmatique.



Que l'on m'explique comment une enfant si innocente pouvait-elle faire partie d'un clan regroupant d'atroces combattants comme le notre. Une individu telle qu'elle, incapable d'aligner une phrase sans bégayer, les bras ballants, alors inconsciente qu'elle était en train de faire face au tyran que je suis. En ce monde, il est impossible de bénéficier d'une quelconque confiance envers qui que ce soit, et pourtant, avec elle, c'était différent, contradictoirement, tout nous oppose.

Sérieusement ? Qui était-il pour se permettre de juger le clan Kaguya ainsi ? Ne connaissait-il donc rien de rien au clan ? Des barbares sans foi ni loi... Uniquement des brutes épaisses... Mais, où avait-il pu croire ces fables tirées d'une ère ancienne ? Il tenta de s'adoucir tout en gardant cet aspect et ce ton insolent, arrogant, parfois brutal même. Il était donc ce genre d'homme, ne jugeant que sur des stigmates et sur l'apparence première des gens ? Elle était une Kaguya à l'apparence et à la force morale très ténue... Mais elle n'était pas non plus cette femme que l'on pouvait médisait aussi rapidement. Ses yeux se renforcèrent, son regard se durcit. Il n'était pas question de laisser un outrage pareil, tant sur le plan clanique que sur le plan individuel, tel quel.



Elle avait cessé de bafouer. C'était peut-être la première fois qu'elle parvenait à exprimer un peu sa colère. Etait-ce le premier pas de son évolution ? Ou était-ce parce qu'un Kaguya faisait preuve d'une immaturité profonde ? Il était bien plus grand, et devait certainement plus impressionner. Mais ce n'est pas à la carure que l'on doit se fier au talent d'un shinobi. C'était une leçon qu'il allait apprendre aujourd'hui.



Oui définitivement, elle n'était pas de la même douceur qu'à son habitude... La présence de Bakura devait impacter... Que penserait le Mizukage d'une querelle dans l'enceinte du village ? Cette question, elle ne se la posa pas dans l'immédiat... Les conséquences retentirait plus tard.

Un sourire hilare s’esquissait sur le visage d'Oryuto, certainement dû à l'attitude mécontente, tantôt exprimée par ce petit bout de femme, auquel il faisait face. Mine de rien, les paroles abrupt de la jeune fille venait de remuer psychologiquement le Kaguya, ramenant ce dernier à la raison. Sans doute avait-il eu tort de placer si rapidement sa confiance en cette personne, probablement s'était-il trompé sur son compte. Assis sur le sable fin, salis et trempé par la pluie s'intensifiant, submergeant peu à peu l'endroit. Il s'appuyait sur son genou, afin de se lever et commençait à s'approcher, lentement, mais d'une manière particulièrement agressive de Sani. Brusquement, il leva son bras en direction du ciel, avant de l'abaisser avec délicatesse sur l'épaule de la demoiselle.



Les souvenirs douloureux d'antant resurgissent. Quoi qu'il en soit, Sani demeurait la première et unique personne à qui Oryuto avait osé dévoiler l'une de ses nombreuses part d'ombre. Bien que la rencontre fut brève, une chose est sûre, ce fut un déclic pour le Kaguya. Alors qu'il s'en allait, sa silhouette s’enveloppait dans la brume et s'effaçait au gré de ses pas. Jusqu'à finalement, disparaître.

Tout les oppose et pourtant, au fin fond de son regard, Oryutomojakin aurait cru entrevoir, similairement à lui, un infime soupçon de rancœur. Cependant, peut-être se trompait-il.

La scène qui venait de se passer était étrange... Les deux protagonistes de ce moment venait de dénaturer leur propre personnalité en quelques instants sous la simple présence de la seconde âme... Sani s'était prise d'un accès de colère, tandis que Oryutomojakin, lui, s'était vivement rabaissé, tout en confiant quelques traces d'un passé douloureux. La main posée sur l'épaule de Sani, cette dernière la repoussa.



Sani s'était soudainement radoucit, elle ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer dans son intérieur...



Elle détourna également son chemin, tandis que son comparse semblait s'éloigner. Sani murmura quelques mots, dans la résonance de la brume.