Si Raito était bien loin de la scène qui se jouait ce jour-là, on ne pouvait en dire autant de notre fantôme poussiéreux préféré. Ce dernier, confortablement installé en compagnie de ses aïeux, regardait et suivait la vie que menait Konoha comme un feuilleton à la fois ennuyeux et captivant. Parfois, il ne s'y passait rien. Et parfois, on tombait sur un épisode ahurissant, bourré de révélations et d'actions. Comme aujourd'hui.
Bien en contrebas, marchait une fille répondant au nom d'Hana. Ah, Hana. Elle était à elle seule une étrange alchimie entre la fille à papa studieuse et l'adulte libre et dévergondée tout droit sortie d'un téléfilm de dimanche après midi. Ceux qui ne craquaient pas devant sa fripouille d'enfant sage, ses grands yeux de biche et sa petite frange droite ne pouvaient résister à ses jupes indéniablement trop courtes ou trop légères, son chemisier serré ou ses jambes de gazelle. Certains allaient même jusqu'à parler d'elle comme de l'idéal féminin mais ils n'y connaissaient rien. Sous cette plastique de rêve se cachait un cerveau malade, très malade. Hystérie, violences, preuves de sadisme et j'en passe, la jeune femme est à la fois une garce rusée et un tank de guerre duquel il vaut mieux essayer de ne pas s'approcher.
Mais passons. Trop de descriptions ne serviront à rien pour le moment. Place à l'action.
Un bouquet de fleurs à la main, la donzelle se dandinait d'un pas assuré jusqu'au temple des prières de Konoha pour s'y recueillir, comme le voulaient les traditions de sa famille. Bien qu'elle n'y ai jamais trouvé un quelconque intérêt, la belle Hana du se plier aux ordres de son Padre et, une fois par an, elle se rendait à l'autel pour fermer les yeux quelques minutes, le temps de réfléchir à la prochaine boutique de vêtements qu'elle irait dévaliser le jour même. « Avec la bénédiction du seigneur! »
Une fois les marches passées, la demoiselle dut reprendre son souffle un instant. Elle n'avait jamais été très endurante et avait pour excuse de dire que, avec des melons pareils, ses poumons avaient une excuse pour être bien moins performants. Une repartie idiote mais qui mettait en avant sa poitrine pourtant par tant avantageuse. C'est à ce moment-là qu'elle l'aperçut, lui. Priant son seigneur pour on ne sait trop quelle raison absurde. Il avait l'air d'y croire en plus, le pauvre. Elle ricanait bien narquoisement sans pour autant détacher son regard de ce type étrange. Elle ne l'avait encore jamais vu à Konoha, à moins qu'elle n'y est juste jamais prêté attention. Il faut dire qu'un gringalet pareil n'attirait pas l'oeil ! Elle ricana une seconde fois avant d'aller déposer ses fleurs d'une démarche provocatrice.
Personne ne saurait trop dire si ce fut la cause du destin ou une punition pour ces innombrables provocations mais ce qui se déroula ce jour-là et, je vous assure, la vérité pure. Cela commença par un fort vent qui fit battre les pans de sa jupe sur ses cuisses et décoiffer sa pauvre frange. Elle jura voir un orage violacé traverser le ciel avant de pousser un cri d'effroi. Tout lui tournait, elle en avait la nausée. Ses yeux se brouillèrent et un son strident lui agressa les tympans. N'y comprenant rien, elle se dirigea instinctivement vers la seule âme humaine présente sur les lieux et lui agrippa l'épaule pour le forcer à la regarder.
Elle n'eut pas le temps de dire autre chose qu'un nouvel éclair rose s'écrasa sur elle et, par extension, sur le malheureux innocent qui n'y était pour rien dans toute cette histoire.