Cachot de Kumo, Village de Kumo, Présent.
Un lion des mers en cage. Un bruit de chaîne s’entre-choquante. Un grognement roque. Un hurlement. Une porte métallique, grinçante, qui se ferme de manière forte
et appuyée. Puis le silence. Une calme éphémère perturbé par une goutte d'eau s'écrasante contre le sol. Puis, d'autres sons. Ceux des autres prisonniers commençant à bouger, à crier. Ceux des gardes, se levant afin de calmer les prisonniers trop expressifs. Des cris de colère, de douleurs, d'agonie. Une vie dans les cachots de Kumo. Cette vie, Mesaki l'avait expérimenté depuis la défaite de Kiri face à Kumo. Et, depuis son match contre le Kaguya, rien n'avait changé. Evidemment, l'homme-poisson n'avait pas été stupide au point de croire que ses conditions de vie se seraient améliorés après sa victoire dans l'arène mais, il avait espéré ne pas retourner dans les Cachots de Kumo. Ne pas retourner avec les autres Kirijin. Pour lui, l'affrontement dans l'arène avait marqué une fracture net entre lui et son "Village d'adoption". Il n'était pas Kirijin et ne l'avait sans doute jamais été et, retourné parmi eux n'était rien d'autre qu'une tromperie à ses yeux. Il avait imaginé qu'après cette victoire dans l'arène, il serait transféré dans la prison de l'arène. Il avait cru, durant quelques temps, qu'il deviendrait une sorte de combattant servant à divertir les foules de Kumo. Cependant, cela ne semblait guère être le cas et l'homme-poisson ne savait qu'en penser.
Je ne suis rien dans ce Village.
Soudain, alors que Mesaki se demandait à quoi sa vie pourrait servir s'il ne devenait pas le combattant d'arène qu'il avait cru devenir, il entendit des bruits de pas se rapprocher de sa cage. Un des gardes de la prison se stationna alors devant sa cellule. Il décrocha un des flambeaux au mur et éclaira sa geôle. Un second homme, possédant une marque de brûlure au niveau de l’œil gauche, s'approcha alors et commença à scruter l'intérieur. Et, comme il pu s'y attendre, Mesaki vit l'expression de l'homme se transformer lorsqu'il prit conscience de ce qui se trouvait face à lui.
Il n'a donc jamais vu d'homme-poisson. Cet homme n'a ni combattu à Kumo, ni vu mon combat dans l'Arène. Il doit être un notable de cette belle ville.
« Je suis ... celui qui arrangera ta sale gueule, le brûlé. »
C'était reparti. La haine, vicariale, des humains reprenait le pas sur l'intellect de l'homme-poisson. Maintenant qu'il avait un défouloir à sa porté, il sentait toute la rancœur accumulé jusqu'alors vouloir ressortir.
Un véritable torrent.
« Et je ne serais le cadeau de personne. »